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Marie, Mère des nations, dans la pensée de Jean-Paul II

Isabelle Rak

Dans son dernier livre, Mémoire et identité, le pape Jean-Paul II expose de manière très détaillée ses réflexions sur le mal et ses idéologies contemporaines, sur la mémoire, et aussi sur les patries et sur l’Europe. On connaît l’attachement du Jean-Paul II à sa patrie polonaise ; mais ses nombreux voyages témoignent aussi de l’immense respect qu’il a manifesté envers toutes les nations qu’il a visitées, en s’adressant à elles comme des personnes (« France, qu’as-tu fait de ton baptême ? »), en baisant le sol du pays où il se rendait, et en cherchant à prononcer quelques mots dans la ou les langues locales. Dans son dernier ouvrage, on comprend que cet amour de sa patrie et de toutes les nations du monde est issu d’une profonde réflexion théologique, et qu’il les aimait dans une perspective théologale, à travers l’amour du Christ pour les hommes et à travers sa propre dévotion pour la Vierge Marie. Nous allons tenter dans ces quelques pages d’expliciter davantage le lien qui unissait, chez Jean-Paul II, cet attachement patriotique et sa vénération pour la Mère du Seigneur.

Nations, patries… des termes à (re)définir

Il ne saurait être question ici de faire peser sur ces notions tant respectées par Karol Wojtyla le soupçon dont elles sont l’objet depuis la Seconde Guerre mondiale ; il convient cependant de tenter d’en redéfinir le sens en tenant compte, non pas seulement des événements de la seconde moitié du XXème siècle, mais de l’histoire de l’Europe et de la constitution des communautés culturelles qui la composent. L’idée de nation s’identifie, dans la mentalité française, avec celle d’État-nation, selon une tradition bien connue héritée de la Révolution de 1789. Dans l’esprit du Polonais Jean-Paul II la nation n’est pas seulement un État, elle est plutôt une communauté humaine génératrice et porteuse d’une culture, d’un art de vivre, d’une modalité particulière d’accès au savoir. La nation est toute communauté qui éduque l’homme à une vie collective supra-familiale et supra-clanique, pour le mener à s’ouvrir à l’universel. On est bien loin du nationalisme généralement bien abstrait qui accompagna nombre d’idéologies et de dictatures du XXème siècle. Il faudrait penser la nation dans un sens bien plus large, multi-échelle oserait-on dire, qui engloberait à la fois la notion « moderne » de nation et des concepts plus anciens, remontant au Moyen Âge, pour lequel les nations étaient avant tout des communautés culturelles et linguistiques (comme en témoignent l’organisation des étudiants de l’Université de Paris, répartis par « nations » dans lesquelles la Picardie avait le même statut que la Suède). Pensons également à la notion germanique de Heimat, ou, dans un autre registre, à l’appartenance du citoyen helvétique à un canton qui conditionne la détention de la nationalité suisse. Il faut, dans la perspective présente, nous défaire de cette identification moderne de la nation avec une entité politique, pour entrer dans la pensée de Jean-Paul II sans risquer de le mal comprendre.

Reste que, malgré ces précisions sémantiques, l’importance que le pape polonais accorde aux nations (ou aux patries, ce dernier terme étant largement utilisé dans Mémoire et identité) peut sembler problématique : en quoi des institutions apparemment contingentes et provisoires peuvent-elles devenir l’objet d’une réflexion théologique ? Et surtout, comment articuler la pensée du Saint-Père avec sa dévotion toute particulière pour la Vierge Marie, dont la figure universelle dépasse et transcende toutes les particularités nationales ? Il n’est pas question de présenter ici un lien rigoureux et bijectif entre ces deux « dévotions » si chères à Jean-Paul II, mais de chercher, à sa suite et à son exemple, à trouver des points de contact, des analogies, des allusions, dans lesquels, en effet, Marie, « mère des nations » se rend particulièrement présente à chacune d’entre elles dans sa sollicitude pour tous les hommes. Trois points retiendront spécialement notre attention : la mémoire ; la naissance et l’Incarnation ; la Pentecôte et l’évangélisation de « toutes les nations ».

