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Éditorial

La prière des Heures, berceau de la théologie
Résurrection

Résurrection ne sort pas de sa compétence habituelle en offrant à ses lecteurs ce numéro consacré à la Liturgie des Heures. Nous avons appris de nos maîtres que la prière contemplative était le lieu même de la plus profonde élaboration théologique, parce que c’est là, au point où « mystique » et « mystère » se rejoignent, que l’homme ne se contente plus de parler de Dieu, mais se laisse transformer par lui, non seulement dans sa volonté et ses affections, mais dans ses concepts mêmes.

La liturgie des Heures intervient ici comme un domaine particulièrement riche de la prière offerte aux enfants de l’Église. Et cela principalement parce qu’elle donne corps à la célébration de chaque mystère, lui permet de durer et de s’approfondir. Sans doute la célébration eucharistique est le sommet que rien ne dépasse, mais nous savons tous que, surtout dans nos liturgies d’Occident, la messe n’occupe qu’une faible part de la journée, que ses prières, les lectures et les chants du propre ne peuvent suffire à en présenter toutes les facettes, là où la liturgie des Heures détaille bien davantage, joue sur la subtile correspondance des psaumes et des antiennes, des répons et des lectures, et nous permet de saisir le mystère liturgique non comme un épisode particulier de la vie de Jésus ou des saints, mais comme un point chargé d’innombrables harmoniques et qui renvoie à tous les autres points du cycle liturgique.

La liturgie des Heures est théologienne parce qu’elle nous fait entrer dans un rapport très particulier avec la Parole, que les Médiévaux appelaient la Sacra Pagina. Cette Parole est donnée à la fois pour notre instruction (et combien de versets bibliques défilent chaque jour sous des formes variées, si l’on dit les sept offices de la journée !), mais elle devient aussi notre parole dans la prière des psaumes, nous y coulons nos propres inflexions, nous apprenons à la vivre de l’intérieur. Elle intègre même son propre écho, puisque l’Office nous donne à entendre (aux Vigiles, appelé aussi office des Lectures) de larges extraits des Pères de l’Église exégètes autorisés de la Parole biblique, et qu’elle nous fait prier sur des compositions hymniques toutes tissées de réminiscences scripturaires. Plus moyen après cela d’instrumentaliser la Bible ou d’y voir seulement un répertoire de citations bonnes pour illustrer des thèses !

Bien d’autres aspects apparaîtront au fil de ce numéro, et notamment dans l’article de Sœur Sandra Bureau qui nous montre l’Office comme dialogue et dialogue trinitaire.

Deux articles sont consacrés à l’histoire peu connue de l’Office divin, d’abord au premier millénaire, mais aussi ensuite dans l’Église latine. En complément figure une étude documentée sur l’Office byzantin.

Un religieux d’une communauté nouvelle nous dit sa découverte de la Liturgie des Heures et les possibilités qu’elle a ouvertes à sa prière.

Enfin un point particulier est abordé avec une étude sur les répons français de l’office des Vigiles.

Souhaitons que ce numéro contribue encore à rapprocher les esprits soucieux d’une expression juste et profonde de la foi et les âmes assoiffées de Dieu. Car au fond, l’objectif est le même.

Réalisation : spyrit.net