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Jalons d’une politique non conformiste

Samuel Pruvot

Rien de nouveau sous le soleil, enseigne l’Ecclésiaste, pas même en politique. Tel le sage biblique, Mgr Charles savait peut-être plus qu’un autre que les penseurs de la cité ressuscitent, pour leur époque, de vieux mythes indéracinables. Pour autant, il ne s’est jamais caché de préférer les régimes conservateurs aux utopies progressistes. Évitant la tentation d’ériger la politique en idole, il cherche les manières opportunes de lui appliquer les principes de l’Église. Contemporain des idéologies totalitaires, son attitude défie les conformismes lorsque par souci de fidélité à l’Évangile, il bouscule le clivage droite-gauche. Ancien ami de l’Action française, il accepte par exemple de figurer en 1936 sur une affiche communiste dont les revendications lui paraissent légitimes. Parmi ses proches collaborateurs, au Centre Richelieu ou à la Basilique, évoluent des hommes venus d’horizons politiques très divers. La liberté de ses propos, refusant aussi bien de diaboliser le nationalisme français que le communisme soviétique, lui vaut beaucoup d’incompréhensions. Mgr Charles a toujours revendiqué la faillibilité politique des clercs, estimant que le pape a autre chose à faire qu’à dicter un bulletin de vote. L’infaillibilité concerne l’enseignement constant de l’Église sur des sujets fondamentaux, comme le droit de la propriété ou le respect de la personne humaine. Si le laïc peut librement militer pour un programme politique qu’il estime compatible avec les exigences chrétiennes, il en va autrement du prêtre. Mgr Charles ébranlait parfois la conviction de ses auditeurs, les convainquant que l’Église ne devait prendre en amitié un régime politique que par opportunisme. La France ne serait pas plus prédestinée à la monarchie qu’à la démocratie. Confronté, comme les autres, aux soubresauts de l’histoire nationale au XXe siècle, il tente d’éclairer le libre choix de ceux dont il a la charge, face au Front populaire, au régime de Vichy, à la guerre d’Algérie ou encore à mai 1968. De l’aveu de Mgr Charles lui-même, la difficulté est grande. Les principes de théologie politique sont habituellement difficiles à comprendre par des fidèles qui ne cessent de demander des exemples. Ce faisant, le prêtre risque de devenir partisan.

La condamnation de l’Action française

L’Action française est un mouvement politique incontournable pour un homme de la génération de Maxime Charles. Depuis que Maurras a pris la direction, vers 1900, de ce petit groupe d’intellectuels réunis autour de Maurice Pujo, leur revue devient le fer de lance d’un nationalisme monarchiste fédérant la majorité de la droite antirépublicaine. Son influence ne cesse de croître, en particulier auprès des intellectuels comme Jacques Maritain ou Georges Bernanos. Favorables à l’Église en un temps d’anticléricalisme gouvernemental virulent, les théoriciens du mouvement séduisent de très nombreux catholiques. À la même époque, un écrivain converti du nom de Léon Bloy stigmatise cette alliance contre nature entre catholiques et conservateurs. Lorsque Pie XI décide de mettre à l’index le très célèbre journal de Charles Maurras, Maxime Charles n’a pas encore vingt ans. Semblable à bon nombre de jeunes catholiques de sa génération, l’élève du petit séminaire de Conflans est ébranlé dans ses convictions. Depuis plusieurs années déjà, il fréquente la littérature de l’Action française, il apprécie la verve antirépublicaine et le nationalisme de ses rédacteurs. Il témoigne de la fougue politique juvénile des grands adolescents de son temps. Maxime Charles est maurrassien par goût et esthétique, mais il ne ressemble en rien à un militant professionnel un camelot du roi, rodé aux joutes politiques les plus viriles. Il participe d’assez loin aux milieux d’Action française, par un anticonformisme très répandu à l’époque. Quand il s’agit de se plier à la condamnation romaine, il le fait presque immédiatement. Il n’est pas d’avis de suivre cette frange du catholicisme français qui entre en dissidence à la suite du cardinal Billot, privée des sacrements et des funérailles religieuses. Probablement, Maxime Charles ne se doutait pas qu’en lisant la presse du nationalisme intégral » il s’imprégnait, selon les mots du pape, « d’une conception païenne de la cité et de l’État où l’Église n’a de place que comme soutien de l’ordre ».

