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Est-il possible d’être saint quand on est riche et/ou puissant ?

Henri Delalande

Force est de constater que la lecture de certains passages de la Bible a de quoi faire frissonner quiconque a la chance de vivre dans une certaine aisance matérielle et la grâce d’exercer quelque responsabilité dans la société. Prenons par exemple saint Jacques dans son épître : « Écoutez-moi, vous, les gens riches ! Pleurez, lamentez-vous, car des malheurs vous attendent. Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites, votre or et votre argent sont rouillés » (Jc 5, 1-3), ou encore la Vierge Marie dans le Magnificat chanter les louanges d’un Dieu qui « renverse les puissants de leur trône » (Lc 1, 52) et « renvoie les riches les mains vides » (Lc 1, 53) ou enfin Jésus lui-même déclarer qu’« il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume des cieux » (Mt 19, 24). La vie de certains saints peut augmenter le trouble, comme la scène où saint François d’Assise se dénude publiquement pour rendre à son père ce qui lui appartient et épouser « Dame Pauvreté ».

Propriété privée et destination universelle des biens

Cependant, le même Jésus, dans la parabole des talents, nous exhorte à faire fructifier les biens reçus. La doctrine sociale de l’Église l’exprime ainsi : « Une bonne administration des dons reçus, notamment des dons matériels, est une œuvre de justice envers soi-même et envers les autres hommes : ce que l’on reçoit doit être bien utilisé, conservé, fructifié [1]. » L’Église a régulièrement mis en garde contre les tentatives des états de porter atteinte à la propriété privée, notamment Léon XIII, dès 1891 dans l’encyclique Rerum Novarum (qui marque le début de la doctrine sociale de l’Église) : « Ce n’est pas des lois humaines, mais de la nature qu’émane le droit de propriété individuelle. L’autorité publique ne peut donc l’abolir. Elle peut seulement en tempérer l’usage et le concilier avec le bien commun. Elle agit donc contre la justice et l’humanité quand, sous le nom d’impôts, elle grève outre mesure les biens des particuliers [2]. »

Certains saints voient dans la propriété privée, non seulement un droit, mais surtout un excellent outil de sanctification, comme saint Clément d’Alexandrie qui se demande « comment pourrions-nous faire du bien au prochain (…) si tous ne possédaient rien ? [3] », ou saint Jean Chrysostome qui considère que « les richesses appartiennent à quelques-uns pour qu’ils puissent acquérir du mérite en les partageant avec les autres [4] » ou encore saint Basile qui déclare que la richesse « est comme l’eau qui jaillit toujours plus pure de la fontaine si elle est fréquemment puisée, tandis qu’elle se putréfie si la fontaine demeure inutilisée [5] ».

Bien que la doctrine sociale de l’Église légitime la propriété privée, elle nous rappelle aussi que cette dernière est soumise au principe de la destination universelle des biens. De même que les états sont postérieurs à la propriété privée et ne peuvent l’abolir, la propriété privée est postérieure à la destination universelle des biens voulue par Dieu : « Les biens, même légitimement possédés, conservent toujours une destination universelle ; toute forme d’accumulation indue est immorale, car en plein contraste avec la destination universelle assignée par le Dieu Créateur à tous les biens [6]. »

Saint Grégoire le Grand l’exprime ainsi : « Le riche (…) n’est qu’un administrateur de ce qu’il possède ; donner le nécessaire à celui qui en a besoin est une œuvre à accomplir avec humilité, car les biens n’appartiennent pas à celui qui les distribue [7]. » Ainsi, le fait de donner aux pauvres le nécessaire pour vivre relève de la justice et non de la charité !

Finalement, loin de nous encourager à fuir la richesse, et à la suite du Christ qui nous demande de nous « enrichir en vue de Dieu » (Lc 12, 21), l’Église nous exhorte à faire fructifier ce que nous avons reçu afin d’en faire profiter l’ensemble de la communauté humaine. À l’instar du maître de la parabole des talents, Dieu nous demandera des comptes rigoureux sur notre gestion, comme l’écrit Léon XIII : « Que vous abondiez en richesses et en tout ce qui est réputé biens de la fortune, ou que vous en soyez privé, cela n’importe nullement à l’éternelle béatitude. Ce qui importe, c’est l’usage que vous en faites [8]. »

Le pouvoir comme un service

Le pouvoir est nécessaire et il vient de Dieu. Alors que Pilate fait valoir qu’il a le pouvoir de relâcher ou de crucifier Jésus, ce dernier lui répond qu’il n’aurait aucun pouvoir sur lui s’il ne l’avait reçu d’en haut (Jn 19, 11). La doctrine sociale de l’Église l’affirme en ces termes : « Puisque Dieu a doté de sociabilité la créature humaine, mais puisque “nulle société n’a de consistance sans un chef dont l’action efficace et unifiante mobilise tous les membres au service des buts communs, toute communauté humaine a besoin d’une autorité qui la régisse. Celle-ci, tout comme la société, a donc pour auteur la nature et du même coup Dieu Lui-même”. L’autorité politique est par conséquent nécessaire en raison des tâches qui lui sont attribuées et ce doit être un élément positif et irremplaçable de la communauté humaine [9]. »

