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Editorial

P. Michel Gitton

Ce qu’on va lire déborde largement le cadre des « Grandes Soirées de Résurrection » de 2003, dont certaines contributions avaient déjà servi à fournir la matière du numéro 102-103 de la Revue, intitulé Guerre et Paix I, et paru l’an dernier. Amplifié, retravaillé, enrichi de témoignages de premier ordre et d’un stimulant débat autour d’un livre récent, le thème de ce numéro a de quoi retenir l’attention des spécialistes et des non-spécialistes ; il fera date, sans aucun doute, dans la collection des numéros de Résurrection.

On sait que notre revue ne brille pas, dans l’ensemble, par son attention aux problèmes éthiques. Malgré le patronage de Mgr Charles, qui savait à l’occasion retrouver cette veine (comme il l’avait montré en 1984 en organisant au Palais des Congrès à Paris une conférence à succès sur l’arme nucléaire), ses rédacteurs sont souvent plus à l’aise sur les questions fondamentales de la théologie et de la spiritualité. Mais l’insistance de certains de leurs amis pour aborder le sujet de la Guerre et de la Paix, en un moment où l’actualité pose crûment la question de la légitimité de l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures d’une nation, s’est révélée payante. Certains des meilleurs théologiens actuels de cette question ont apporté spontanément une contribution originale et un officier ayant exercé de hautes responsabilités a joint son témoignage.

On sort de la lecture de ce numéro avec le sentiment que le temps n’est plus aux vœux pieux, aux déclarations volontaristes ou utopistes sur la paix, mais que la nature des conflits de l’après-Guerre Froide a amené à retrouver la réalité qui est la tâche de toute autorité confrontée aux exigences du Bien Commun : la nécessité de promouvoir la paix, en contribuant en amont au maintien de la justice, et au respect des valeurs fondamentales sur lesquelles est fondé l’existence de l’humanité, tandis qu’en aval s’impose la tâche de « purification de la mémoire » et du pardon, pour éliminer les germes de ressentiment.

Au moment où l’Église universelle reçoit, en la personne de Benoît XVI, un pape issu d’un pays rendu longtemps responsable de la barbarie nazie, il y a là une indication claire que les conflits du passé ne bouchent pas forcément l’horizon, et peuvent même servir de leçons pour construire l’avenir.

P. Michel Gitton, ordonné prêtre en 1974, membre de la communauté apostolique Aïn Karem.

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