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Foi, croyances et superstitions

Éditorial
Résurrection

Y a-t-il une spécificité de la foi chrétienne, par rapport aux autres croyances, religieuses pour la plupart, entre lesquelles se partagent les hommes ? Telle est la question que voudrait affronter ce numéro, tout en sachant qu’il est difficile aujourd’hui de vouloir se situer dans le débat public, qui suppose que chacun a la parole et doit être également respecté dans ses convictions, tout en affirmant que toutes les croyances de se valent pas, que certaines dégradent l’homme et qu’il n’y en a qu’une qui soit la plénitude de la Vérité révélée ?

Nous voudrions partir de ce principe que le respect de l’autre, l’écoute, l’ouverture au dialogue – conditions nécessaires à toute confrontation saine des opinions et des croyances au sein d’une démocratie –, sont des conditions nécessaires, mais pas suffisantes, pour la poursuite de ce qu’il y a de plus noble dans la vocation humaine : la recherche exigeante de la vérité.

Pouvoir dire que tout ne se vaut pas, qu’il est des croyances qui sont des superstitions, de fausses religions, des idéologies réductrices, qui ferment l’homme à la transcendance au lieu de l’élever, c’est la condition d’une parole vraie. Sinon, nous sommes dans la langue de bois et, au lieu de respecter l’élan qui porte tout homme vers l’absolu, nous mettons la flamme sous le boisseau, et ramenons tout à la mesure étroite d’une diplomatie sans horizon.

Mais il doit rester clair que cette hardiesse suppose en retour d’accepter la réciproque et de laisser les autres, éventuellement, nous contester sur ce que nous affirmons – convaincus que nous sommes que tout homme porte en lui l’instinct du vrai et que l’échange sincère ne peut que contribuer à la paix et à l’avancée de tous.

Ce numéro prétend simplement apporter sa contribution à la recherche de ce qu’il y a de spécifique dans la foi chrétienne. C’est pourquoi, après un rappel des orientations données par le Pape pour l’année de la foi, nous commençons par étudier de près ce mot très simple et souvent galvaudé de « foi », qui porte en lui les deux dimensions – objective et subjective – qui caractérisent l’adhésion à Jésus-Christ.

L’article du P. Laurent Sentis nous introduit à cette originalité du christianisme, qui est le lien entre le contenu de la foi et la manière même dont elle s’est propagée : par les Apôtres, qui ont fondé les Églises et leur ont transmis en même temps la doctrine du salut.

L’article d’Adélaïde de Montpellier et de Jérôme Levie nous fait pénétrer dans ce document incomparable, fruit du témoignage apostolique, qu’est le symbole des Apôtres. Ils nous montrent comment la première expression des vérités fondamentales s’est sédimentée autour d’un double axe : trinitaire et christologique.

Le P. Michel Gitton amorce une réflexion sur l’exigence de vérité que comporte nécessairement la foi chrétienne, il s’agit d’un rapport complexe, car la foi n’est pas la science, mais elle se fonde néanmoins sur la conviction que le Christ, Verbe de Dieu, est cette Vérité même, et que de lui découle toute pensée vraie, avec laquelle peut consonner l’intelligence de tout homme. D’où l’audace évangélisatrice qui est la sienne.

L’article de Clément Pussiau nous conduit dans les parages de la psychologie des profondeurs et de l’histoire des religions pour nous montrer simultanément l’universalité du sentiment religieux et ses dérives possibles.

La lettre d’un de nos amis vient conclure cette partie en montrant comment la vérité revendiquée par le christianisme a pu se retourner contre lui, quand elle a été vécue dans un contexte identitaire, où le credo est instrumentalisé pour faire pièce à ceux du dehors.

Nous accueillons avec joie dans ce numéro, sous la rubrique Varia, l’article d’un de nos anciens collaborateurs revenu parmi nous, complétant le témoignage rendu dans le précédent numéro sur Mgr Charles.

Que nos lecteurs n’hésitent pas à entrer dans le débat soulevé par ce numéro et nous fassent l’honneur de réagir aux positions que nous avons voulu défendre, dans le seul désir de servir la Vérité qui nous dépasse.

Réalisation : spyrit.net