Cependant, le pouvoir doit être exercé comme un service : « Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. Celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mc 10, 43-45) Cela vaut bien sûr pour le pouvoir au sein de l’Église (un des titres pontificaux, issu de saint Grégoire le Grand, est « serviteur des serviteurs de Dieu ») et aussi pour le pouvoir politique, que saint Thomas d’Aquin considérait comme « la plus haute forme de la charité ». De même que l’argent, le pouvoir est nécessaire et ne doit pas être fui ; l’exercer est un service à rendre pour travailler à la venue du Règne de Dieu. Du reste, en général, la suspicion envers les puissants est moins forte qu’envers les riches, peut-être parce que le pouvoir semble moins enviable que la richesse. En effet, les problèmes ont une fâcheuse tendance à tous remonter vers le chef comme la sève remonte depuis les racines vers le tronc à la fin de l’hiver. Le chef doit alors faire face et prendre seul une décision que tous attendent. Si certaines décisions sont faciles, d’autres peuvent créer une réelle souffrance, comme le cas extrême d’un chef militaire qui risque la vie de ses hommes.

Madeleine Delbrêl [10] remarque que « dans l’Évangile, c’est à des petites gens [que le Christ] demande de laisser leur métier. A Lazare, au centurion, à Nicodème, il ne demande pas d’aller pêcher : il leur demande tout autre chose : un renouvellement du cœur, une conversion essentielle qui, dans chacune de leur vie, “ fera toute chose nouvelle [11] ” ». Tandis que certains sont appelés à quitter leur métier et leur famille pour suivre le Christ comme les apôtres, d’autres sont appelés à se convertir tout en restant là où ils sont. Dieu n’appelle pas nécessairement à délaisser les biens de ce monde, mais il nous appelle tous à la conversion du cœur !

De la théorie à la pratique

Tous ces principes peuvent sembler bien beaux mais aussi bien difficiles à appliquer concrètement. Nous allons essayer de dégager quelques pistes dans la vie de saints et serviteurs de Dieu [12] laïcs, tous nés il y a moins de 200 ans, apôtres en redingotes et saints en veston [13], ayant assumé des responsabilités dans la société et ayant vécu dans une certaine aisance matérielle.

Le serviteur de Dieu Léon Harmel (1829-1915), industriel ardennais, travailla à appliquer l’Évangile dans la filature familiale qu’il dirigeait. Très soucieux de la condition ouvrière, il chercha à répandre ces principes à travers de nombreux congrès, et organisa de grands pèlerinages ouvriers auprès du Pape Léon XIII dont il était proche. Il était marié et père de neuf enfants (dont un mort en bas âge [14]). Sa cause de béatification a été introduite en 1943 dans le diocèse de Reims [15].

Saints Louis et Zélie Martin (1823-1894 et 1831-1877) sont les parents de neuf enfants, dont quatre décédés en bas âge et cinq filles, toutes devenues religieuses, parmi lesquelles sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte- Face, docteur de l’Église, et la servante de Dieu Léonie Martin (sœur Françoise-Thérèse). Ils vécurent une vie de famille et de couple exemplaire à Alençon dans l’Orne et sont les premiers à avoir été canonisés en tant que couple (le 18 octobre 2015, par le pape François, en plein Synode sur la famille).

Le serviteur de Dieu Robert Schuman (1886-1963) occupa les plus hautes fonctions de l’État (député, ministre, président du Conseil des ministres puis président du Parlement européen). Il resta célibataire et s’efforça de vivre selon l’Évangile sa vocation d’homme politique. Il est considéré comme l’un des pères fondateurs de la construction européenne. Sa cause de béatification a été ouverte en 1990 dans le diocèse de Metz et la phase diocésaine a été clôturée en 2004 [16].

Pauvres bien que riches : charité et sobriété

Bien que chef d’une entreprise prospère, Léon Harmel eut une existence sobre. Dès 1860, à l’âge de 31 ans, il rejoint le tiers ordre franciscain. La mort de sa femme, en 1870, après 18 ans de mariage heureux, marquera un tournant dans sa vie : « au lieu de resserrer son cœur (…) la souffrance l’agrandit et l’éleva, mais à la manière chrétienne : en le détachant des préoccupations trop humaines [17] ». Lui qui était « un fumeur enragé [18] » décida de ne plus jamais toucher à une pipe. Sa fille aînée et le veilleur de nuit témoignent qu’il lui est arrivé de se fouetter avec une discipline. Le Père Guitton écrit qu’il « avait prononcé les trois vœux substantiels de religion : celui de chasteté, peu de temps après son veuvage, celui de pauvreté, consistant à s’interdire « toute dépense inutile », enfin, le vœu d’obéissance « à son directeur [19] [de conscience] ».

