La Vierge Marie - Hommage à Jean-Paul II
Curieusement, aucun numéro de la collection, pourtant déjà longue, de Résurrection n’était consacré explicitement à la Vierge Marie. Sans doute la trouvait-on tout naturellement présente dans la réflexion sur l’Incarnation et celle sur l’Église, ainsi que dans le numéro sur la féminité (94-95 de la nouvelle série : « homme et femme, il les créa ») mais les rédacteurs de Résurrection n’avaient encore jamais travaillé explicitement sur la doctrine mariale. D’aucuns ne manqueront pas de gloser sur cette absence et y voir l’influence de Mgr Charles, à qui on a parfois reproché une certaine déficience en ce domaine, dont il se défendait d’ailleurs, en disant que la Vierge Marie avait sa place dans tous les mystères du Christ, mais qu’on n’avait pas forcément besoin de lui consacrer un chapitre à part de la théologie. Lui-même, qui avait animé tant de pèlerinages vers Lourdes et Chartres, ne saurait être taxé d’un manque de piété mariale, et il nous fit jadis la confidence que la prière du Rosaire avait été la consolation de ses dernières années.
Pourtant, il n’est que justice qu’un numéro de la revue soit enfin consacré à la Mère de Dieu, elle qui fut si souvent un « rempart contre les hérésies », et surtout le « Trône de la Sagesse », maîtresse de Vérité, non moins que source de Grâce, dans l’Église. Et symboliquement, ce numéro se présente à la veille du cinquantenaire de la revue. La note mariale ainsi donnée à l’évènement ne sera sans doute pas sans conséquence. Si nous rendons grâce pour l’exceptionnelle fécondité de l’entreprise commencée il y a un demi-siècle, nous essaierons comme Marie et avec elle de retenir les leçons du passé, de les méditer dans notre cœur, afin de mieux nous préparer à l’avenir.
Ce numéro est encore chargé d’une autre intention. Les rédacteurs de Résurrection ont tous une dette de reconnaissance à l’égard du pape Jean-Paul II qui nous a quittés en 2005 : beaucoup sont nés sous son pontificat, c’est lui qui fut leur Père à plus d’un titre. Ils ont voulu tout spontanément consacrer à sa mémoire un numéro de la revue et, plutôt que de bâtir un ensemble d’articles autour de sa pensée, comme cela aurait pu se faire, ils ont pensé rejoindre son désir le plus profond en dédiant cet hommage à la Vierge Marie.
Il ne saurait s’agir évidemment dans ce numéro de tout dire sur Marie, ou même sur la pensée mariale de Jean-Paul II. Trois éléments principaux ont été retenus : la place de la Vierge Marie au cœur des réalités sociales et politiques (article d’Isabelle Rak sur le rapport des nations avec la Vierge Marie, que tous les peuples chrétiens acclament spontanément comme leur reine, révélant ainsi l’importance des patries) ; Marie comme maîtresse de prière qui peut renouveler notre lecture de l’Évangile (article de Michel Gitton sur les mystères « lumineux » dont Jean-Paul II a enrichi le Rosaire) ; le rôle de la Vierge Marie à la fois comme sujet du dogme (en l’occurrence l’Immaculée Conception) et comme occasion d’approfondissement de la Vérité révélée (article de Jacques-Hubert Sautel sur le rôle de Dom Guéranger dans la préparation de la définition de 1854). Des varia complètent ce numéro en illustrant quelques unes des réflexions contemporaines qui ont contribué à illustrer ce renouveau dans la continuité, dont Jean-Paul II a manifesté l’importance pour toute l’Église.
Un numéro-charnière, chargé, nous l’espérons, de bien des promesses pour l’avenir…
Résurrection