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La version arabe de la collection des lettres de Jean de Dalyatha (Michel Nicolas)

Publibook, 2013, 282 p.
Patrice Quaix

Jean de Dalyatha (690-780 environ) est un moine et un auteur mystique originaire d’une région située au nord-ouest de l’actuel Irak. Il a été surnommé « le Vieillard spirituel », car ses collections de lettres font part de son émerveillement en Dieu. Il s’inscrit par là dans une tradition mystique de prédication de l’Évangile : le dépouillement des sens conduit à cet émerveillement.

Son œuvre se compose d’homélies et de lettres pour l’essentiel. La croyance à la pleine conscience de l’âme après la mort, l’affirmation que la créature peut voir son créateur sont des traits originaux de ses écrits : le dévot, absorbé dans l’expérience spirituelle, reçoit l’accès à la lumière divine. Tout cela rattache Jean de Dalyatha au courant messalien, bien qu’il ait appartenu à l’Église nestorienne.

Le présent ouvrage constitue la traduction française de 48 lettres de cet auteur, qu’il a envoyées depuis un ermitage, situé dans les montagnes, à plusieurs moines, dont deux frères à lui, qui étaient ses cadets. Il s’agit ici d’une traduction faite sur la version arabe du texte rédigé originellement en syriaque ; la version éthiopienne vient de paraître, également avec traduction française, chez le même éditeur. L’ouvrage de Michel Nicolas est le fruit d’un grand travail d’érudition et de traduction ; dans son introduction, il cite le P. Robert Beulay, grand spécialiste des textes orientaux.

Par la lecture de ces lettres, édifiantes et fidèles à l’Évangile, on se laisse guider sur le chemin d’une mystique authentique, véhiculée par une prose très imagée, voire poétique. Elle nous met en communion avec nos frères chrétiens d’Orient, puisque ces lettres appartiennent à leur riche patrimoine spirituel. On peut citer ainsi la lettre 36 : « Ceux dans l’intellect de qui l’Esprit de vie a été insufflé par la parole de l’Unique ont acquis une vue qui n’est entravée par rien », ou la lettre 14 : « Homme de Dieu, jusqu’à quand te consoleras-tu par ce qui est noir ? Sois tout entier une flamme et consume tout ce qui t’entoure, afin de voir la beauté cachée au-dedans de toi. »

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