Léon Harmel appliquait la destination universelle des biens envers ses salariés. Alors que les allocations familiales n’existaient pas, il établit en 1891 le « supplément familial de salaire » tout en prenant soin d’appliquer aussi le principe de subsidiarité : « selon nos principes, écrit-il, cette institution, bien qu’entièrement alimentée par la caisse patronale, est gérée complètement par une commission ouvrière [20] ».

Louis Martin faisait partie des conférences saint Vincent de Paul créées par Frédéric Ozanam. Zélie Martin raconte dans une lettre à sa fille Pauline sa rencontre avec un pauvre homme qui meurt de froid et qu’elle amène chez eux. Louis va ensuite commencer « toutes sortes de démarches pour le faire rentrer à l’Hospice [21] ». Mais l’âge minimum était fixé à 70 ans alors que l’homme n’en avait que 67. Louis va alors « dresser de nouveau toutes ses batteries pour le faire rentrer aux Incurables [22] », mais l’homme est dans un premier temps refusé car il ne souffre que d’une hernie, pour être finalement accepté contre toute espérance. Les Martin ne se contentent donc pas de partager leurs deniers mais ils s’impliquent personnellement et avec persévérance dans l’aide aux plus démunis.

Robert Schuman usait des biens mis à sa disposition de par ses fonctions avec détachement. A sa nomination comme ministre des Affaires étrangères, en juillet 1948, la presse parle de l’arrivée d’un « moine au Quai d’Orsay [23] ». Son assistance à la messe le dimanche et en semaine autant que possible et malgré son agenda de ministre témoigne aussi d’une certaine ascèse : « On le verra sortir, tôt le matin, des palais nationaux, le missel sous le bras, pour se diriger vers l’église parisienne la plus proche [24]. » En 1955, il participe à un pèlerinage en Terre Sainte, pendant lequel il portera une lourde croix sur la Via dolorosa à Jérusalem le jour du Vendredi Saint, alors qu’il est ministre de la Justice et garde des Sceaux [25]. Son comportement et les réactions qu’il suscite font penser à ce passage du chemin de Croix de Claudel « un homme fait qui dit son chapelet et qui va impudemment à confesse, qui fait maigre, le vendredi et qu’on voit parmi les femmes à la messe, cela fait rire et ça choque, c’est drôle et c’est irritant aussi. Qu’il prenne garde à ce qu’il fait, car on a les yeux sur lui. Qu’il prenne garde à chacun de ses pas, car il est un signe [26]. »

Les exemples mentionnés ci-dessus peuvent néanmoins paraître anodins quand on les compare à l’austérité et au dépouillement extrêmes d’autres saints qui ne comptaient que sur la Providence pour les nourrir, voire ne se nourrissaient que de l’Eucharistie. Mais il est plus aisé de se priver de gâteau quand il n’y en a pas sur la table que lorsqu’une part de celui-ci nous tend les bras ! Ainsi, l’héroïsme de ces chrétiens laïcs est d’avoir réussi à pratiquer la charité et l’ascèse tout en vivant dans le monde en tant que ministre, chefs d’entreprises et chargés de famille.

Obéissants bien que puissants

Des désirs de vie consacrée contrariés

Les époux Martin, Léon Harmel et Robert Schuman ont tous eu dans leur jeunesse le désir de la vie consacrée. Ils ont cherché à discerner si ce désir venait vraiment de Dieu pour finalement conclure qu’Il les appelait à rester laïcs dans le monde. La générosité avec laquelle ils ont répondu à cette vocation, même si elle contredisait leurs projets initiaux, montre leur confiance en Dieu et leur obéissance à Sa volonté. Regardons plus en détail comment ils se sont laissé guider.

Léon Harmel eut ce désir dès l’adolescence mais, à l’âge de 19 ans, alors qu’il vient d’être reçu au baccalauréat, il décide de poursuivre ses études plutôt que de rentrer au séminaire car il craint de « prendre pour la voix de Dieu un mouvement d’enthousiasme [27] ». Pendant ces années, Léon Harmel aura été marqué par l’agitation politique et sociale, notamment par les massacres des journées de juin 1848 et par la condition des mineurs qu’il découvrira lors d’un passage à Saint-Étienne. Ces événements contribuent à lui montrer la voie d’un apostolat laïc en tant que chef d’entreprise. À la fin des deux années qu’il s’était imposées pour éprouver sa vocation, « l’adolescent, ‟sur les conseils d’un directeur de conscience éclairé et prudent” conclut que, s’il était bien appelé par Dieu à l’apostolat, il n’était pourtant pas destiné au sacerdoce [28] ». Une fois la décision prise de ne pas entrer au séminaire, il cherchera à se marier, ce qu’il fit avec sa cousine, à l’âge de 24 ans.