Ce premier contact avec l’épineuse question des rapports entre le spirituel et le temporel est pour lui riche en enseignements. Très vite, Maxime Charles considère l’acte du pontife comme une véritable libération pour les catholiques français. L’Église ne peut s’inféoder à un parti, à une philosophie politique partisane. Personne ne lui demande de rendre compte publiquement de son obéissance à Rome, mais il y a fort à parier que son cheminement intérieur de 1926 ressemble à celui d’un Jacques Maritain (1882-1973). Ce dernier, fils spirituel du P. Clérissac et ami intime d’Henri Massis, se sépare alors de ses amis de l’Action française. En rédigeant, en 1926, un opuscule intitulé Primauté du spirituel, le philosophe thomiste revendique la supériorité de la religion catholique sur toute civilisation profane. Le christianisme a jadis résisté à la chute de l’Empire romain, il peut et doit survivre à un modèle de chrétienté plus ou moins idéalisé. Contemporain de cet événement capital de l’histoire de l’Église de France, Maxime Charles veut soumettre sa passion politique aux exigences de l’Évangile et de ses ministres... La condamnation de 1926 est donc pour lui une leçon. Le Christ ne souffre pas le carcan d’un parti. Léon Bloy le scandait déjà au début du siècle à propos d’une certaine bourgeoisie catholique aux motifs douteux. L’opportunisme des clercs en matière politique est loin d’être infaillible.

Du Front populaire à Vichy

Parmi les grandes heures de l’histoire nationale, le Front Populaire en est une que Maxime Charles a eu le temps de méditer. Inquiets d’une menace fasciste qu’ils croient discerner dans les ligues nationalistes, les forces de gauche, communistes y compris, se coalisent lors des élections législatives de mai 1936. Autour de Léon Blum se forgent tous les espoirs de justice sociale dans une atmosphère unique qui culmine dans le mouvement de grèves des semaines suivantes. Loi sur les congés payés ou semaine des 40 heures, les ouvriers de France témoignent d’une euphorie de courte durée. Les effets de la crise économique et de la guerre d’Espagne ruinent l’utopie joyeuse du printemps 1936, mais le souvenir en est ineffaçable.

Séminariste à l’Institut catholique de Paris, Maxime Charles s’intéresse vivement à la question ouvrière. Comment porter l’Évangile à ces hommes majoritairement séduits par les promesses du marxisme ? L’enjeu est difficile, et Pie XI ne manque pas de le rappeler en 1931, à l’occasion du quarantième anniversaire de Rerum novarum. Aux Carmes, personne n’ignore les recommandations pontificales de cette nouvelle encylique sociale, Quadragesimo anno, qui met en garde les ouvriers contre les chimères du socialisme à la française. Ordonné en 1935, Maxime Charles bouscule les usages en demandant à exercer son ministère dans les banlieues populaires. Vicaire à Malakoff, il se retrouve aux premières lignes de l’évangélisation de ces foules éloignées de l’Église. En charge des jocistes dès son arrivée, jeunesse ouvrière chrétienne, il ne répugne pas à leur donner une solide formation théologique capable de tempérer leur fureur politique. La doctrine sociale de l’Église a son mot à dire dans les conflits sporadiques qui opposent les grévistes à leurs patrons. Refusant l’idéologie de la lutte des classes qui masque les blessures intimes de la vie en société, le vicaire prêche à ses jeunes une vision organiciste de la cité. Aussi loin de l’ouvriérisme que du capitalisme sauvage, l’abbé Charles veut défendre l’indépendance absolue des chrétiens face aux engagements temporels. Cette attitude est mal comprise à l’époque. Il est soupçonné d’amitié avec les communistes à plusieurs reprises. Une première fois, c’est un militant du Mouvement pour l’Unité, du P. Fillère, qui prévient les autorités ecclésiastiques compétentes, après avoir vu le nom du vicaire sur une affiche communiste. L’abbé Charles, selon son propre témoignage (mais il faudra sans doute une enquête pour préciser ce point), aurait été convoqué en 1936 par Pie XI lui-même pour une affaire similaire. Reçu, on ne sait trop comment, dans le bureau du pontife, il doit rendre compte de son attitude. Rassuré de l’orthodoxie du vicaire de Malakoff, le pape lui aurait alors demandé son avis sur la politique de rapprochement imaginée par Maurice Thorez, à l’intention des travailleurs catholiques. « Que pensez-vous de la main-tendue ? » « Cela dépend de la force du poignet » se serait empressé de répondre l’abbé Charles.

