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La confession, premiers pas vers la liberté

Résurrection

Le sacrement de réconciliation est appelé couramment « la confession ». En rigueur de terme, celle-ci ne constitue qu’une partie du sacrement en question et pas forcément la plus importante (la théologie nous dit que l’élément décisif est la contrition). Pourtant l’aveu des péchés est le moyen normal par lequel nous est administrée la miséricorde divine, il faut savoir pourquoi.

LE PÉCHÉ

Le péché et la faute : les hommes ont beaucoup de mots pour désigner le mal moral : faute, crime, tort, manquement, etc… le « péché » est un terme strictement judéo-chrétien. Il se situe à l’intérieur de cette grande conviction que Dieu s’intéresse à l’homme et qu’il a une idée sur sa conduite morale ; seule la révélation biblique parle de péché, dans les religions anciennes les dieux ont des exigences purement rituelles (leur offrir des sacrifices), il y a des tabous et des interdits, mais la morale est affaire de philosophie.

Le péché, la culpabilité et la honte : de tout temps on a su que le mal moral laisse des séquelles, il nous met mal à l’aise avec nous-mêmes (remords) et avec les autres (rancune, vengeance), il peut provoquer des conséquences pathologiques (scrupules). Pourtant la culpabilité en elle-même n’est pas une mauvaise chose : savoir qu’on s’est trompé, se désolidariser d’un comportement mauvais, est un signe de santé, s’il ne dégénère pas en retour morbide sur sa faute.

Pas de péché involontaire : une fois remis dans l’axe de nos relations avec Dieu, le péché ne saurait être autre chose qu’un acte libre et volontaire ; l’Ancien Testament a pu connaître des souillures contractées par inadvertance (s’approcher d’un cadavre, pollution nocturne etc…) ou naturellement (les règles de la femme), et Jésus a bien marqué que le mal n’était pas dans ce qui entrait (se présentait à l’homme sans son consentement), mais ce qui sortait (les actes libres), cf. Mc 77,15. Il y a beaucoup de choses dans notre vie que nous regrettons (être maladroit, avoir des trous de mémoire etc…), rien de tout cela ne nous sépare de Dieu et ne nous empêche d’avancer. L’Église a toujours rappelé que le péché mortel supposait un vrai consentement et une connaissance suffisante. L’ignorance n’est pas toujours une excuse, car nous pouvons être responsable de notre ignorance, en n’ayant pas voulu chercher la vérité, mais ignorer sincèrement la gravité d’une faute peut en diminuer la culpabilité. Donc il n’y a pas de fatalité avec le péché : si c’est un péché, c’est que je peux m’en détacher, c’est un élément étranger.

L’acte du péché et l’état de péché : ce qu’il y a de terrible dans le péché, c’est qu’il ne laisse pas l’homme intact : sa liberté en est souvent diminuée, surtout lorsqu’il se répète. Il se sent mal à l’aise, il est honteux de sa faute, il se cache (comme Adam et Ève après leur faute), il est porté à renouveler son acte, non parce qu’il en est heureux, mais par dépit, par provocation, par lassitude. C’est là que le démon s’en mêle souvent, ne lui laissant entrevoir aucune porte de sortie, le persuadant qu’il est « comme ça » et que rien ne pourra changer, le poussant doucement au désespoir.

LA RÉCONCILIATION

Dieu et le péché : l’Ancien Testament (et même le Nouveau : Col 3,6 ; Ep 5,6 etc..) parle de la colère de Dieu, ce qui veut dire une incompatibilité entre Dieu et le péché, le péché abîme l’homme, Dieu ne peut le supporter. Mais il y a surtout sa miséricorde, cet amour prévenant avec lequel il se penche vers l’homme malheureux (quelle que soit la cause de son malheur) et désire ardemment le soulager, lui rendre sa dignité.

Le Christ et le péché : Jésus est venu pour « sauver son peuple de ses péchés » (Mt 1,21), il a « remis » les péchés en plusieurs occasions (Mt 9,2 ; Lc 7,48) ; surtout il a pris sur lui la condition de pécheur (au Baptême), il a « porté » le péché des hommes (Jn 1,29) : aux deux sens de supporter et d’enlever ; aujourd’hui il intercède pour les péchés (He 7,25).