Très marqué par le décès accidentel de sa mère alors qu’il n’a que 25 ans, Robert Schuman pense que « seule la solitude habitée d’un monastère (…) peut combler ce vide ». Mais un de ses amis lui écrit une semaine après la tragédie : « Dans notre société, l’apostolat laïc est une nécessité urgente ; je ne puis imaginer de meilleur apôtre que toi. Tu resteras laïc parce que tu réussiras mieux à faire le bien, ce qui est ton unique préoccupation [29]. » Il décide de poursuivre son métier de juriste.

Enfin, Louis et Zélie Martin se sont posé les mêmes questions et ont même franchi le cap en cherchant à rentrer respectivement à l’ermitage du Grand Saint-Bernard en Suisse et chez les sœurs de saint Vincent-de-Paul à l’Hôtel-Dieu d’Alençon, mais ils furent tous deux refusés par les supérieurs de ces institutions (Louis fut refusé en raison de son ignorance du latin) [30]. On pourrait les soupçonner de se marier par dépit, mais l’un et l’autre ont autour de 20 ans au moment de ces déceptions monastiques et ils ne se marieront qu’à 26 ans pour Zélie et 34 ans pour Louis, ce qui leur laissa le temps de mûrir cette vocation pendant ces années de célibat où ils vont s’impliquer dans leurs métiers respectifs : le point d’Alençon (un type de dentelle) pour Zélie, et l’horlogerie pour Louis. D’ailleurs, Louis semblait même « satisfait de cette vie de prière, de jeûne, d’offrande de soi-même, de charité bien ordonnée qui commence par Dieu même, cette vie de moine-chevalier dans le monde, réglée comme les horloges qu’il fabrique [31] ».

On pourrait comparer ces itinéraires à celui d’Abraham, qui est prêt à sacrifier Isaac, son fils tant espéré, mais auquel Dieu promet finalement une descendance nombreuse : « parce que tu as fait cela, que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable qui est sur le bord de la mer » (Gn 22, 16-17). Robert Schuman, Léon Harmel et les époux Martin étaient prêts à offrir leur vie tout entière à l’Église mais Dieu les oriente dans une autre direction où leur fécondité sera décuplée (la comparaison sur la descendance ne peut s’appliquer littéralement que dans le cas de Léon Harmel car Robert Schuman est resté célibataire et les filles Martin sont toutes devenues religieuses !)

Prendre et accepter des responsabilités

L’entrée en politique de Robert Schuman, à l’âge de 33 ans, est aussi vécue comme un appel qui va à l’encontre de ce qu’il souhaitait. En novembre 1919 ont lieu les premières élections législatives d’après-guerre et un prélat, le chanoine Collin, est à la recherche de candidats pour l’Union Populaire Républicaine (UPR), un parti qui souhaite lutter pour « la préservation des régimes social, scolaires et confessionnels [32] » propres à l’Alsace et à la Lorraine (provinces qui viennent d’être récupérées par la France). En effet, certaines décisions des Français sont fraichement accueillies, comme le renvoi en Allemagne de Mgr Brenzler, « évêque [allemand] cher au cœur des Lorrains [33] » alors qu’en 1871 les Allemands avaient « laissé Mgr Dupont des Loges sur le siège épiscopal de Metz, bien qu’il fût breton [34] ». Le chanoine Collin supplie donc Robert Schuman de figurer sur la liste car il reconnaît en lui non seulement un juriste de haut niveau mais aussi un homme de foi désintéressé : « La Lorraine a besoin de vous pour préserver son âme [35]. » De plus de « discrètes sollicitations lui sont venues de l’évêché [36] ». Finalement Robert Schuman accepte, mais à contrecœur comme il l’écrit à son cousin quelques mois après son élection comme député : « Ce n’est pas l’ambition qui me guide (…) Combien aurais-je préféré me consacrer à ma profession, aux œuvres religieuses et sociales, à ma famille ! Mais il y a des devoirs auxquels on ne peut se dérober. Nous n’avions pas grand choix de parlementaires pour cette législature qui décidera de notre avenir politique [37]. »

De son côté, Léon Harmel devint chef de l’entreprise familiale dans un contexte difficile : suite au décès de sa mère, à la maladie de son père et au mariage de son frère Jules qui est alors « absorbé par les affaires commerciales de son beau-père [38] », il « se retrouve seul à vingt-cinq ans, pour diriger toute l’usine [39] » et est rapidement « surmené par les soucis [40] ». Comme Robert Schuman, Léon Harmel accepte donc les responsabilités qui lui sont confiées sans se dérober.