Il est vrai qu’il en déconcerte plus d’un à Malakoff. Un jour, il visite un industriel de son secteur pour l’accuser d’embaucher ses gendres aux plus hauts postes, eu dépit de leur inaptitude notoire. Un autre, il traverse le barrage d’ouvriers qui entoure une usine malakovite pour apporter un rasoir au patron séquestré. À l’heure des grèves, il n’hésite pas à convier ses jocistes à la messe, avant le grand départ. Lors des élections municipales, il refuse la politique du pire, c’est-à-dire de l’abstention. Confronté à l’hégémonie socialiste et communiste de Malakoff, il conseille publiquement de voter en faveur des premiers au nom du moindre mal. Proche de l’Action populaire des Jésuites de Vanves, il cherche une solution vraiment chrétienne à la détresse de ceux qu’on appelle les prolétaires. Le vicaire n’hésite jamais à proclamer les exigences de la théologie morale, en s’indignant par exemple de l’idée du droit de grève dans le service public, susceptible de léser gravement les usagers.

Lorsqu’en juin 1940, le maréchal Pétain s’offre à la France vaincue, l’abbé Charles est satisfait, mais il garde la tête froide et ne partage pas l’enthousiasme excessif de la majorité des Français. En lui, il croit voir la légitimité du pouvoir, servie par un personnage à l’histoire prestigieuse. Mais son patriotisme d’adolescent se double d’une crainte grandissante face à l’occupant allemand. L’abbé Charles est favorable à l’armistice. Il est reconnaissant au régime de Vichy d’avoir évité le contrôle entier du territoire par l’ennemi et reconnaît en lui la continuité de la nation. Après avoir été fait prisonnier pendant la drôle de guerre, l’abbé Charles avait réussi, après s’être échappé et avoir passé en zone sud, à rejoindre les Chantiers de Jeunesse. Créés sous l’impulsion du général de la Porte du Theil afin d’occuper les jeunes en âge d’effectuer leur période militaire, ils sont les fiefs d’une pédagogie audacieuse et traditionnelle. Aumônier dans la région lyonnaise, l’abbé Charles est heureux de participer à ce vaste projet dont il partage la philosophie générale. Goût de l’effort, vie communautaire, sens de l’autorité, respect de la patrie et des traditions, autant de valeurs avec lequelles ce jeune prêtre se sent à l’aise. De juillet 1940 à novembre 1942, il jouit d’une grande liberté d’action. Les grandes lignes de l’armistice lui semblent respectées. L’abbé Charles travaille à former cette nouvelle génération d’hommes entrevue par la Porte du Theil. Il exerce son ministère auprès des jeunes, leur communiquant par dessus tout, comme à Malakoff, l’amour de Dieu et le zèle missionnaire.

