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Lettres à une princesse. Discours monastiques (Théolepte de Philadelphie)

Paris, Migne (coll. Les Pères dans la foi), 2001
Jacques-Hubert Sautel

Dans cette collection qui présente les auteurs chrétiens de l’Antiquité tardive et du Moyen-Age au grand public, le présent ouvrage met en lumière l’œuvre d’un spirituel de l’Église byzantine, Théolepte (1250-1322), évêque de Philadelphie en Asie Mineure, une des sept Églises auxquelles écrit saint Jean (cf. Ap 3, 7). Théolepte a vécu en des temps difficiles, où s’esquissait, sans succès durable, un premier rapprochement doctrinal entre Constantinople et Rome, après la séparation de 1054, et où les Turcs commençaient à menacer sérieusement l’Empire d’Orient. Il est demeuré à son poste épiscopal malgré les sièges des Turcs, comme aussi l’attrait intellectuel de la capitale. Il y avait pourtant une jeune protégée, la princesse Irène, devenue veuve, et qu’il persuade d’entrer en religion dans le monastère du Sauveur Philanthrope de Constantinople, dont elle assurera bientôt la direction.

Théolepte est avant tout un pasteur, dont l’enseignement revêt une double dimension : direction spirituelle de sa protégée, définition des grands traits de la vie monastique à travers la spiritualité hésychaste. Car Théolepte, comme tous les évêques de l’Église byzantine, a commencé par vivre la vie contemplative et être instruit de la grande tradition des auteurs ascétiques. Bien que les deux aspects de son œuvre, pastorale et doctrinale, s’entremêlent dans tous ses écrits, on peut avancer que les 45 Lettres à une princesse (p. 44 - 77 de l’édition) illustrent principalement le premier aspect, alors que les 23 Discours monastiques (p. 81 - 206), qui s’adressent à toute la communauté du Sauveur Philanthrope, développent plutôt le second.

La lecture de ces pages n’est pas aisée pour un chrétien occidental à cause du caractère spécifiquement oriental de leur spiritualité, qui repose sur une solide assise philosophique. Aussi doit-on une grande reconnaissance à Marie-Hélène Congourdeau, qui après avoir collaboré avec deux religieux (moine orthodoxe et catholique assomptionniste) pour la traduction, a muni l’ensemble d’une introduction historique très claire, de notes précises et d’annexes fort utiles. A notre tour, formulons quelques remarques, d’ordre spirituel ou simplement littéraire, pour illustrer cette réussite, et inviter à la lecture de l’ouvrage.

Jacques-Hubert Sautel, Né en 1954, oblat séculier de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes. Travaille au CNRS sur les manuscrits grecs (Institut de Recherche et d’Histoire des Textes).

Réalisation : spyrit.net