Le 8 décembre 1851, à l’âge de 20 ans, Zélie Martin reçoit « de Marie l’inspiration intérieure qui la poussa à faire du point d’Alençon ». Plus tard, son époux arrêtera son activité d’horloger pour l’aider à gérer son entreprise. Entre son métier et sa famille, ses journées sont bien remplies, au point qu’elle se réjouit d’une baisse de l’activité dans une lettre en 1868 : « le bon Dieu, qui est un bon Père et qui n’en donne jamais à ses créatures plus qu’elles n’en peuvent porter, a allégé le fardeau, le point d’Alençon ralentit [41]. »

Madeleine Delbrêl écrit ceci au sujet de l’obéissance : « Nous autres gens de la rue (…) nous envierions nos frères religieux si nous ne pouvions, nous aussi, mourir un peu plus à chaque minute. Les menues circonstances sont des « supérieures » fidèles. Elles ne nous laissent pas un instant et les « oui » que nous devons leur dire succèdent les uns aux autres [42]. » Les choix professionnels décrits ci-dessus ont été faits dans cet esprit d’obéissance aux circonstances de la vie. Si Marie semble avoir indiqué clairement la voie à suivre à Zélie Martin, les trois autres (Robert Schuman, Léon Harmel et Louis Martin) ont su lire à travers les évènements un appel de Dieu à exercer un certain métier et ils s’y sont donnés pleinement malgré les difficultés, sans rechigner à la tâche.

La question de l’ambition

La plupart des chrétiens semblent d’accord pour dire, à juste titre, qu’il est important que des chrétiens aient des postes de responsabilité afin d’avoir des dirigeants perméables au souffle de l’Esprit et à la volonté de Dieu. Cependant, pour accéder à ses responsabilités, sommes-nous forcés d’utiliser les mêmes moyens que tout le monde ? Ne risque-t-on pas de dévier rapidement du but initial en le remplaçant par la satisfaction de son orgueil personnel ? Plus généralement, le simple fait d’être chrétien suffit-il pour affirmer que la volonté de Dieu est que nous accédions à ces responsabilités ? En effet, nous pouvons être tentés parfois de nous dire que, puisque Dieu semble avoir du mal à assurer la promotion de ses amis, nous allons nous frayer un chemin par nous-mêmes. Mais n’est-ce pas là manquer de foi en la toute puissance de Dieu ? « Le Seigneur règne, les peuples tremblent » comme le dit le psaume 98.

Non, la fin ne justifie pas les moyens. Il est absurde de penser pouvoir faire la volonté de Dieu par des moyens que Dieu réprouve. Le deuxième livre des Martyrs d’Israël nous raconte comment, lors de la persécution des juifs par le roi grec Antiochos Épiphane, le vieil Éléazar refuse le stratagème qu’on lui propose pour sauver sa vie. Alors qu’on veut lui faire manger du porc, des connaissances qui sont chargées de préparer ce repas sacrilège lui proposent de remplacer le porc par d’autres viandes à l’insu du roi, lui permettant ainsi de ne désobéir ni au roi ni à la loi de Dieu. Mais Éléazar refuse, « préférant avoir une mort prestigieuse qu’une vie abjecte » (2 M 6, 19) bien que le but recherché (en l’occurrence le fait de vivre) soit tout à fait louable. Jésus l’a bien dit : « celui qui veut sauver sa vie la perdra mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Évangile la sauvera. Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier en le payant de sa vie ? Quelle somme pourra-t-il verser en échange de sa vie ? » (Mc 8, 35-37)