« Honore ton père et ta mère »

Jean-Paul II fait remarquer tout d’abord que le mot « patrie » vient de « père », mais qu’elle est considérée comme une « mère », la « mère patrie ». L’amour de la patrie relève donc de l’observance du quatrième commandement « Honore ton père et ta mère ». Karol Wojtyla élargit cette exigence à tous ceux dont nous sommes issus, non seulement biologiquement, mais aussi culturellement et spirituellement. Pour lui, au-delà de tout son enseignement en faveur de la famille, il convient aussi de vénérer non seulement nos parents selon la chair, mais toute communauté qui nous aide à entrer dans la vie collective et nous ouvre par là à l’universel :

Comme la famille, la nation et la patrie demeurent des réalités irremplaçables, la doctrine catholique parle en ce cas de sociétés « naturelles » pour indiquer le lien particulier, de la famille et de la nation, avec la nature de l’homme, qui a une dimension sociale. [1]

Le quatrième commandement, étendu au respect de la patrie, relève de la vertu de « piété » : nous devons honorer nos parents parce qu’ils « représentent pour nous Dieu Créateur » [2]. La patrie étant pour nous, en quelque sorte, une mère, doit être l’objet d’un respect analogue. Jean-Paul II rappelle à cette occasion l’importance des généalogies dans la Bible, qui garantissent à chacun son appartenance, non seulement à une lignée familiale, mais plus encore au peuple d’Israël, prototype de toute nation, et par là même à toute l’humanité. Les généalogies du Christ sont saisissantes à cet égard : au fur et à mesure que l’on remonte le temps, les origines de Jésus s’élargissent à une tribu, puis à Israël, puis à l’humanité en Adam, puis à Dieu lui-même. La filiation divine de l’homme passe par la reconnaissance de tous ces intermédiaires historiques qui contribuent à l’élaboration de notre identité. Jésus lui-même était « soumis » à ses parents comme à la Loi juive (Ga 4, 4).

Patrimoine et héritage

Au mot patrie se rattache aussi le terme de « patrimoine », l’ensemble des biens matériels et culturels qui nous sont transmis par ceux qui nous ont précédés. A la notion de paternité et de maternité est attachée celle d’un héritage : nous recevons le fruit du travail de nombreuses générations qui ont contribué à la mise en place d’une culture. Pour Jean-Paul II, Jésus, dès sa naissance, reçoit lui aussi ce patrimoine, parce qu’il est fils d’Israël et aussi Fils du Père. Et c’est là qu’apparaît la figure de Marie, qui est celle par laquelle est transmis ce double patrimoine, humain et divin :

Cette venue [du Christ] s’est effectuée grâce à la Femme, la Mère. L’héritage du Père éternel s’est transmis, en un sens très vrai, par le cœur de Marie et il s’est ainsi enrichi de tout ce que l’extraordinaire génie féminin de la Mère pouvait apporter au patrimoine du Christ. Dans sa dimension universelle, le christianisme est le patrimoine dans lequel l’apport de la Mère est très significatif. Et c’est pour cela que l’Église est appelée mère : mater Ecclesia. [3]

Remarquons qu’à la fin de ce développement sur le rôle de la « Mère », Jean-Paul II précise sans équivoque que cette maternité est aussi (et essentiellement) celle de l’Église. Par là il veut lever tout malentendu sur cette notion d’héritage national qui peut tourner au nationalisme étroit s’il n’est pas compris comme un don gratuit et reçu, via les diverses médiations familiales et culturelles, de Dieu seul. Le véritable patriotisme est celui qui reconnaît la spécificité nationale comme une « tradition » (au sens littéral de ce qui est « livré ») qui ne saurait être confisquée aux dépens d’autrui.

« Marie conservait toutes ces choses dans son cœur » (Lc 2, 51)