La situation se gâte avec l’occupation de la zone sud. Pour cet aumônier des Chantiers, le pouvoir appartient désormais de fait aux occupants. Il voudrait bien que Pétain se réfugie à Alger pour conserver sa légitimité et son autonomie. Quant à la résistance orchestrée par de Gaulle, l’abbé Charles ne peut s’empêcher de reconnaître en lui un militaire félon. Par un souci de liberté intérieure sans doute conjugué avec le patriotisme, l’abbé Charles refuse de s’inféoder aux hommes de Vichy. « Aujourd’hui, j’obéis au maréchal comme j’obéirais demain à Thorez ». L’affirmation ne manque pas de sel quand on songe à la maigreur des accointances entre l’abbé Charles et le premier secrétaire du parti communiste. Par réalisme, l’aumônier des Chantiers veut pratiquer la loyauté paulinienne envers le pouvoir, sans pour autant renoncer à l’indépendance du chrétien, jusqu’au martyre s’il en était besoin. Quand les occupants mettent en place le STO (service du travail obligatoire), l’abbé Charles conseille à ses jeunes, s’ils sont obligés d’y participer, d’y aller en missionnaires auprès de leurs camarades. Mais il souffre beaucoup de voir partir les uns, dans la milice, les autres, dans le maquis. Témoin de cette déchirure terrible, il continue à rappeler les éléments fondamentaux d’une théologie politique catholique, libre à chacun de se déterminer pour appliquer au mieux ces principes. Si l’abbé Charles s’est rangé aux côtés du maréchal Pétain en faveur d’une politique de restauration nationale, il conserve une liberté d’action fondamentale, issue des impératifs religieux de son ministère, la question juive restant pour lui l’objet d’une douloureuse interrogation. S’il prête l’oreille aux critiques des pétainistes envers la défunte troisième République, il ne franchit jamais le pas d’une collaboration avec les occupants. En 1943, lors d’une réception à laquelle il a été convié à Lyon, il refuse de serrer la main qu’un militaire allemand lui présente. L’abbé Charles était de ceux qui aimaient les Allemands en Allemagne.

De la guerre d’Algérie aux révolutions étudiantes

L’abbé Charles est un témoin direct des débats houleux sur la décolonisation, en particulier au Quartier latin. Responsable du Centre Richelieu, paroisse des étudiants de la Sorbonne, il va tenter de rappeler les exigences de la théologie morale, à défaut de divulguer des consignes. C’est dans le cadre de cours hebdomadaires de théologie ou de conférences exceptionnelles, que l’abbé Charles aborde la délicate question du colonialisme. À l’automne de l’Empire français, en grande partie édifié par les républicains radicaux avant 1914, les catholiques se demandent quelle conduite adopter. L’année 1956 est à cet égard significative. Alors que, sur le terrain, la lutte entre l’armée française et le FLN s’aggrave, le clivage se retrouve en métropole, en particulier chez les catholiques. Les uns prônent déjà la défense de l’Occident au nom d’un « combat entre la croix et le croissant », par le biais de revues comme Itinéraires, La pensée catholique ou Verbe. En réponse, d’autres chrétiens militent en faveur de l’indépendance algérienne, dans les colonnes de Témoignage Chrétien ou de Signes des Temps.

Si l’abbé Charles semble plus proche du milieu des partisans de l’Algérie française, majoritaires à l’origine, son interrogation porte surtout sur la légitimité de la colonisation. Nous retrouvons ce souci dans la jeune revue Résurrection, fondée en 1956, à l’occasion d’un dossier. Abordant indirectement le problème algérien, qui s’envenime depuis 1954, il brosse à grands traits ‘enseignement de la théologie morale à ce sujet. L’abbé Charles est en outre un fin connaisseur de l’école de Salamanque, grâce à ses professeurs de l’institut catholique, dont il applique les principes pour son temps. Sa conviction est qu’en définitive seule l’évangélisation autorise une ingérence spirituelle dans un pays tiers. Les Hébreux, qui prennent possession de la Terre promise avec Josué, connaissent ensuite l’humiliation de la conquête. L’abbé Charles fait remarquer que le Christ se refuse aux projets de ceux qui veulent faire de lui le chef d’une libération nationale. On ne peut faire du christianisme une arme temporelle contre l’occupant, romain ou français.