Cependant, quand le but n’est pas notre promotion personnelle mais la réalisation d’un projet tourné vers le bien, nous devons user de toutes nos qualités, y compris l’habileté. « Au cours de la genèse de la Déclaration du 9 mai 1950 [qui proposera de “ placer l’ensemble de la production franco-allemande de charbon et d’acier sous une Haute Autorité commune [43] ”], Robert Schuman n’a cessé de ruser, manœuvrer (…) [44] » écrit René Lejeune. En effet, afin que le projet soit mis à l’ordre du jour du Conseil des ministres du 9 mai, Robert Schuman attend la fin du Conseil des ministres de la semaine précédente, c’est-à-dire le « moment où chacun est pressé de partir à ses affaires et à table [45] », pour évoquer le sujet « en termes vagues et de manière détachée, comme s’il s’agissait d’une affaire sans importance particulière [46] ». Il sait que « l’idée d’une autorité exigeant un transfert de responsabilité hérisse nombre de personnes au gouvernement [47] ». De plus, il tient au courant du projet deux Européens convaincus du gouvernement, René Pleven, ministre de la Défense nationale, et René Mayer, ministre de la Justice, qu’il charge d’intervenir en faveur du projet, d’une manière qui devait paraître spontanée, lors du Conseil des ministres du 9 mai. Y a-t-il là quelque chose d’immoral ? René Lejeune rappelle que la manœuvre de Robert Schuman pour cette noble cause (rendre la guerre impossible entre deux nations naguère ennemies) peut être justifiée par la parole du Christ qui demande à ses apôtres d’être « rusés » : « Voici que moi, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez donc rusés comme les serpents et candides comme les colombes. » (Mt 10, 16) De plus, Robert Schuman expliquait, citant l’évangile de saint Jean, qu’il est parfois nécessaire de ne dévoiler que progressivement l’étendue d’un projet qu’une personne n’est pas encore capable de comprendre : « J’ai encore bien des choses à vous dire, mais en ce moment vous n’êtes pas capables de le porter [48] » (Jn 16, 12).

Cependant, Robert Schuman était loin d’avoir la réputation d’un menteur : « On ne doit jamais mentir, même pas en politique [49] », a-t-il dit. À sa nomination au quai d’Orsay, la presse parle de « l’étrange présence d’un chrétien pieux et franc au ministère du double langage [50] ». On notera que ces manœuvres de Robert Schuman ont pour unique but la paix et non pas la recherche d’un quelconque bénéfice personnel : dans le contexte de l’époque, la déclaration du 9 mai 1950 est très courageuse et risque de le desservir dans sa carrière.

Finalement, la seule ambition qui vaille est d’« habiter la maison du Seigneur » comme le dit le psaume 26 : « J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie. » Alors tout devient plus simple, mais c’est tellement compliqué d’être simple ! « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et Sa justice. Le reste vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33), nous dit Jésus. « Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie, qui a Dieu ne manque de rien. Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie, seul Dieu suffit », déclare sainte Thérèse d’Avila. Toute notre énergie, tout notre talent et toute notre intelligence ne doivent être tournés que vers Dieu, et alors nous aurons tout le reste, tout ce que nous aurons à faire deviendra clair. Notre seul et unique désir doit être de rendre gloire à Dieu par toute notre vie. La gestion des biens et l’exercice des responsabilités ne peuvent se faire sans se souvenir de qui nous les a confiés : « Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder. » (Gn 2, 15)

L’abandon

Léon Harmel dit un jour à son médecin : « On me traite parfois de mystique ; bien au contraire je suis horriblement pratique. Dans les affaires, les ennuis sont fréquents. Quand j’en ai trop, je les partage en les confiant à Jésus. Je lui demande son avis : “ Vous y réfléchirez et demain à la communion vous me ferez la réponse ” » [51]. Derrière le ton humoristique, se cache le désir de laisser Dieu agir à travers lui. Même lorsqu’il s’agit de problèmes très concrets de la gestion de son usine, Léon Harmel s’en remet à Dieu sachant qu’il Lui doit tout et qu’il ne peut rien sans Lui.

Robert Schuman écrivait au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : « nous sommes tous des instruments, bien imparfaits, d’une Providence qui s’en sert dans l’accomplissement des grands desseins qui nous dépassent [52] ». Le terme instrument [53] fait écho à la parole de Dieu demandant à Ananie d’aller trouver Saul de Tarse, le futur saint Paul, qui vient de se convertir : « Va ! Cet homme est l’instrument que j’ai choisi pour faire parvenir mon Nom auprès des nations païennes, auprès des rois et des fils d’Israël. Et moi, je lui ferai découvrir tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon Nom. » (Ac 9, 15) Robert Schuman « pratiquait systématiquement [54] » la « spiritualité paulinienne des portes [55] » (en effet, saint Paul utilise plusieurs fois dans ses épîtres l’image des portes pour évoquer sa conduite par le Christ) : « les portes s’ouvrent pour « l’instrument » qui a fait, librement, l’acte total d’abandon entre les mains du Seigneur. A partir de là, Dieu prend le relais dans la vie du fidèle qui se laisse docilement guider. Il ouvre les portes qu’il veut le voir franchir ; il ferme celles qui le conduiraient sur des chemins dévoyés [56]. » Ainsi, le ministre considéré par beaucoup comme visionnaire admet que ce n’est pas lui qui mène la barque mais qu’il n’est qu’un instrument de Dieu ! On sait que sainte Thérèse de Lisieux voulait être la « petite balle de l’Enfant Jésus » et on connait la belle prière de Charles de Foucauld (« Mon Père je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira … »), mais ni la carmélite ni l’ermite n’avaient des responsabilités temporelles aussi importantes que l’homme d’État qu’a été Robert Schuman.

