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Latin or not latin : comment dire la messe. (Guillaume Tabard)

Paris, Seuil, 2007, 126 p.
Jacques-Hubert Sautel

Latin or not latin :

comment dire la messe.

Guillaume Tabard, Paris, Seuil, 2007, 126 p., 10€.

Guillaume Tabard, rédacteur en chef adjoint au Figaro et responsable laïc de la communauté apostolique Aïn Karem, publie ici un manuel qui nous semble essentiel pour apprécier justement la crise qui secoue notre Église catholique depuis quarante ans maintenant, et dont nous tentons de sortir. Sur ce sujet très délicat, il livre en effet en six chapitres une information abondante, d’une manière claire, qui ne porte pas atteinte à la charité, mais donne au contraire des raisons d’espérer.

Le premier chapitre fait l’historique de la réforme liturgique qui a suivi le Concile de Vatican II — l’abandon du latin au profit des langues couramment parlées n’en est qu’un élément, particulièrement manifeste — et des déchirements, puis de la rupture qui ont accompagné la mise en œuvre de la réforme, de 1967 à 1988. Les chapitres suivants procèdent à une analyse de fond des causes et manifestations de la rupture, puis des essais de solution : l’auteur étudie d’abord la « restauration » de Vatican II — le mot de « restauration » est celui qui figure dans la Constitution conciliaire Sacrosanctum conci-lium (4 déc. 1963) à la place de celui de « réforme » que nous attendrions…— ; puis il aborde en deux chapitres les griefs principaux faits à la réforme (« Missel de saint Pie V, missel de Paul VI », « La réforme trahie ? »), avant de présenter la situation actuelle et les entreprises de Benoît XVI sur ces questions liturgiques. La publication par Benoît XVI d’un Motu Proprio qui facilite la célébration de la liturgie selon les normes anciennes, aurait certainement trouvé à cet endroit une place d’honneur dans ce petit livre, paru au printemps, comme une étape vers la réconciliation attendue et souhaitée.

Un chapitre de conclusion fournit cinq pistes pour cheminer vers une solution durable de la crise. Il peut être intéressant de les citer ici : « Vouloir vraiment la récon-ciliation, Du bon usage de la diversité, Poursuivre la réflexion, Oser le pardon, La solution ? L’évangélisation ». A lire ces pages, on verra qu’il ne s’agit pas seulement de bons sentiments, mais de propositions concrètes et parfois audacieuses (groupes de travail traditionalistes / conciliaires, formation des clercs et des laïcs à la liturgie, repentance de l’Église à propos des fautes commises en matière de liturgie,...).

Il faut souhaiter à cet ouvrage, accessible à tous, une large diffusion et une mise en pratique des très bonnes pistes de réflexion et d’action qu’il propose. Nous y ajouterons, avec nos remer-ciements à son auteur, longtemps membre, puis président du mouvement Résurrection, l’hom-mage de notre prière, par laquelle seule l’unité que Jésus nous a promise pourra se réaliser.

Jacques-Hubert Sautel, Né en 1954, oblat séculier de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes. Travaille au CNRS sur les manuscrits grecs (Institut de Recherche et d’Histoire des Textes).

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