L’acte réconciliateur : sur la Croix le Christ prend sur lui toutes les conséquences du péché, au point de se faire lui-même « péché » pour nous (2 Co 5,21), il connaît la souffrance et la mort qui sont le salaire du péché, il connaît la honte qui s’attache à la situation du pécheur, il est rejeté par son peuple, il connaît même l’horrible séparation de Dieu qui est la plus extrême souffrance pour le Fils bien aimé (« Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » ?), il descend plus bas que ne pourra jamais descendre aucun homme. Et à aucun moment, il ne remet en cause son obéissance, il refuse de se sauver lui-même, il attend tout du Père. Le ressort secret du péché est brisé : il a connu la pire faiblesse, celle qui amène l’homme à plier devant le chantage du Démon et il est resté fidèle.

Les images de la réconciliation : elles ont toutes leur limite : effacement de la tache (mais le péché n’est pas une souillure qui nous atteindrait de l’extérieur), remise de la dette (mais le côté financier et juridique nous surprend), pardon de l’offense (mais le péché est moins une offense à Dieu qu’un manque à gagner pour nous), guérison, etc…

LES SACREMENTS

La réconciliation à portée de notre liberté : ce que Jésus a fait une fois pour toutes (cf. épître aux Hébreux) nous atteint dans notre histoire personnelle à travers les sacrements. Car chaque fois qu’est célébré ce sacrifice en mémorial, c’est l’œuvre de notre rédemption qui s’accomplit (prière sur les offrandes du 2e dimanche du temps Ordinaire). L’Église n’ajoute rien à ce qu’a fait le Christ mais elle le « monnaye », en le faisant pénétrer dans ce moment du temps où nous sommes. Le sacrement est un signe visible et efficace de la grâce, nous ne nous donnons pas à nous-même le salut.

Baptême et Pénitence : il y a deux sacrements directement ordonnés à la rémission des péchés. Le baptême met en nous le feu de l’Esprit débordant du Cœur de Jésus au moment où il s’offre à son Père, il nous fait rompre par là-même avec l’hérédité adamique et met en nous la vie de la grâce. Aucune autre condition n’est demandée que la foi et une renonciation claire à l’Esprit du mal. La Pénitence (ou réconciliation) s’adresse au baptisé qui a péché. Puisqu’il a reçu les arrhes de l’Esprit, il s’agit de le rendre plus intimement participant à l’œuvre de son relèvement. C’est pourquoi quelque chose est requis de son côté : la contrition, l’aveu et même une certaine « réparation ». Ces « actes du pénitent » sont donc la matière du sacrement. On a parfois appelé la pénitence un baptême « peineux ».

LE SACREMENT DE RÉCONCILIATION : LES ACTES DU PÉNITENT

Pourquoi avons-nous quelque chose à apporter ? On est parfois choqué de l’obligation faite au pénitent de devoir faire une démarche jugée humiliante (l’aveu) : après tout, le père de l’enfant prodigue ne demande rien au fils repenti, il interrompt même ses excuses ; le pardon de Dieu est-il dépendant d’une démarche humaine ? Le mot de pardon risque de nous tromper, il ne s’agit pas seulement entre Dieu et nous d’une brouille où l’offensé pourrait passer l’éponge devant la bonne volonté de son interlocuteur, il s’agit d’une blessure de notre liberté, et pour restaurer celle-ci, Dieu demande toujours un début de mise en route, un pas en avant significatif, même s’il est prêt à le proportionner selon les forces de celui qui revient vers lui.

Qu’avons-nous à apporter ?

La contrition : il s’agit de nous convertir, et donc de rompre avec le péché, de tout faire ce qui est en notre pouvoir pour ne pas recommencer et même, si nous avons fait du tort à quelqu’un, en étant prêt à le réparer (comme Zachée, Lc 19,8). La confession ne nous dispense pas, bien au contraire, de faire ce travail sur nous-même. La question se pose seulement de savoir jusqu’à quel degré : au XVIIe siècle une querelle a éclaté opposant jansénistes et jésuites sur la question de savoir s’il suffisait d’une contrition « imparfaite » motivée par la seule crainte de l’enfer ou si la contrition parfaite était requise. Certains ripostèrent (à juste titre) que, si l’on avait une contrition totale par pur amour de Dieu, nous n’aurions même plus besoin du sacrement ; mais notre contrition n’est jamais d’emblée parfaite : puisque nous sommes pécheurs, notre regret est encore très centré sur nous-mêmes, mais il faut aller aussi loin qu’on peut sur le chemin de la contrition et l’absolution achèvera le travail.

