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Qu’est-ce que la revue Résurrection ?

Jacques-Hubert Sautel

La revue Résurrection est une revue de théologie catholique, animée par des laïcs, en étroite collaboration avec des prêtres du diocèse de Paris. Elle a fêté, il n’y a pas si longtemps son cinquantenaire (voir dans « Archives », le n° 120-121) : c’est dire qu’elle a été fondée sous le pontificat de Pie XII et a vécu un bon nombre des intuitions que le Concile de Vatican II a pu inscrire dans les textes de l’Église. Il s’agissait de redonner aux laïcs le goût d’une vie chrétienne fervente autour de trois piliers, la théologie, la prière — spécialement l’adoration—, l’apostolat. La vie de tout baptisé porte en elle ces trois germes, qui dans les années de grandes mutations que nous connaissons encore, sont riches de promesse.

La théologie, parce que nul baptisé ne doit être privé d’une formation dans le domaine religieux qui ne soit pas à la hauteur de celle qu’il a reçue pour son activité professionnelle ou sa situation sociale. Cette formation se fait dans le retour aux sources : Bible, Pères de l’Eglise — aussi bien de l’Occident que de l’Orient —, magistère. C’est une fidélité à la tradition qui n’exclut pas le goût de la recherche. La revue n’ignore pas en effet les remises en cause radicales inaugurées dans les années 1960, qui ont laminé des pans entiers de la foi catholique, voire chrétienne : attaque du sacerdoce, de la vie religieuse, de l’autorité du Pape et des évêques, de l’Eucharistie, de la divinité de Jésus, de sa Résurrection. La volonté de répondre à ces attaques, en replongeant aux sources, explique le nom que la revue a choisi. Pour autant, la plus noble des apologétiques doit elle-même se remettre en question dans la quête humble et mendiante du Tout Autre, et les questions nouvelles ou nouvellement formulées doivent recevoir des réponses audacieuses. Le titre d’un bon nombre des numéros, chacun consacré à un thème, illustre cette volonté d’avancer au large, selon les mots du pape Jean-Paul II : Les mystères de la vie de Jésus, Connaître pour aimer, L’âme après la mort de son corps, Questions de bioéthique, Les divorcés remariés, etc. Les grandes références spirituelles que la revue a adoptées, en continuité avec les intuitions de son fondateur, Mgr Maxime Charles, sont notamment celles de l’Ecole française de spiritualité avec le culte du cœur de Jésus, entendu comme la source de sa relation intime avec le Père et l’esprit Saint et de son dessein d’amour pour l’humanité. Elles sont en totale cohérence avec celles de la revue Communio, dont la rédaction française est issue du sein de Résurrection, et avec la pensée toujours vivante des Anciens qui ont collaboré autrefois avec la revue : les Cardinaux H. de Lubac, U. von Balthasar, J. Ratzinger devenu Benoît XVI.

La prière, parce qu’il s’agit, en théologie, de se mettre à l’écoute du mystère divin, ce que nul ne peut faire s’il ne se donne pas à cette « passivité active », en se laissant façonner par Dieu lui-même. La revue aime à pratiquer la prière tout particulièrement dans la forme ecclésiale qu’est la récitation de l’office divin (laudes, vêpres et complies).

L’apostolat, parce que nous pensons, suivant encore les traces de notre fondateur et de la tradition chrétienne, que la théologie est la servante de l’Eglise et que ce qui n’est pas livré aux hommes de notre contemplation ou notre méditation est perdu. Le Christ est venu pour sauver tous les hommes, et aucun, quelles que soient sa race, son âge, sa condition, ses opinions philosophiques ou religieuses, ne peut être tenu à l’écart du mystère de l’Incarnation. Pour cela, la revue garde des contacts étroits avec le mouvement dont elle est issue et qui porte le même nom : un pèlerinage annuel notamment, autrefois à Chartres, maintenant à Vézelay, permet de souder régulièrement les énergies autour du seul Sauveur.

Jacques-Hubert Sautel, Né en 1954, oblat séculier de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes. Travaille au CNRS sur les manuscrits grecs (Institut de Recherche et d’Histoire des Textes).

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