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Morale et miséricorde

R.H.

MORALE ET MISÉRICORDE

Malgré vingt siècles d’influence chrétienne, il faut bien dire que beaucoup de nos contemporains ont encore une conception quelque peu puérile de la morale.

« Fais pas ci, fais pas ça », « ceci est bien, ceci est mal » : caractériser telle ou telle action comme mauvaise est tenu pour une sorte de décision arbitraire, à laquelle il faut bien se plier sans trop chercher à en comprendre la raison d’être.

L’enfant puni prendra l’air contrit, espérant échapper à la punition et il sera content s’il vient à être pardonné par quelque autorité (Dieu, le prêtre, le père ou la mère, le maître).

« Honore ton père et ta mère. Alors, tu vivras longtemps sur la terre que l’Éternel ton Dieu te donne » (Ex 20,12). « Le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat » (Mc 2,27) dit Jésus-Christ. On peut en dire autant de toutes les lois morales. Il faut retenir de ces passages que les commandements moraux vont toujours dans le sens des intérêts de l’homme. Si les transgressions peuvent faire l’objet d’un pardon, enfreindre la norme n’en entraîne pas moins un préjudice immédiatement perceptible ou pas.

Que la société actuelle, comme toutes les sociétés dans le passé, soit une société de pécheurs face à laquelle l’inépuisable miséricorde de Dieu se déverse – « sur ceux qui le craignent » (Lc 1, 50) - chose que l’on a tendance à perdre de vue, soit.

Mais même si la réconciliation avec Dieu est toujours possible, on ne saurait perdre de vue que, dès lors que la loi est faite pour le bien de l’homme, l’enfreindre lui cause du tort et que ce tort n’est pas toujours réparable. Par exemple, un ivrogne peut sans aucun doute compter sur le pardon de Dieu, même si, dans sa faiblesse, il rechute, et peut-être surtout s’il est devenu faible, mais le pardon ne réparera pas, sauf miracle toujours possible, l’état de ses organes.

Il en est ainsi pour les individus, mais aussi pour les sociétés, qui fonctionneront d’autant mieux que la loi de Dieu y sera mieux respectée. Pas seulement parce que Dieu punirait les transgressions, mais par l’effet intrinsèque des transgressions elles-mêmes qui sont comparables à un manquement aux règles d’hygiène qui permettent de rester en bonne santé, ou aux règles de sécurité qui permettent de ne pas avoir d’accident.

R.H.
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