L’aveu : il a pour but de nous faire renouer le dialogue que le péché avait rompu ; le péché est toujours un enfermement sur soi ; oser dire son péché, c’est sortir déjà de soi, s’exposer, se risquer. Nous prenons aussi conscience par ce moyen que le péché concerne quelqu’un d’autre (Dieu) que nous avons mis à l’écart de notre vie au moment où nous avons péché, nous comprenons qu’il ne voit pas forcément les choses comme nous, que son échelle de valeur n’est pas forcément la nôtre. Bien sûr, tout cela se passe à travers un homme qui est lui-même un pécheur, qui peut se tromper, dont nous pouvons redouter le jugement, etc… mais notre foi doit nous aider à franchir l’obstacle : cet homme est le relais que le Christ a mis sur notre chemin pour nous rendre ce service signalé de sortir du mutisme du péché. L’Église nous dit que l’aveu (au moins pour les péchés graves) doit être complet, pour autant que nous nous en souvenons après un examen sérieux. Il ne s’agit pas de se raconter, ni de se plaindre. Si nous avons des conseils spirituels à demander, il vaut mieux solliciter un entretien par ailleurs.

La réparation : il ne s’agit pas ici de la réparation directe, comme la restitution d’un bien volé (par ex.), qui s’impose dès qu’on veut sortir du péché. Il s’agit là de la « peine » que le confesseur nous fixe et nous demande d’accepter pour pouvoir nous donner l’absolution, jadis elle s’accomplissait avant l’absolution. Il ne s’agit pas d’une punition (même si les moines irlandais l’administraient sous forme de coups de bâtons !). Il s’agit de nous donner l’occasion, par un geste déterminé (de prière, de jeûne, de pèlerinage), de participer à notre relèvement. Dans la communion des saints, notre péché a pesé d’un certain poids dans le sens d’un alourdissement, en accomplissant la démarche prescrite, nous avons la joie de pouvoir apporter notre pierre à la reconstruction. Ne prenons pas à la légère cet effort (souvent symbolique), accomplissons-le fidèlement et le plus tôt possible : il fait partie du sacrement.

LE SACREMENT DE RÉCONCILIATION : L’ACTE DE DIEU

La sollicitation de notre liberté : nous avons l’impression que nous faisons presque tout, en fait c’est Dieu qui nous a précédés, son invitation était là relayée par l’Église, à travers les appels entendus qui nous disaient : « aujourd’hui si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Ps 95,7-8).

Le dialogue : l’intervention du Christ se fait plus nette encore, à travers la personne du prêtre, dont la seule présence devant nous nous dit la sollicitude du Christ qui l’a envoyé, il va passer par une bouche et une oreille humaines pour nous délivrer de nos péchés. Il va venir aussi comme médecin, car, avant même de donner l’absolution, le prêtre se penche sur notre aveu encore confus pour en tirer des lignes d’effort pour la suite.

L’absolution : tout cela culmine dans l’absolution qui conclue normalement la démarche (il peut arriver malgré tout que le prêtre remette à plus tard l’absolution, s’il n’a pas trouvé la contrition nécessaire, ou si le pénitent refuse les efforts demandés). Là, le prêtre agit directement in persona Christi, au point que son « je » disparaisse complètement au profit de celui de Jésus. La formule française parle de « pardon », ce qui n’est pas la meilleure traduction de ego te absolvo, « absoudre », c’est faire tomber les liens, ce qui est exactement l’objet du sacrement. Quoiqu’il en soit, il s’agit à ce moment-là de l’acte du Christ qui ressaisit toute la démarche du pénitent et la fait sienne. Jésus a porté le péché des hommes, c’est-à-dire qu’il a pris la place du pécheur, qu’il a encaissé tout ce qu’il y a pour lui de dur dans le retour à la volonté paternelle. Ainsi peut-il faire naître en lui l’attitude aimante qui le rapprochera de Dieu. L’absolution, ce n’est pas un coup de chiffon pour effacer les taches, c’est la restauration d’une liberté. C’est ce cœur devenu « liquide » dont parlent les mystiques d’Orient, cœur de chair qui remplace le cœur de pierre durci dans son refus, dans sa tristesse, dans son impuissance.

