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Éditorial

Résurrection

On va lire ici le texte des cinq conférences qui ont ponctué la journée du 18 novembre 2006, choisie pour marquer le Cinquantenaire de Résurrection, auxquelles s’ajoute l’intervention faite le lendemain par Son Excellence Mgr André Vingt-Trois, Archevêque de Paris, dans le cadre plus large de la journée réunie autour du mouvement « Résurrection » issu de la revue.

Il convenait que l’anniversaire d’une revue qui se veut de théologie et de culture chrétiennes soit l’occasion d’un Colloque auquel participèrent plusieurs générations d’anciens, à côté des actuels rédacteurs et toute une foule d’amis et de sympathisants venus pour l’occasion. Le thème retenu : « les enjeux d’une pensée chrétienne » laissait aux intervenants une assez large marge pour illustrer l’originalité de la démarche croyante dès lors qu’elle s’aventure dans les parages de la réflexion et du concept.

Mais au préalable, une communication nous était fournie par notre ami Luc Perrin sur la place de Résurrection au sein de l’histoire de l’Église dans ces cinquante dernières années. Ce fut pour beaucoup une découverte, tant le conférencier sut allier une information précise sur le contenu et l’évolution de la revue à une connaissance hors pair des débats et des tendances qui ont traversé l’Eglise de France dans ces années.

Luc Perrin avait été choisi parce qu’il n’avait jamais été personnellement mêlé à l’aventure de Résurrection. Ce n’était pas le cas des quatre autres intervenants du Colloque, qui tous, tant prêtres que laïcs, avaient exercé des responsabilités au sein du comité de rédaction. Rémi Brague d’abord, qui avait fait partie avec Jean Duchesne et Jean-Luc Marion de l’équipe qui avait « repris » la revue en 1967, est devenu entre temps un connaisseur de la philosophie médiévale, de la pensée arabe et du judaïsme, il nous entraîna donc au cœur d’un genre pour nous si difficile à imaginer : la disputatio, qui met face à face les « raisons » de deux adversaires, désireux de ne rendre les armes qu’à la seule Vérité. Nous y voyons l’appel à sortir des ghettos culturels et religieux où chacun a sa vérité et s’en contente.

Jean Chaunu, avec la fougue et la conviction du converti, nous fit assister au désastre qui menace d’engloutir notre mémoire collective, si les hommes de ce temps passent à côté d’un rapport sain à l’histoire. Il nous a montré de façon convaincante que le christianisme, parce qu’il est dans sa visée à la jointure du temps et de l’éternité, du particulier et de l’universel, du savoir et du croire, peut aider l’histoire à sortir de ses impasses. Reste à le faire.

Le P. Jean-Yves Lacoste, théologien « libre », mais désormais concepteur de cet instrument indispensable qu’est le Dictionnaire critique de Théologie (PUF), sembla nous entraîner sur des voies de traverse, à la suite de Mgr Charles, pour retrouver ce qu’avait été la quête intellectuelle de cet homme d’action, qui sut si bien lancer de jeunes intelligences dans les voies de la réflexion la plus théorique.

Le P. Laurent Sentis, lui, nous fit entendre le point de vue du théologien moraliste qu’il est devenu. Face à la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789, le chrétien se trouve confronté à des valeurs incontestables, mais qui se réclament d’une autre origine que la Révélation. Ignorer n’est pas possible, annexer purement et simplement est dangereux. Que reste-t-il au croyant sinon à discerner, au prix d’un effort supplémentaire d’intelligence, les principes d’un véritable respect de l’homme, créature de Dieu et promis à la Rédemption ?

L’intervention attendue de Mgr Vingt-Trois nous confirma dans la conviction de l’urgence d’un vrai travail de fond sur l’intelligence de la foi. Mais, en même temps, il nous mettait en garde contre le danger de penser en vase clos et de rejeter la « raison commune » qui commande l’échange d’idées dans le monde où nous vivons.

Ce numéro restera comme une balise sur la route. Loin de toute auto-célébration, il nous invite à l’action de grâces pour le chemin parcouru et nous dessine une tâche pour l’avenir.

Réalisation : spyrit.net