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Les mots qui disent la foi (Cardinal Jean Honoré)

Paris, Cerf, 2009, 192pp.
Jacques-Hubert Sautel

L’auteur, qui collabora au Catéchisme de l’Église catholique (paru en 1992 dans sa première édition) et fut le maître d’œuvre de l’Abrégé du Catéchisme (paru en 2005), nous offre ici un petit vocabulaire de la foi catholique, sous la forme d’un manuel organisé en trois sections, intitulées « Symbole de la foi, Liturgie et sacrements, Morale et dialogue ». Chacun de ces trois axes de la théologie, de la liturgie et de la morale chrétienne se trouve développé par une quinzaine de mots-clés (qui sont parfois des expressions composées de plusieurs mots) : on en compte en tout 42. Chacun de ces mots-clés est, à son tour, décrit en trois paragraphes : « Je crois », qui contient les énoncés principaux de la foi catholique relatifs à ce mot ; « J’écoute », qui présente quelques textes issus de la Bible, des Pères de l’Église, du magistère ou même d’un grand auteur profane (Tocqueville, Rilke par exemple) ; « Je prie », qui offre quelques prières illustrant les vérités en question.

L’ensemble forme une synthèse utile, un « précis doctrinal », comme le dit l’Avant-propos (p. 9), et offre une approche du Catéchisme qui est sans doute plus accessible encore à nos contemporains que l’Abrégé. A l’éloge que mérite donc ce vocabulaire nous voudrions apporter deux nuances : d’une part, l’auteur, sans doute poussé par un trop grand souci de la modestie qu’il revendique lui-même (Avant-propos, p. 10), a omis toute référence au Catéchisme  ; cela ne nous semble pas faciliter la tâche du lecteur qui n’est pas nécessairement un familier de cet ouvrage, adressé à des débutants dans l’approfondissement de la foi.

D’autre part, ce lecteur peut être déconcerté par la brièveté habituelle du paragraphe « Je prie », à l’intérieur de chaque mot-clé. Ainsi, pour « Dignité de l’homme », après deux pages d’énoncés théologiques solides et une page de citations diverses, on lit, sous la rubrique « Je prie », la première moitié seulement du verset 4 du Psaume 25 : « Montre-moi ton chemin, Seigneur », et un fragment d’une hymne qui figure à la Liturgie des heures  : « Qui donc est Dieu que nul ne peut aimer s’il n’aime l’homme ? Qui donc est Dieu qu’on peut si fort blesser en blessant l’homme ? ». Il nous semble que cette place trop réduite, qui est laissée à la prière par rapport à l’étude, risque d’introduire un certain déséquilibre dans notre vie de foi, comme si notre recherche de Dieu était principalement du domaine de l’intelligence et de la volonté, et comme si le cri vers Dieu ou le cœur à cœur avec Lui dans la prière n’était pas aussi indispensable, et sans doute même encore plus fondamental, pour Le trouver ou saisir le pan de Son manteau.

En un mot, un tel paragraphe « Je prie » ne nous paraît pas indispensable dans un manuel d’enseignement de la foi ; il est bienvenu quand il existe, mais il doit avoir alors une place d’honneur. Car le déséquilibre des paragraphes que nous observons ici n’est pas sans risque pour une foi qui fait ses premiers pas, comme celle d’un catéchumène. Nous pensons donc qu’un tel manuel doit, pour bien remplir sa mission, être complété par un petit recueil de prières, comme le Psautier (édité avec le Nouveau Testament en format de poche par les éditions de l’Emmanuel) ou un abrégé de la Liturgie des heures (par exemple le Livre des Heures pour la semaine des éditions Téqui). En tenant compte de ce nécessaire complément concernant la prière, on pourra recommander sans hésiter ce très utile petit manuel.

Jacques-Hubert Sautel, Né en 1954, oblat séculier de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes. Travaille au CNRS sur les manuscrits grecs (Institut de Recherche et d’Histoire des Textes).

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