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Comment la Bible saisit-elle l’histoire ? (ACFEB)

Paris, Cerf, coll. Lectio Divina, 2007, 292 p.
Jean Lédion

Ce volume renferme les actes du XXIème congrès de l’Association catholique française pour l’étude de la Bible, congrès qui s’est tenu à Issy-les-Moulineaux en 2005. La préface, rédigée par le R. P. Jean-Michel Poffet, o.p., directeur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, salue le caractère courageux et constructif de l’entreprise : passer la Bible au crible des méthodes historiques modernes et montrer que cela n’est nullement une menace pour la foi. Et pour illustrer son propos, il cite une phrase du P. Lagrange, pionnier en la matière : « Si c’est son honneur d’être associée à la Révélation, la Bible ne perd en rien de sa dignité pour contenir moins d’histoire qu’on ne le croyait lorsque l’histoire était moins connue. »

Mais à vouloir écrire une histoire « rigoureuse », qui ne s’appuie que sur des documents à la fois irréfutables et qu’on peut recouper avec d’autres sources, on arrive à expulser de l’histoire une quantité d’éléments que l’on s’empresse de qualifier de légendaires, faute de preuves tangibles pour les historiens actuels. La lecture de ce livre ne peut que confirmer cette impression, sans doute ressentie par le commun des mortels, mais apparemment pas par les historiens ! Et, à ce rythme, on peut penser qu’on arrivera à conclure, dans quelques décennies, qu’il n’y a absolument aucun élément historique dans la Bible. Alors, seul le message théologique serait digne d’intérêt.

Cependant, la révélation chrétienne se situe dans l’« histoire », saint Augustin le réaffirmait déjà avec force contre les manichéens qui se voulaient d’un rationalisme rigoureux, alors que leur doctrine reposait sur des élucubrations. Un des participants à ce colloque, Christoph Theobald, a tout de même rappelé que « le christianisme ne peut s’identifier lui-même sans la référence à l’histoire : elle est présente dans son Symbole et ses représentations, dans sa pratique et sa pensée sous la forme de l’œconomia ; terme qui, jusque dans la constitution Dei Verbum de Vatican II désigne la Révélation de la Trinité au sein de l’histoire du salut » (p. 253).

Il faudra donc que tout lecteur de ce livre, et de toute étude exégétique en général, en soit bien conscient, en sachant par ailleurs que, si la théologie et l’histoire entretiennent entre elles des rapports complexes, elles ne vont pas l’une sans l’autre. Écrire une « histoire laïque » du christianisme, à la manière de J. A. Soggin (cité p. 257), c’est écrire l’histoire en évacuant l’une de ses composantes essentielles.

Jean Lédion, marié, trois enfants. Diplôme d’ingénieur, docteur d’État ès Sciences Physiques. Enseignant dans une école d’ingénieurs à Paris.

Réalisation : spyrit.net