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Les miracles

Résurrection

De façon constante, la foi chrétienne nous met en présence de faits qui relèvent du genre ‘miracle’ : c’est-à-dire d’après les dictionnaires : « fait surnaturel contraire aux lois de la nature ». La démythologisation entreprise depuis les Lumières a bien essayé de décaper la croyance en Dieu de ces oripeaux d’un autre âge, mais force est de constater que la recherche du miracle, loin de décliner, se porte très bien aujourd’hui, non seulement dans l’Église catholique (qui a canonisé, il n’y a guère, un des plus grands thaumaturges de tous les temps, le Padre Pio), mais aussi dans de nombreux cercles d’inspiration plus ou moins chrétienne. D’ailleurs, il est frappant de voir que chez ceux-là mêmes qui se réclament d’un rationalisme sans faille, l’ésotérisme, le magnétisme, voire la magie pure et simple fleurissent plus que jamais.

C’est le signe que ce monde, de mieux en mieux connu et maîtrisé par la technique, ne peut suffire à la quête de l’homme, et que tous rêvent d’un ailleurs qui se joue des limites du présent et où une puissance supérieure convierait l’homme à plus et à mieux.

Reste à savoir si ceci est un rêve ou une réalité. La foi en Dieu n’est pas l’illusion d’une Toute Puissance capricieuse qui se jouerait des lois de la nature. Le Dieu de la Bible a donné aux éléments du monde une structure stable et il ne bouscule pas à volonté les causes physiques qui dirigent les phénomènes. S’il le fait, c’est au nom d’une connaissance plus grande qu’il a des réalités que nous voyons et toujours dans une intention, qui n’est pas d’étonner ou de faire peur, mais d’accompagner la Révélation progressive de ses intentions sur l’homme.

Le miracle, comme le dit saint Jean, est un signe, il dit quelque chose de Dieu et du Christ, il montre certes la puissance divine, mais aussi sa bonté, son attention aimante pour l’homme en peine, il annonce la transformation qui sera un jour celle de toute la création. Il révèle que ce monde peut fonctionner selon une autre modalité et que, le péché une fois vaincu, les éléments retrouveront leur souplesse, leur fluidité et que la dégradation ne sera pas inéluctable.

Ce numéro, conçu au départ pour le pèlerinage à Chartres, comporte un aperçu sur le dossier biblique des miracles que l’on pourrait développer, mais qui est ici ressaisi dans le cadre des miracles de l’Évangile. Le Moyen Âge est ensuite mis en valeur, car jamais sans doute autant qu’à cette époque le miracle n’a joué un rôle aussi fort dans la vie des croyants. Loin d’être un tissu de superstitions, la foi aux miracles de l’homme médiéval se révèle une confiance sans limite faite à Dieu qui se penche sur la souffrance des hommes. Les temps modernes voient les premières approches d’une réflexion critique sur le miracle, que Blaise Pascal cherche à conjurer à sa façon. Mais c’est le positivisme du XIXe siècle qui de façon massive a le plus cherché à éliminer le miracle, en posant son impossibilité a priori, au nom d’une science conçue comme un savoir absolu et définitif. Une note sur l’authentification des miracles de Lourdes permet de se faire une idée du sérieux de la procédure et des critères que l’Église utilise aujourd’hui pour parler de « miracle ».

Reste à comprendre le profond enracinement du miracle dans la doctrine chrétienne, c’est ce que tente la synthèse finale.

Nous avons en outre la joie d’accueillir un article d’exégèse biblique dû au frère Martin de la Croix Gilloux, sur un tout autre sujet : l’apparition de Jésus à Marie-Madeleine au matin de Pâques. C’est un aperçu plein de fraîcheur qui renouvelle notre regard sur le Noli me tangere. À sa façon, il concourt à nous montrer la puissance de renouvellement dont le Christ ressuscité est porteur.

Réalisation : spyrit.net