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Le malentendu islamo-chrétien (Edouard-Marie Gallez)

Paris, Salvator, 2012, 222 p.
P. Michel Gitton

Le P. Édouard-Marie Gallez n’aborde pas le sujet – ô combien difficile – des relations entre l’Islam et le monde chrétien sans avoir derrière lui de nombreux travaux sur le Coran et divers aspects de l’islam, ainsi qu’une connaissance des chrétientés orientales et de leur sources écrites. Son principal ouvrage, Le Messie et son prophète (éditions de Paris, 2005), en avait surpris plus d’un par l’audace de certaines de ses conclusions qui remettaient en cause l’image traditionnelle d’un Mahomet ignorant tout du christianisme et recevant une révélation totalement nouvelle.

Aujourd’hui, il nous invite à sortir du malaise qui est celui de trop de catholiques français, victimes d’une mauvaise conscience lancinante venant des souvenirs de la colonisation, et à adopter une approche saine à l’égard de l’islam. Au moment où les musulmans les plus radicaux trouvent des alliés inattendus dans les mouvements laïcistes pour éradiquer toute influence du christianisme sur la société, il importe que les chrétiens redressent la tête et se rendent compte que ce sont eux qui ont trop souvent ouvert la voie à un islam qui n’avait plus grand-chose de religieux.

La mystique du dialogue, inaugurée par celui dont la figure emblématique continue de dominer les relations islamo-chrétiennes, Louis Massignon (1883-1962), amène les catholiques, non seulement à renoncer à tout effort pour partager leur foi avec leurs frères musulmans, mais à accueillir sans réaction les fables sur lesquelles est fondé la doctrine de l’islam. Pour ne faire nulle peine à nos interlocuteurs, nous n’aurions pas le droit de dire que l’histoire des origines de l’islam a été constamment manipulée pour laisser croire à une génération spontanée, alors que les indices se multiplient qui prouvent que le premier noyau de la communauté du « Prophète » est issu d’un christianisme sans doute déviant mais représentatif d’un courant messianique attesté par ailleurs.

Au faux dialogue qui ne débouche que sur un affaiblissement du christianisme, le P. Édouard-Marie oppose un « dialogue de salut » où les chrétiens n’ont pas peur d’aborder les questions fondamentales, qui sont celles que pose l’islam sur le salut, sur la récompense finale, sur le rôle du Messie et sur son retour à la fin des temps.

À lire et à faire lire.

P. Michel Gitton, ordonné prêtre en 1974, membre de la communauté apostolique Aïn Karem.

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