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« Et Dieu vit que cela était bon ». Une théologie de la création. (Medard Kehl)

coll. « Cogitatio fidei », Cerf, Paris, 2008, 573p.
Jean Lédion

Ce volume est la synthèse des enseignements que l’auteur a dispensés pendant de nombreuses années à la Faculté de théologie de Francfort-sur-le-Main. Certain chapitres ont cependant été sous-traités à d’autres rédacteurs. L’ouvrage a pour ambition d’expliciter le plus largement possible le premier article du Credo : « Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible » ; et aussi d’en tirer toutes les implications dans le monde d’aujourd’hui. L’ouvrage est divisé en cinq parties. La première est consacrée à « la foi dans la création, telle qu’elle est vécue aujourd’hui », la seconde a pour objet « la foi dans la création attestée dans la Bible ». La troisième partie étudie la théologie de la création chez quatre auteurs censés être au tournant d’époques charnières de la pensée chrétienne. Le choix de l’auteur s’est porté sur Irénée, Augustin, Thomas d’Aquin et R. Guardini. Enfin, la quatrième partie se veut une recherche sur la cohérence des articles de foi vis-à-vis des questions fondamentales, parmi lesquelles la question du mal et celle du péché originel. La cinquième partie est intitulée : « Mise à l’épreuve dans le dialogue. Questions venues du dehors à l’adresse de la foi chrétienne dans la création ». Les questions abordées sont donc à la fois vastes et nombreuses.

Le lecteur se trouve donc en face d’une entreprise très vaste, mais dans laquelle il a du mal à voir un fil directeur et une amorce de synthèse. Le livre n’a pas de conclusion, mais simplement un « épilogue » qui se termine par une citation d’Irénée (Contre les hérésies, IV, 39, 2), ce qui est un peu surprenant, car même si Irénée de Lyon a la préférence de l’auteur, il ne peut à lui seul résumer vingt siècles de réflexion sur la création !

Cependant, la lecture du livre mérite qu’on y passe du temps, même si la qualité des différents chapitres est très inégale. On peut toutefois regretter que des problèmes importants, comme les rapports de la matière avec l’esprit, comme la création des mondes spirituels ou comme la nature du temps soient relativement peu approfondis. La bibliographie de l’ouvrage est presque exclusivement relative à des auteurs germanophones, alors que la réflexion théologique sur la création existe aussi dans l’espace anglophone comme en pays francophone. Pas une ligne n’est consacrée, par exemple, au travail de L. Bouyer ou aux études de S.-L. Jaki. Pour ce qui est des contributions plus anciennes, il est étonnant de ne rien citer des réflexions de J.-H. Newman, de Berkeley, etc. De même, l’absence de toute référence à Grégoire de Nysse, penseur profond s’il en est sur ce sujet, a de quoi surprendre dans un tel traité.

Jean Lédion, marié, trois enfants. Diplôme d’ingénieur, docteur d’État ès Sciences Physiques. Enseignant dans une école d’ingénieurs à Paris.

Réalisation : spyrit.net