En Afrique du Nord, la colonisation est d’abord le fait de responsables politiques anticléricaux comparables à Jules Ferry. Le catholicisme, dans cette perspective, n’est rien d’autre qu’un élément de la culture française à exporter. Pour sa part, l’abbé Charles regarde avec vigilance cette mythologie républicaine du début du siècle qui, au nom d’une mentalité positiviste, prétendait civiliser les sauvages. Lorsque certains se servent de la religion pour défendre une présence politique de l’Occident de l’autre côté de la Méditerranée, il s’indigne. Avant le coeur du conflit algérien, l’abbé Charles met en garde ses étudiants contre des attitudes prétendument chrétiennes face à la crise coloniale. La première consiste à faire du Christ le chantre d’une libération temporelle, si justifiée soit-elle. La seconde, peut-être plus pernicieuse, se résume dans la confusion entre l’Église et des intérêts politiques, les missionnaires et les diplomates.

Les années qui suivent le placent devant le terrible problème de la torture, dans le cadre d’une guérilla sans merci. La volonté de l’abbé Charles, désormais recteur de la basilique du Sacré-Coeur depuis 1959, est de limiter la place de l’arbitraire en Algérie. Se fondant sur un texte du pape Nicolas Ier de 866, il enseigne que l’aveu ne peut être extorqué auprès de n’importe qui n’importe comment. La contrainte ne peut léser des innocents ou présumés tels. Dans la situation limite d’un terroriste condamné à mort, et seulement dans ce cas, il est envisageable de pratiquer des « interrogatoires musclés », au nom du moindre mal. L’abbé Charles laisse ensuite à chacun le soin de juger, sur place, de l’opportunité de telle ou telle conduite. A ceux qui lui demandent conseil, il ne cache pas les exigences de l’Église contre, éventuellement, celles de l’État.

Mgr Charles travaille, à Montmartre, à attirer des jeunes autour du sanctuaire. Cours de théologie des chapelains, vie au rythme de l’année liturgique ou encore pèlerinages, la Basilique a une certaine prise sur le monde étudiant des années 1960-1970. Confronté à l’agitation politique du printemps 1968, le recteur fait une nouvelle fois preuve de fermeté, mais aussi de largesse d’esprit. Il se garde surtout des jugements hâtifs de certains contemporains, discernant le Saint-Esprit sur les barricades, ou encore le diable en la personne des jeunes révolutionnaires. Dans les premiers jours de mai, Mgr Charles propose aux maîtrisiens un exposé sur le « devoir d’insurrection ». Un sujet audacieux inspiré du tyrannicide chez saint Thomas d’Aquin, et qui donne des idées à certains d’entre eux. Forts des recommandations du recteur, sept élèves s’en vont manifester l’âme tranquille. Au directeur de l’établissement, ils laissent entendre les bienfaits d’une insurrection légitime, couverte par l’Église. À leur retour au bercail, Mgr Charles ne manque pas de les exclure de l’établissement, non sans les réintégrer un peu plus tard. Sans doute fallait-il encore leur donner des explications supplémentaires sur l’opportunité d’une juste rébellion.

Conclusion

Les clercs sont donc faillibles dans leurs engagements politiques, mais infaillibles sont les principes qu’ils enseignent. Mgr Charles est de ceux qui expriment ce paradoxe, véritable tension entre la sagesse de l’Église et la faiblesse des hommes. Se défiant des idéologies comme des idoles, Mgr Charles remet à leur place ceux qui croient fonder un paradis sur terre par un simple programme. Pessimiste sur l’histoire de l’humanité en quête d’une paix introuvable, il fait songer à Pascal. Mais c’est par leur conformité à Dieu, non par leurs réformes, que les saints répandent, toujours avec fragilité, le parfum du Royaume sur terre. Il faut dire que l’Ecclésiaste, dans sa sagesse qui est celle des nations, ignorait encore le Christ : la nouveauté à laquelle il ne croyait pas, c’est celle du Christ qui laisse apparemment inchangé le vieux monde. Mgr Charles a dit à sa façon et cette permanence et cette nouveauté.

Samuel Pruvot, né en 1969, D.E.A. de sciences politiques. Journaliste à Famille Chrétienne, membre de la Communauté apostolique Aïn Karem.

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