Correspondance avec Sulpice Sévère (Paulin de Nole)

Le volume 102 de la collection des « Pères dans la foi » nous avait déjà fait goûter quelque chose de la correspondance de Paulin de Nole, et notamment quelques-unes de ses lettres à Sulpice Sévère (la Lettre au service du Verbe). Mais cette fois-ci, dans la collection « Sagesses chrétiennes » des éditions du Cerf, paraît un petit livre directement consacré à la correspondance des deux amis. Après une copieuse introduction qui s’efforce de débrouiller l’écheveau chronologique et de pallier les maillons manquants, c’est une traduction complète des treize lettres conservées qui nous est donnée. On trouve à la fin une chronologie des principaux événements qui marquent cette période tourmentée, avec l’arrivée des barbares et bientôt la fin de la romanité dans l’empire d’Occident, mais avec les heures encore brillantes d’une Église qu’illustre saint Ambroise, saint Augustin, saint Martin et bien d’autres (la mort de Martin en 397 a été omise, p. 251).

Paulin de Nole est un aristocrate et un poète de talent, qui avec son épouse a renoncé à la vie facile qu’ils menaient, et a voulu vivre dans la continence et la pauvreté pour le Christ ; bientôt ordonné prêtre, puis évêque, il s’est voué à orner le tombeau de saint Félix à Nole et à diffuser son culte. Il est au cœur d’un réseau serré d’amis, dont certains ne se sont jamais vus, mais qui correspondent et partagent leur foi, leur amour des Écritures, leur sollicitude pour les malheurs publics et privés.

Sulpice Sévère n’est rien moins que l’auteur de l’immortelle Vie de Martin qui a fait le tour du monde. Il y a entre les deux hommes bien des points communs : même culture très étendue, même foi ardente, avec son versant ascétique. Pourtant tout n’est pas toujours facile : Sévère résiste aux sollicitations de son ami qui voudrait l’amener à Nole, diverses incompréhensions surgissent, mais elles sont généralement surmontées par l’estime et la générosité des deux hommes.

On se lasse parfois du style universellement fleuri et recherché, mais on admire de belles trouvailles et surtout le ton chaleureux de l’ensemble.