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Pour un christianisme intégral

Résurrection

L’intégralisme, à la différence de l’intégrisme, ne se réduit pas à la défense d’un héritage, mais cherche d’abord à promouvoir un développement complet de la foi, dans toutes ses dimensions. On a pu accoler ce terme (discutable, comme tous les mots en -isme qui ont donné plus souvent des hérésies que des doctrines fécondes) à l’action et à la pensée de Mgr Charles (1908-1993). Celui-ci a marqué plusieurs générations de catholiques par l’élan qu’il a su imprimer aux jeunes et aux moins jeunes. Dans ses différents ministères (la paroisse de Malakoff, l’aumônerie des Chantiers de Jeunesse, le Centre Richelieu, la basilique de Montmartre), son passage a été marqué par un courant de conversions, de vocations, d’engagements forts en tout genre.

Or un trio, un « trépied » comme il disait, lui a servi pendant des années à résumer les trois exigences qu’il pensait les plus centrales dans la vie d’un catholique conscient de la grâce de son baptême : PRIÈRE, THÉOLOGIE, APOSTOLAT. Plus d’un quart de siècle après sa disparition, ses fils prêtres et beaucoup d’autres ont pris au sérieux cet adage et se sont efforcés de lui donner les applications les plus diverses.

Aujourd’hui un bilan s’impose : qu’implique ce fameux trépied ? D’où vient-il ? Est-il encore opérant dans l’Église du XXIe siècle ?

Jean Chaunu nous montre comment l’action du P. Charles s’inscrit dans l’histoire de l’Église des années 30 aux années 80. Il nous fait percevoir les enjeux des choix qu’il a faits (notamment autour de l’apostolat), en un temps de grand renouvellement des rapports entre l’Église et le monde qui l’entoure. Peu suivi au niveau de l’épiscopat, il se révèle bien plus novateur que d’autres courants de l’époque qui ont finalement accompagné le déclin du catholicisme en France, quand ils ne l’ont pas accéléré.

L’article de Gabriel Nanterre s’efforce de retrouver la logique du fameux trépied et l’importance des choix très nets qu’il suppose. Il n’est pas anodin de parler de « théologie » et non pas seulement de « formation chrétienne », d’ « apostolat » et pas de « service ». C’est toute une vision de l’Église centrée sur le Christ, prêtre, prophète et roi qui est sous-jacente à cette présentation des grandes exigences proposées aux catholiques.

Le P. Laurent Sentis revisite le trio « Prière, théologie, apostolat » pour en montrer les implications dans le développement personnel de celui qui entend cet appel. L’importance de l’intériorité va de pair avec la possibilité de s’extérioriser au maximum en proposant la foi largement autour de soi. L’étude n’est pas la recherche brouillonne de réponses toutes faites, mais un vrai travail de connaissance des sources de la foi.

Un développement est ensuite donné par plusieurs articles, qui précisent le côté intellectuel de la formation du missionnaire (P. Michel Gitton) ou les rapports de la prière et de la mission (Claire Segond, Donatien du Thuyt).

Souhaitons que ce numéro trouve un large écho auprès de ceux, de plus en plus nombreux, qui redécouvrent la nécessité de l’Évangélisation, jusque dans sa forme la plus audacieuse : l’apostolat de rue. Ceux aussi qui ont compris l’importance de transmettre un contenu solide en plus d’un témoignage personnel.

Réalisation : spyrit.net