« L’Évangile n’est pas fait pour des esprits en quête d’idée. Il est fait pour des disciples qui veulent obéir [57] », déclare Madeleine Delbrêl. Ainsi, l’abandon à la volonté de Dieu n’est pas réservé à une Thérèse de Lisieux cachée dans son Carmel ou à un Charles de Foucauld isolé au fin fond du Sahara, mais il est au moins autant indispensable à celui qui dirige un état ou une entreprise. Notre Père des Cieux est tout puissant et sait tout mieux faire que nous, notamment la gestion des choses temporelles, car c’est Lui qui les a créées. Nous serions bien inconscients de ne pas nous en remettre entièrement à Lui aussi pour cela !

Comment y parvenir ?

En lisant une vie de saint, on peut être tenté de se demander si, comme dans un bon tour de magie, il n’y aurait pas un truc ou une astuce qui lui a permis de mieux réussir que les autres. Malheureusement ou heureusement, force est de constater qu’il n’y a finalement pas de grande innovation dans les moyens utilisés par Léon Harmel, Robert Schuman et les époux Martin pour se rapprocher de Dieu : la prière, la pratique régulière des sacrements (eucharistie et pénitence) et l’amour de l’Église.

Nous avons vu plus haut que la messe, le dimanche et en semaine, faisait partie de la vie de Robert Schuman. Les voisins de la famille Martin savaient que lorsqu’ils entendaient le premier bruit de porte du matin, cela signifiait qu’il était 5h30 et que les Martin partaient à la messe ! Léon Harmel tenait à jour des tableaux composés d’une ligne par jour du mois et de plusieurs colonnes dont les titres parlent d’eux-mêmes : « messe, communion, méditation, examen, lecture, visite [au Saint Sacrement], chapelet, confession [58] ». Il ne se satisfaisait pas de sa prière personnelle et sollicitait celle des autres en demandant aux malades qu’il visitait d’offrir leurs souffrances pour la conversion de ses ouvriers et de devenir ainsi son « associé [59] », ce qui ne manquait pas de les surprendre tant ils se pensaient inutiles.

A l’instar de Léon Harmel, Louis Martin n’hésitait pas à recueillir et à suivre l’avis d’un prêtre, comme en témoigne sa décision de consommer son mariage après dix mois d’abstinence, sur les conseils de son confesseur. Enfin, nous pouvons mentionner l’amour filial de Léon Harmel pour le pape, il déclare avoir « deux amours, le Pape et le peuple [60] » et il emmène, à la demande de Léon XIII, des milliers d’ouvriers en pèlerinage à Rome dans les années qui précèdent et suivent la publication de l’encyclique Rerum Novarum.

Toutefois, les exemples des saints et serviteurs de Dieu cités ne doivent pas être imités à la lettre. Ce sont des sources d’inspiration et chacun doit apporter une réponse personnelle aux appels de Dieu pour lui. Comme le dit saint François de Sales : « Il nous faut fleurir là où nous avons été plantés. »

* * *

Le lecteur aura compris que la réponse à la question du titre de l’article est positive. Le concile Vatican II a rappelé que nous sommes tous appelés à la sainteté : « l’appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s’adresse à tous ceux qui croient au Christ, quel que soit leur état ou leur forme de vie [61] ». D’ailleurs, le fait que le nom de famille du premier couple canonisé soit le nom de famille le plus répandu en France n’est-il pas un clin d’œil du Ciel ?

L’argent et le pouvoir sont des réalités à manier avec prudence et discernement car le risque de s’y perdre est important, mais ce sont des réalités nécessaires au bien commun, et les gérer afin d’établir le règne de Dieu sur terre est un acte de charité. Lors d’un débat l’été dernier à Bayonne, le journaliste demandait à un homme politique chrétien si, dans le cas où il serait un jour canonisé, il le serait malgré ou grâce à la politique ? La bonne réponse est bien sûr la deuxième ! C’est grâce à tout ce que nous sommes et tout ce que nous faisons, et en particulier grâce à la façon dont nous gérons les choses temporelles que nous nous sanctifions. Peu importe où Dieu nous a plantés, comme le dit le catéchisme de l’Église catholique citant saint Jean de la Croix : « Au soir de votre vie, vous serez jugés sur l’amour [62]. »

Post Scriptum : si certains lecteurs pensent, comme l’auteur, que la vie de Léon Harmel mériterait d’être mieux connue pour inspirer, guider et encourager les patrons et les cadres (parmi lesquels on compte peu de saints et bienheureux), sachez que sa cause de béatification avance lentement, par manque de moyens financiers et humains. Si parmi ces lecteurs certains connaissent une personne qualifiée et intéressée, n’hésitez pas à contacter l’archevêché de Reims !

