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Histoire, mystère, sacrements. L’initiation chrétienne dans l’œuvre de Jean Daniélou (Guillaume Derville)

D.D.B., Paris, 2014, 828 p.
Jean Lédion

La publication de la thèse de Guillaume Derville qui fait l’objet cet ouvrage peut paraître très alléchante, puisqu’elle porte sur un aspect essentiel de l’œuvre du cardinal Daniélou, à savoir la catéchèse multiforme qu’il a pu dispenser au cours de sa vie d’évangélisateur. En outre, cette connexion entre l’histoire, le mystère (au sens paulinien du terme) et les sacrements, est évidemment au cœur du message chrétien.

Pourtant, le lecteur, après avoir lu la préface du cardinal Sarah, s’aperçoit très vite de la difficulté de parcourir l’ensemble de cet ouvrage. En effet, il semble que la thèse ait été publiée in extenso, avec tous les renvois justificatifs destinés à étayer les propos de l’auteur. Il est dommage que la publication ne se soit pas accompagnée d’un allégement des références, sachant que le lecteur « ordinaire » n’a pas besoin de tout ce qui est destiné aux rapporteurs et autres membre du jury ! C’est pour cela que la lecture de cet ouvrage, déjà très long, est fort pénible, car certaines pages comportent deux lignes, le reste étant rempli par les références bibliographiques.

L’inconvénient de cette pléthore de références est compensé par le fait que l’auteur a mis à la disposition du lecteur tout un ensemble de textes de Daniélou, dont certains ne sont pas forcément très accessibles. Autre avantage, il a précisé, voire rectifié, les références des citations patristiques de J. Daniélou, dont on sait qu’elles étaient quelques fois imprécises, sinon fantaisistes ; ce qui souvent était lié à des citations de mémoire au cours de conférences. Le lecteur ne peut qu’en tenir gré à l’auteur.

Sur le fond, G. Derville fait évidemment le tour de la question de l’initiation chrétienne dans l’œuvre de J. Daniélou. Il utilise beaucoup les ouvrages de circonstance, publiés de son vivant ou après sa mort, dont certains ont vieilli, car ils se ressentent des problématiques de l’époque. En revanche, il fait moins appel aux ouvrages plus érudits qui étaient consacrés aux origines chrétiennes, notamment à tout ce qui concerne la « théologie judéo-chrétienne », c’est-à-dire à cette théologie des débuts du christianisme où les auteurs s’appuient sur des concepts bibliques ou empruntés aux courants apocalyptiques, sans apports des philosophies grecques. Or c’est sans doute dans ce domaine que l’œuvre de Daniélou a été particulièrement originale car elle lui a permis, paradoxalement, de mieux interpréter les auteurs de l’époque patristique qui étaient, malgré leur utilisation de nombreux concepts empruntés à la philosophie grecque, encore tributaires des catégories de cette théologie « judéo-chrétienne ».

Ce livre restera, bien sûr, précieux pour tous ceux qui s’intéressent à l’œuvre du cardinal Daniélou, car ils y trouveront une mine de renseignements dans le texte, mais aussi dans les annexes riches en éléments bibliographiques. En outre, il devrait contribuer à inciter le lecteur à lire ou relire les œuvres majeures de Jean Daniélou.

Jean Lédion, marié, trois enfants. Diplôme d’ingénieur, docteur d’État ès Sciences Physiques. Enseignant dans une école d’ingénieurs à Paris.

Réalisation : spyrit.net