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La Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l’Église

4. Le Concile Vatican II nous prépare à cela [le Jubilé de l’an 2000] en présentant dans son enseignement la Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l’Église. En effet, s’il est vrai que « le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné » – comme l’affirme ce même Concile [Gaudium et spes, § 22] – il convient d’appliquer ce principe d’une manière toute particulière à cette « fille des générations humaines » exceptionnelle, à cette « femme » extraordinaire qui devint la Mère du Christ. C’est seulement dans le mystère du Christ que s’éclaire pleinement son mystère. Du reste, c’est ainsi que l’Église a cherché à le déchiffrer dès le commencement : le mystère de l’Incarnation lui a permis de pénétrer et d’éclairer toujours mieux le mystère de la Mère du Verbe incarné.

Dans cet approfondissement, le Concile d’Éphèse (431) eut une importance décisive, car, à la grande joie des chrétiens, la vérité sur la maternité divine de Marie y fut solennellement confirmée comme vérité de foi dans l’Église. Marie est la Mère de Dieu (Theotokos), parce que, par le Saint-Esprit, elle a conçu en son sein virginal et a mis au monde Jésus Christ, le Fils de Dieu consubstantiel au Père [1]. « Le Fils de Dieu […], né de la Vierge Marie, est vraiment devenu l’un de nous » [GS 22], il s’est fait homme. Ainsi donc, par le mystère du Christ, le mystère de sa Mère resplendit en plénitude à l’horizon de la foi de l’Église. À son tour, le dogme de la maternité divine de Marie fut pour le Concile d’Éphèse et est pour l’Église comme un sceau authentifiant le dogme de l’Incarnation, selon lequel le Verbe assume véritablement, dans l’unité de sa personne, la nature humaine sans l’abolir.

5. Présenter Marie dans le mystère du Christ, c’est aussi pour le Concile une manière d’approfondir la connaissance du mystère de l’Église. En effet, Marie, en tant que Mère du Christ, est unie spécialement à l’Église, « que le Seigneur a établie comme son corps » [Lumen gentium, § 52]. Le texte conciliaire rapproche de façon significative cette vérité sur l’Église corps du Christ (suivant l’enseignement des Lettres de saint Paul) de la vérité que le Fils de Dieu « par l’Esprit Saint est né de la Vierge Marie ». La réalité de l’Incarnation trouve pour ainsi dire son prolongement dans le mystère de l’Église – corps du Christ. Et l’on ne peut penser à la réalité même de l’Incarnation sans évoquer Marie, Mère du Verbe incarné.

Cependant, dans les présentes réflexions, je veux évoquer surtout le « pèlerinage de la foi » dans lequel « la bienheureuse Vierge avança », gardant fidèlement l’union avec le Christ [LG 58]. Ainsi ce « double lien » qui unit la Mère de Dieu avec le Christ et avec l’Église prend une signification historique. Il ne s’agit pas ici seulement de l’histoire de la Vierge Mère, de l’itinéraire personnel de sa foi et de la « meilleure part » qu’elle a dans le mystère du salut, mais aussi de l’histoire de tout le Peuple de Dieu, de tous ceux qui participent au même pèlerinage de la foi.

Cela, le Concile l’exprime dans un autre passage quand il constate que Marie « occupe la première place », devenant « figure de l’Église […] dans l’ordre de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ » [LG 63] [2]. Sa « première place » comme figure, ou modèle, se rapporte au même mystère intime de l’Église, qui réalise et accomplit sa mission salvifique en unissant en soi, comme Marie, les qualités de mère et de vierge. Elle est vierge, « ayant donné à son Époux sa foi, qu’elle garde intègre et pure », et elle « devient à son tour une Mère […] : elle engendre, à une vie nouvelle et immortelle, des fils conçus du Saint-Esprit et nés de Dieu » [LG 64].

Jean-Paul II, Redemptoris Mater (1987).

[1] Concile œcuménique d’Éphèse, DS 250-264 ; cf. Conc. œcuménique de Chalcédoine, DS 300-303.

[2] Voir aussi Ambroise, Expos. evang. sec. Lucam II, 7 ; De institutione virginis XIV, 88-89.

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