LA LIBÉRATION DE LA LIBERTÉ

Ce qui peut changer dans la suite de la confession : certaines confessions (après une longue interruption et un retour à la foi, ou à la suite d’un péché grave) s’accompagnent de transformations sensibles et généralement durables, qu’elles provoquent directement ou qu’elles sanctionnent ; mais d’autres, plus régulières, plus liées à la durée de la vie chrétienne, donnent l’impression que « rien ne change », que nous gardons nos défauts bien ancrés, qu’après un pas en avant, il y en a un et parfois plusieurs en arrière etc… D’où un scepticisme sur les fruits de la confession. Nous pouvons parfois nous dire que nous ne nous confessons pas bien, que nous manquons de foi et de contrition, ce qui est sans doute vrai, mais cela ne suffit pas à nous faire repartir. Demandons-nous d’abord ce que nous attendions : un progrès mesurable ? nous débarrasser de nos défauts, qui nous éprouvent et nous humilient ? Saint Paul lui-même, torturé par un « ange de Satan », a demandé au Seigneur d’être délivré et n’a obtenu pour toute réponse : « ma grâce te suffit » (2 Co 12,9). La confession n’est pas un traitement psychologique, et l’illusion de pouvoir déraciner nos manques et nos faiblesses vient de la nostalgie d’une toute-puissance sur nous-même, que Dieu n’encourage pas. Le maintien de la lutte, malgré la récurrence des défauts (qui ne sont des péchés que si nous y cédons), est une grande preuve d’amour pour lui. Nous ne sommes pas maître des traits de notre psychologie, qui se durcissent généralement avec l’âge (comme les traits de notre visage), mais il y a toujours place pour un changement possible, même minime, même imperceptible à notre entourage. Plus nous nous démarquons de nos mauvaises habitudes (grâce entre autres à la confession), plus nous retrouvons de mobilité. Le démon, qui utilise toutes les ouvertures que nous lui laissons, sait fort bien user de ce qui marche ; ce qu’il veut, c’est moins de nous faire faire des bêtises que de nous acculer à la tristesse, au cynisme, au laisser aller. Nous ne serons peut-être pas des modèles, mais la confession fréquente fait avancer des êtres qui restent petits devant Dieu et utilisent les armes des petits : des résolutions simples et efficaces, une mise en garde humble contre soi-même, une reprise patiente de l’effort, un recours à la prière confiante. C’est ainsi que Dieu fait des saints.

Comment mieux se confesser : il est souvent utile de se fixer un rythme, correspondant au point où nous en sommes. Généralement on commence à avoir besoin de la confession quand l’élan reçu de notre précédente confession, le désir fort de plaire au Seigneur coûte que coûte, commencent à s’effacer. N’attendons pas d’avoir « fait des péchés » plus ou moins graves, de toute façon, si nous faisons un examen de conscience régulier (ce qui est hautement souhaitable), nous voyons bien que notre vie laisse place à ces petites ( ?) négligences, ces à-peu-près qui ne traduisent pas un grand amour, alors nous avons déjà amplement matière à nous confesser. Notons, si nous avons peur d’oublier, à la fois les résolutions prises, les conseils entendus en confession, et nos examens de conscience.

Confession et vie spirituelle : bien sûr, la confession doit s’appuyer sur une prière fréquente, aimante et confiante, nous ne cherchons pas notre perfection, mais à plaire à quelqu’un que nous aimons, disons-le lui, guettons sur son visage la joie de voir nos efforts et peut-être la tristesse de nos imperfections. La confession est elle-même un puissant moyen pour rendre plus vive et plus intense notre relation avec le Seigneur : lui-même nous l’a dit : « ce ne sont pas ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, mais ceux qui font la volonté de mon Père ». L’amour progresse par un don plus complet de soi, qui accepte de changer pour correspondre au désir de l’autre.

PREMIÈRE ÉBAUCHE DU QUESTIONNAIRE

1ère étape - « Contre toi, toi seul j’ai péché »

Le péché, c’est quoi ? Une erreur ? Une faute ? Un délit ? Une tache ?

Peut-on pécher sans le savoir ?

Pourquoi est-il important de reconnaître sa faute ? A-t-on raison de chercher à voir clair dans sa conscience ? Comment faire pour y parvenir ?

Doit-on avoir honte de son péché ? Faut-il avoir des remords ?

2e étape - « Tu aimes la vérité au fond du cœur »

En quoi la rencontre d’un prêtre peut-elle m’aider ? Ne vaudrait-il pas mieux s’adresser à un psychologue ?

Avouer, n’est-ce pas humiliant ? Peut-on tout dire ?

Le prêtre est un pécheur comme moi, que peut-il me dire pour me sortir du péché ?

3e étape - « O Dieu, crée en moi un cœur pur, restaure en ma poitrine un esprit ferme »

L’absolution est-elle magique ?

Dieu ne m’a-t-il pas depuis toujours pardonné ? Qu’est-ce que ça ajoute ?

Est-ce que ça va être pareil après comme avant ?

Quel est le sens des efforts qui me sont demandés ? Peut-on réparer le mal commis ?

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