Qui dit tradition dit développement d’une culture dans le temps, dans une histoire dont il convient de se souvenir. Ce sont l’histoire et sa remémoration qui permettent à une nation de se maintenir vivante et consciente d’elle-même. « La mémoire est la faculté qui modèle l’identité des êtres humains au niveau tant personnel que collectif » [4]. L’Église elle-même repose sur le « mémorial » de l’Eucharistie, qui permet aux hommes et aux peuples d’entrer de plain-pied dans le mystère de la mort et de la résurrection du Christ. C’est ce mémorial, œuvre de l’Esprit, qui édifie et garantit l’identité de l’Église. Or, Marie est celle qui se souvient, qui « gardait toutes ces choses en son cœur », non pas de manière froide et mécanique comme la mémoire d’un ordinateur ou les pages silencieuses d’un livre, mais en les méditant, en les revivant en quelque sorte, pour contempler à travers tous ces événements le visage de son Fils. « Elle est la mémoire la plus fidèle… sa mémoire est le plus fidèle reflet du mystère de Dieu, transmis en elle à l’Église et, par l’Église, à l’humanité » [5]. La mémoire de Marie est constitutive de l’identité de l’Église, elle est en elle-même « Tradition », c’est-à-dire, selon Jean-Paul II « la fonction active du souvenir en train de se transmettre » [6].

La mémoire historique d’une nation doit donc être transfigurée par l’expérience mariale : elle n’est plus un catalogue d’événements plus ou moins glorieux sur lesquels se crisperait une communauté en mal d’identité, mais une source d’approfondissement et de renouveau. On voit déjà se profiler ici le rôle fondamental de l’évangélisation sur la transformation de ces notions de patrie ou de nation : la Révélation du Christ dont Marie est le premier acteur, le premier témoin, arrache les communautés humaines à leurs crispation sur des biens purement temporels et transitoires (un territoire, une histoire trop souvent mythifiées) pour les faire « entrer dans l’espérance », comme le rappelle Jean-Paul II au début de son dernier ouvrage.

Nation et naissance : une réalité naturelle

Parlant de nation plutôt que de patrie, Jean-Paul II se livre là encore à des considérations étymologiques : dans le mot nation, il y a « naître ». La nation, comme la naissance, relève d’une réalité naturelle incontournable. Par la naissance, nous sommes introduits dans une réalité contingente et concrète, dans un environnement familial et culturel que nous n’avons pas choisi mais qui définira largement ce que nous deviendrons au long de notre croissance. Nous entrons par la nation dans une société supra-familiale qui doit nous ouvrir à l’universel. La dimension démographique et géographique de cette patrie concrète dans laquelle nous voyons le jour peut considérablement varier selon le lieu et les époques – le Luxembourg est une patrie, mais tout autant l’immense Russie – mais elle reste un intermédiaire nécessaire entre le cadre familial nécessairement fort limité et une humanité universelle abstraite dans laquelle les liens sociaux réels se dissolvent – comme nous en faisons partiellement l’expérience aujourd’hui. A ce propos, Jean-Paul II rappelle explicitement qu’on ne peut remplacer la nation ni par l’État – on est bien loin du concept à la française – ni par une « société démocratique » qui ne tiendrait que par la seule vertu d’un « contrat social » à la Rousseau.

Le cadre concret de la nation : la culture

Jean-Paul II définit donc la nation comme une communauté où s’apprend et se transmet un certain mode de vie en commun – c’est ce qu’il définit comme « culture », qui est ce qui résulte de l’ordre donné à l’homme de remplir et de soumettre la terre. « Dieu a confié le monde visible comme don et en même temps comme tâche » [7]. La culture est le fruit de cette tâche. Karol Wojtyla évoque ensuite les acquis les plus spectaculaires de la culture humaine, mais en rappelant fermement que « la civilisation est et demeure liée au développement de la connaissance de la vérité sur le monde » [8] – connaissance non seulement de l’homme sur le monde, mais aussi et surtout connaissance que l’homme peut avoir de lui-même. Une culture authentique ne peut se développer de manière féconde que si elle est fondée sur la vérité. C’est en cela que la nation est honorable, qu’elle doit être respectée comme père et mère, et qu’elle acquiert, comme les personnes, des droits et une certaine dignité. Dignité qu’elle tient du Christ qui seul peut révéler, dans son humanité, le véritable mystère de l’homme. L’aspect concret de la notion de patrie s’enracine par là même dans l’Incarnation du Fils.

