La Montée à Jérusalem, Le dernier voyage de Jésus selon Luc (9,51-19,48). (Stéphane Beaubœuf)

Stéphane Beaubœuf a une formation de littéraire classique, mais aussi d’exégète, il est actuellement chargé d’enseignement à l’Institut catholique de Paris. Il nous livre ici une étude ciblée sur un passage-clé du troisième Evangile : la « montée à Jérusalem », unité littéraire où saint Luc a rassemblé de nombreuses péricopes (certaines venues de la tradition marciennes, d’autres qui lui sont propres) dans un vaste ensemble qui constitue son récit du dernier voyage de Jésus à Jérusalem, juste avant sa Passion (Lc 9,51-19,48). Ce n’est pas saint Luc qui a inventé le thème d’une ultime montée du Christ vers la Ville Sainte dans l’imminence de sa mort, puisque les trois synoptiques s’y réfèrent. Mais il lui a donné une grande ampleur littéraire, puisque près de la moitié de son évangile y est consacrée. L’auteur opte pour un plan thématique, mais en repérant trois étapes suffisamment scandées pour répartir la matière de façon ascendante. Le début de chacune de ces sections est une annonce ou un rappel du thème de la montée à Jérusalem : Lc 9,51 ; 13,22 ; 17,11. L’auteur fait ici un parallèle suggestif avec l’itinérance d’Élie entraînant son disciple Élisée vers le lieu de son « ascension » et le faisant passer par trois villes, Guilgal, Béthel, Jéricho, avant d’atteindre les bords du Jourdain. Ce rapprochement parait à l’auteur de nature à éclairer le dessin de saint Luc, le chemin de Jésus qui va vers sa passion et sa Glorification étant ainsi référé à la destinée d’Elie, comme cela apparaissait déjà dans le récit de la Transfiguration et dans d’autres péricopes (résurrection du fils de la veuve).