Henri Delalande, né en 1985, marié, père de deux enfants, ingénieur dans l’industrie chimique et membre du mouvement Résurrection.

[1] Compendium de la doctrine sociale de l’Église §326.

[2] Rerum Novarum, lettre encyclique de Léon XIII, 1891.

[3] Compendium de la doctrine sociale de l’Église §329.

[4] Compendium de la doctrine sociale de l’Église §329.

[5] Compendium de la doctrine sociale de l’Église §329.

[6] Compendium de la doctrine sociale de l’Église §328.

[7] Compendium de la doctrine sociale de l’Église §329.

[8] Rerum Novarum, lettre encyclique de Léon XIII, 1891.

[9] Compendium de la doctrine sociale de l’Église §393.

[10] Madeleine Delbrêl (1904-1964), profondément athée à l’adolescence, se convertit à l’âge de vingt ans et devient assistante sociale à Ivry-sur-Seine où elle exerça un apostolat actif en milieu communiste. Sa cause de béatification a été introduite en 1990.

[11] Madeleine Delbrêl : Nous autres, gens des rues. Textes missionnaires présentés par Jacques Loew, éditions du Seuil 1966, p. 125. Nous utiliserons l’abréviation MD pour faire référence à cet ouvrage dans le reste de l’article.

[12] C’est-à-dire des personnes pour lesquelles un procès de béatification a été ouvert, selon la définition de la Congrégation pour la Cause des Saints : « Le fidèle catholique dont a été entrepris une cause de béatification et de canonisation est appelé Serviteur de Dieu. » (Instruction Sanctorum Mater, Article 4.2, mai 2007)

[13] Ces deux expressions sont empruntées à Georges Guitton s.j. (biographe de Léon Harmel) et René Lejeune (biographe de Robert Schuman).

[14] Georges Guitton, s.j., La vie ardente et féconde de Léon Harmel, éditions Spes, 1929, p. 34. Nous utiliserons l’abréviation LH pour faire référence à cet ouvrage dans le reste de l’article.

[15] Site internet officiel de la commune de Warmeriville (où a vécu Léon Harmel) : http://www.warmeriville.fr/

[16] Site internet sur Robert Schuman tenu par des prêtres du diocèse de Metz : http://www.robert-schuman.com/

[17] LH, p. 41.

[18] LH, p. 42.

[19] LH, p. 255.

[20] LH, p. 134.

[21] Alice et Henri Quantin : Zélie et Louis Martin, les saints de l’escalier, éditions du Cerf, 2004, p. 36. Nous utiliserons l’abréviation LZ pour faire référence à cet ouvrage dans le reste de l’article.

[22] LZ, p. 37.

[23] René Lejeune, Robert Schuman, Père de l’Europe. 1886-1963, La politique, chemin de Sainteté, éditions du Jubilé, 2000, page 142. Nous utiliserons l’abréviation RS pour faire référence à cet ouvrage dans le reste de l’article.

[24] RS, pp. 32-34.

[25] RS, p. 181.

[26] Chemin de la Croix de Paul Claudel, sixième station (Véronique essuie le visage de Jésus).

[27] LH, p. 20.

[28] LH, p. 24.

[29] RS, p. 47.

[30] LZ, pp. 27 à 29.

[31] LZ, p. 51.

[32] RS, p. 64.

[33] RS, p. 63.

[34] RS, p. 63.

[35] RS, p. 65.

[36] RS, p. 65.

[37] RS, p. 66.

[38] LH, p. 32.

[39] LH, p. 32.

[40] LH, p. 32.

[41] LZ, p. 82.

[42] MD, p. 69.

[43] Robert Schuman, Déclaration du 9 mai 1950, prononcée dans le Salon de l’Horloge du Quai d’Orsay, alors qu’il est ministre des Affaires étrangères.

[44] RS, p. 13.

[45] RS, p. 16.

[46] RS, p. 16.

[47] RS, p. 13.

[48] RS, p. 148.

[49] RS, p. 13.

[50] RS, p. 142.

[51] LH, pp. 43-44.

[52] RS, p. 66.

[53] La spiritualité de l’instrument est chère au mouvement apostolique de Schoenstatt dont fait partie René Lejeune (cf. René Lejeune, L’Alliance : Une spiritualité prodigieuse pour aujourd’hui née dans le cœur d’un prophète, éditions du Parvis, 2001).

[54] RS, p. 65.

[55] RS, p. 65.

[56] RS, p. 65.

[57] MD, p. 81.

[58] LH, p. 259.

[59] LH, p. 38.

[60] LH, p. 215.

[61] Constitution dogmatique sur l’Église Lumen Gentium.

[62] Catéchisme de l’Église Catholique, § 1022.

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