L’Incarnation, nouvelle naissance

Le Christ « naît » lui aussi, par Marie, d’une nation, Israël, le prototype de toutes les nations parce que d’elle devait sortir le Messie. Jean-Paul II prend alors le risque d’affirmer que le mystère de l’Incarnation « appartient à la théologie de la nation », parce qu’il « appartient aussi à l’histoire d’Israël ». L’Incarnation est une nouvelle génération, une nouvelle naissance. De l’Incarnation émerge une « nation divine » dont Israël était déjà une figure. C’est ainsi que l’Évangile transforme la notion de patrie sans l’anéantir : initialement contingente et caduque, elle est désormais ouverte à l’eschatologie et à l’éternité. Toute patrie humaine est alors ordonnée à la « patrie céleste » :

L’Évangile a donc conféré une nouvelle signification au concept de patrie… L’héritage dont nous sommes redevables au Christ oriente vers la Patrie éternelle ce qui fait partie du patrimoine des patries humaines et des cultures humaines. [9]

Dans cette patrie éternelle qui récapitule toutes les particularités individuelles ou collectives, toutes les nations ont droit de cité : dans le Christ, l’idée apparemment réductrice de patrie acquiert une dimension universelle.

On remarque d’autre part que cette Incarnation du Fils dans un peuple particulier, lui-même choisi à l’avance pour l’accueillir, est également le résultat de l’élection d’une femme, Marie, choisie elle aussi à l’avance pour porter le Messie en son sein et pour l’éduquer dans son humanité. Cette notion d’élection de Marie est particulièrement développée dans l’encyclique Redemptoris Mater :

… la salutation et le nom « pleine de grâce » … se rapportent avant tout, dans le contexte de l’Annonciation de l’ange, à l’élection de Marie comme Mère du Fils de Dieu… L’élection de Marie est tout à fait exceptionnelle et unique. En découle aussi le caractère unique de sa place dans le mystère du Christ. [10]

L’Incarnation dans une « nation » particulière est donc à rapprocher de la notion d’élection d’une femme unique pour participer au mystère du salut par Jésus-Christ. En cela, Marie, mère du Christ et mère des hommes, est aussi la Mère des nations. En elle ne se concentre pas seulement la dimension familiale à laquelle on risquerait de la réduire : parce qu’elle a donné naissance au Messie, elle participe aussi de l’élection du peuple dont il est issu ; en elle toutes les nations peuvent contempler le mystère de l’Incarnation.

« Allez, enseignez toutes les nations »

Le commandement de l’évangélisation donné par le Christ à ses apôtres avant son Ascension concerne curieusement, non pas des individus isolés, mais des « nations ». Que ce terme n’ait pas le sens qu’on lui donne aujourd’hui n’est pas d’une grande importance : il faut noter avant tout que, dans cette injonction de Jésus, l’Évangile n’est pas destiné aux seuls individus, mais doit être reçu et vécu dans une communauté humaine. L’Église parle aussi de la mission ad gentes : si le terme désigne les « nations païennes », il s’agit donc bien de communautés nationales et non pas seulement d’individus. L’Esprit agit aussi sur les sociétés, l’Évangile peut et doit s’incarner dans les différentes cultures du monde pour les renouveler de l’intérieur :

Par l’inculturation, l’Église incarne l’Évangile dans les diverses cultures et en même temps, elle introduit les peuples avec leurs cultures dans sa propre communauté, elle leur transmet ses valeurs, en assumant ce qu’il y de bon dans ces cultures et en les renouvelant de l’intérieur. [11]

Marie, présente aux nations

Or, lorsqu’il s’agit pour le Christ ou ses Apôtres de se manifester aux nations, Marie est présente. On la voit d’abord lors de l’adoration des Mages : ces derniers, représentants de l’humanité non israélite, et donc de l’ensemble des nations (au sens de non-juifs, mais toujours perçues dans leur dimension collective), viennent trouver « l’enfant et sa mère ». Peu après, le vieillard Syméon, voyant l’enfant Jésus dans les bras de sa mère au Temple, le désigne comme « lumière pour éclairer les nations ». Enfin, Marie est présente à la Pentecôte, lorsqu’après avoir reçu l’Esprit-Saint, les Apôtres répondent enfin au commandement du Christ : « allez, enseignez toutes les nations », puisqu’à ce moment-là ils se font comprendre de toutes les nations présentes à Jérusalem « dans leur propre langue ».

