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Saint Augustin par lui-même

Résurrection

À partir de quelques-uns des travaux de participants au séminaire d’été 2015 de Communio, consacré aux Confessions de saint Augustin, ce numéro aborde plus spécifiquement la question de la connaissance de soi et du « lieu » que recherche tout homme en quête de ce qui le dépasse.

Quand on parle de « Confessions », on pense en premier lieu à un discours sur soi. Et l’on trouve en effet chez saint Augustin un récit autobiographique où sont analysées les différentes étapes de sa conversion et de son cheminement théologique et spirituel. Comme le montre l’article de Régis Schneider, saint Augustin commence par rechercher la sagesse des philosophes grecs, celle de Socrate, du Gnôti séauthon, du « connais-toi toi-même » gravé sur le temple de Delphes. Centrée sur l’exploration de l’homme intérieur, et non sur la connaissance pour elle-même, cette quête s’avérera bien vite une impasse pour le futur évêque d’Hippone, lorsqu’il découvre à quel point cette recherche, loin de l’éclairer sur l’essence même de l’homme, en renforce au contraire l’inaccessibilité. L’homme ne peut en effet se connaître en se donnant une définition de lui-même, mais en la recevant de Dieu, dont il partage, parce qu’il est créé à sa ressemblance, le caractère inconnu et inconnaissable.

On découvre ensuite, grâce au travail de Jean Lédion, comment cette recherche de Dieu est inséparable d’un récit de son histoire personnelle, de sa propre expérience spirituelle, de ses propres avancées philosophiques et théologiques. Dès ses œuvres de jeunesse, saint Augustin se « confesse » à ses lecteurs, bien avant les Confessions qui sont au centre de ce numéro ; mais comme sa recherche de Dieu ne s’arrête jamais, le récit de sa quête se poursuit jusqu’à ses derniers écrits, jusqu’à ses Rétractations, qui rectifient et complètent ses réflexions passées. À travers ce parcours, on découvre que la pensée de saint Augustin est avant tout une méthode, celle d’un perpétuel chercheur d’un Dieu qui seul peut permettre de comprendre l’homme et le monde.

Benoît Sibille analyse cette quête comme celle d’un « lieu » qui n’est ni spatial, ni ontologique. En effet, si, comme l’écrit saint Augustin au début des Confessions, il s’agit de comprendre le mouvement par lequel l’homme recherche son lieu propre, et si l’homme est en Dieu – ou Dieu en lui – comment appréhender ce déséquilibre qui l’attire hors de lui-même, comme s’il était un « poids » soumis aux lois de la gravitation ? Ce mouvement n’est rien d’autre que l’amour, mais un amour qui est d’abord donné par un Autre, avant que le sujet soit capable d’y répondre. La recherche ne trouve son objet que si elle accepte d’être soumise à la seule initiative divine. C’est ainsi que s’introduit dans la pensée augustinienne la question de la temporalité, induite par l’inévitable « retard » de la réponse humaine à l’initiative aimante de son Créateur.

À travers l’évocation de la Règle de saint Augustin, Philippe Richard montre comment la vie conventuelle, et surtout la vie de prière et de louange qui en est le centre, conduisent à une dépossession qui, paradoxalement, permet au sujet de recevoir ce qui lui est en propre. L’être se trouve en cet abandon de soi opéré dans la liturgie et l’oraison, qui sont le lieu véritable donné par Dieu pour lui permettre de le connaître et de l’aimer.

Enfin, la méditation de Lauren Bergier à partir de la formule latine de saint Augustin : Pondus meum, amor meus apporte aux propos précédents sur le « lieu » de Dieu une illustration toute spirituelle, où le don de Dieu est celui de l’Esprit Saint qui seul peut nous mener au repos tant désiré par l’auteur des Confessions.

Réalisation : spyrit.net