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L’Esprit Saint à l’œuvre dans le sacrement de l’Eucharistie

P. Louis Bouyer
Le théologien français Louis Bouyer, auquel la revue Résurrection rend ici hommage après son décès en octobre 2004, a participé activement à la réflexion sur la liturgie, comme consultant au Concile de Vatican II. Le texte reproduit ci-dessous explique la signification des deux épiclèses (invocations à l’Esprit Saint) qui entourent le moment de la consécration dans la prière eucharistique. Dans la première épiclèse, qui porte sur le pain et le vin, le prêtre demande à l’Esprit de rendre présent (de représenter, dit le texte) le sacrifice de Jésus à travers ces espèces. Dans la seconde, il demande à ce même Esprit de sanctifier les participants au sacrifice en les unissant au corps de Jésus transfiguré.



Comme le Christ a représenté, signifié efficacement au Père son sacrifice, qui s’accomplirait sur la croix, en célébrant une première fois l’eucharistie du pain et du vin, comme de son corps et de son sang, nous attendons de l’Esprit qu’il nous les représente à nous-mêmes, comme ce même corps et ce même sang, par lequel nous serons associés au Nouvel Adam et à son œuvre rédemptrice. C’est ainsi que les symboles de sa mort rédemptrice, que nous proposons nous-mêmes maintenant au Père, ne seront pas des symboles vides de leur contenu, mais l’expérience de la présence, mystérieuse mais réelle et efficace, de ce qu’ils expriment.

La consécration, cependant, du pain et du vin, dans cette perspective, n’est pas isolée de la consécration de nous-mêmes, par laquelle l’Esprit fera de nous tous un seul corps dans le Christ. Mais réciproquement, cet accomplissement ultime de l’Eucharistie en nous-mêmes repose sur la conviction de ce que le pouvoir de l’Esprit du Christ assure son contenu permanent, pour l’Église, qui a foi en la parole du Sauveur, au mémorial qu’il a établi une fois pour toutes. Il n’est guère besoin de souligner après cela combien est donc intime la connexion, dans cette épiclèse, entre l’acceptation du mémorial sacrificiel, la consécration des éléments et l’effet de notre participation : faire de nous tous le Corps du Christ en sa plénitude.

Louis Bouyer, Eucharistie, théologie et spiritualité de la prière eucharistique, Paris, Desclée, 1990 (1ère éd. 1966), p. 290.

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