En Marie, l’un et le multiple

Présente aux nations au cours de sa propre existence terrestre, Marie permet à toutes les nations de contempler le mystère de l’Incarnation à travers leurs propres particularités. C’est ainsi qu’elle prend au milieu des différents peuples de la terre de multiples visages, tout en restant l’unique, celle que Dieu a choisie. Les nations la représentent fréquemment à l’image de leur propre humanité [12], et lui donnent des visages très divers. Mais « l’élection » de Marie permet d’unifier toutes ces figures au sein du Corps unique qu’est l’Église. Marie et l’Église sont l’unique corps du Christ qui rassemble toutes les nations de la terre. La pleine communion au mystère du salut leur est donnée à la Pentecôte et dans la prédication des Apôtres et des évangélisateurs, jusqu’à nos jours. Les diverses représentations de Marie, la multiplicité des sanctuaires et des pèlerinages qui lui sont consacrés, reflètent cette diversité des marques de dévotions unifiées dans la personne même de la Mère de Dieu, « corps du Christ », d’un certaine manière, en qui tous les membres trouvent leur unité et leur place.

Les peuples en marche vers la Parousie

L’Évangile, on l’a vu, transforme le concept de patrie en l’ordonnant à la Patrie céleste. L’histoire des nations qui accueillent la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ se vit alors sous la forme d’un « pèlerinage de la foi » dont Marie donne l’exemple. Pour Jean-Paul II en effet, Marie est l’icône de l’Église en chemin vers son Rédempteur :

Je veux évoquer surtout le « pèlerinage de la foi » dans lequel « la bienheureuse Vierge avança », gardant fidèlement l’union avec le Christ… Le pèlerinage de la foi désigne l’histoire intérieure… mais c’est aussi l’histoire des hommes… La bienheureuse Vierge Marie continue d’occuper « la première place » dans le Peuple de Dieu. Son pèlerinage de foi exceptionnel représente une référence constante pour l’Église, pour chacun individuellement et pour la communauté, pour les peuples et pour les nations et, en un sens, pour l’humanité entière. [13]

C’est Marie qui entraîne tous les hommes sur la route vers l’éternité. En elle, les nations qui entreprennent ce pèlerinage ne sauraient considérer leur héritage comme un bien exclusif et immuable dans le temps et dans l’espace. Il s’agirait là d’une forme d’idolâtrie qui a fait, en d’autres temps, bien des ravages en Europe. La condition pérégrinante de l’homme et des communautés dont il fait partie conduit à ordonner les biens de la patrie terrestre au salut donné à toute l’humanité par Jésus-Christ. C’est Marie qui nous montre la route à suivre, elle en qui se trouvent déjà la perfection et la victoire totale sur le mal qui ne seront totalement réalisées qu’à la fin des temps. A la frontière entre l’histoire et l’eschatologie, elle accompagne et précède les hommes et les peuples dans cette marche vers la Parousie. A travers elle l’histoire divine entre dans l’histoire humaine, par elle toutes les nations entrent dans le mystère de l’union au Père par l’Incarnation du Christ Sauveur.

Isabelle Rak, née en 1957, mariée. Professeur des Universités (Sciences Physiques) et chercheur à l’Ecole Normale Supérieure de Cachan. Membre des comités de rédaction des revues Communio et Résurrection.

[1] Jean-Paul II, Mémoire et identité, Flammarion, 2005, p. 84.

[2] Ibid. p. 82.

[3] Ibid. p. 79.

[4] Ibid. p. 173.

[5] Ibid. p. 179.

[6] Ibid. p. 178.

[7] Ibid. p. 99.

[8] Ibid. p. 100.

[9] Ibid. p. 79.

[10] Jean-Paul II, Redemptoris Mater, 1987, n° 9.

[11] Jean-Paul II, Redemptoris Missio, 1990, n° 52.

[12] Si cette « acculturation » de l’image de Marie peut présenter d’indéniables aspects pédagogiques, il ne faut pas cependant pousser trop loin l’identification culturelle : on risquerait alors d’occulter la dimension historique et géographique, l’authentique Incarnation du Christ à une époque et au sein d’un peuple lui-même pourvu d’une identité forte. Un tel déni de cette « altérité culturelle » que constitue l’insertion de Jésus en un lieu et une culture déterminés, rejetterait l’histoire du salut dans une sorte de nébuleuse mythique où toute dimension concrète serait effacée.

[13] Jean-Paul II, Redemptoris Mater, 1987, n° 5-6.

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