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Technique et miséricorde

Roland Hureaux

Le rapport de la loi morale à la miséricorde tel qu’il apparaît dans l’Ancien testament, se prolonge dans le Nouveau et se continue tout au long de l’histoire de l’Église. Il pourrait apparaître comme un de ces invariants qui, comme la miséricorde elle-même, s’étend de génération en génération (a progenie in progenies) sans qu’il faille en attendre qu’il se modifie avec le temps.

Ce rapport, nous le connaissons : Dieu nous a donné sa loi, à la fois par la conscience (loi naturelle) et par la Révélation (loi de Moïse). Cette loi n’est pas arbitraire, elle vise notre bien terrestre d’abord, céleste ensuite. Elle est comme un « mode d’emploi » de notre nature. Mais elle s’inscrit aussi dans une relation de personne à personne où toute transgression, non seulement nous porte tort à nous mêmes, mais est une injure au Tout-Puissant, le signe d’un manque de foi dans sa parole et une désobéissance à son commandement. La miséricorde, ce peut être beaucoup de choses comme la pitié pour un pauvre qui a faim ou un homme qui est méprisé, mais c’est aussi la pitié de Dieu vis à vis du pécheur qui se repent de sa transgression. Elle ne répare pas par elle-même le mal que nous nous sommes fait : par exemple, les effets d’une addiction alcoolique, mais elle rétablit, et généralement au-delà, la relation à Dieu.

Le peuple juif, la plupart des chrétiens pendant les premiers siècles du christianisme et même aujourd’hui sur la plus grande partie de la surface de la terre, ont vécu leur rapport à la loi morale selon cette dialectique. Ils savaient, ils savent que la miséricorde du Seigneur est un puits sans fond où ils peuvent chercher à tout moment le retour en grâce. Que la vie en société, même chrétienne, soit un gouffre de péché, nul n’en disconvenait, se résignant quelque part à ce que la nature humaine blessée par le péché originel ne conduise pas à autre chose qu’à cette imperfection congénitale des individus et donc des sociétés. Cela était particulièrement vrai dans ces branches de la chrétienté où on croyait à l’apocatastase (salut universel), soit certaines Églises orthodoxes. Que l’enfer n’existe pas - ou soit vide - permettait d’espérer en tout temps la miséricorde divine sans trop s’inquiéter des transgressions. Les sociétés en cause seront plus sensibles à l’immensité océanique de la miséricorde divine - d’autant mieux démontrée que les péchés sont graves - qu’à la nécessité de ne pas pécher.

La Révolution tridentine

Il s’est toutefois passé quelque chose en Europe occidentale au XVIe siècle qui a sensiblement déplacé les rapports entre la loi et la miséricorde. Certes la dialectique que nous venons d’indiquer n’a pas été remise en cause dans son principe. Comment l’aurait-elle été puisqu’elle est intrinsèque au christianisme ? Mais le curseur s’est déplacé du côté de la loi dans la culture et les mentalités.

Aussi bien la réforme protestante que la réforme catholique, dite tridentine, qui a suivi le Concile de Trente, se sont traduites par le souci, plus affirmé que par le passé, de moraliser la société effectivement de telle manière que la loi de Dieu, en beaucoup de domaines, notamment la discipline ecclésiastique, la morale sexuelle, la pratique des sacrements, soit mieux respectée. Il y avait certes toujours eu des rappels à l’ordre au sujet de la loi morale, depuis les prophètes d’Israël jusqu’aux canons des conciles, les exhortations des évêques et des prédicateurs de toutes les époques, mais ils étaient peu suivis d’effet. Est-ce la réforme protestante qui a montré l’exemple, et la réforme catholique (dite contre-réforme) qui a suivi, ou bien les deux ont-elles commencé en même temps, également tributaires de l’esprit du temps, de ce que les Allemands appellent le Zeitgeist ? Est-ce l’Église (les Églises) qui a été plus insistante ou qui s’est mieux organisée pour se faire obéir (par la création des séminaires par exemple) ou bien est-ce la société qui a changé, en raison d’une modification de l’esprit du temps (du fait de l’invention de l’imprimerie et la diffusion de l’écrit par exemple), l’esprit nouveau ayant rendu les peuples plus réceptifs aux injonctions ecclésiales ? Il est difficile de le dire.

Toujours est-il que le mouvement amorcé au XVIe siècle, et qui prend véritablement son essor au XVIIe siècle, n’a pas cessé jusqu’au milieu du XXe siècle. Il coïncide avec le tout début du décollage économique qui devait transformer les sociétés pour les conduire à la modernité.

L’administration royale, au moins dans des pays comme la France et l’Angleterre, se fait plus exigeante, plus rigoureuse, à peu près dans tous les domaines. Elle ne se résigne plus au désordre féodal ou ancestral, elle veut améliorer le monde. Louis XIII ouvre des hôpitaux, confiés à Saint Vincent de Paul. L’Angleterre fait au même moment des maisons pour enfermer les pauvres et les forcer à travailler. Louis XIV établit un registre de la noblesse, de telle manière que ne puisse pas se dire noble n’importe qui. Il ouvre des manufactures, promeut le progrès technique. Il bâtit les Invalides pour que ses vieux soldats blessés soient pris en charge. Il ordonne qu’une école soit ouverte dans chaque paroisse pour instruire les enfants du peuple, instruction dont le but affiché est l’apprentissage du catéchisme !

Cette politique a des résultats étonnants : le taux d’alphabétisation, dérisoire jusque là, commence à s’élever de manière continue à partir de 1500 pour approcher les 100 % au début du XXe siècle. D’après les études de Pierre Goubert sur le Beauvaisis [1], le taux de naissances hors mariage est très bas (de l’ordre de 2 %) à la fin du XVIIe siècle, et cela bien que les mariages soient tardifs et que l’avortement ne soit guère pratiqué. On le sait parce que, depuis l’Ordonnance de Villers Cauterets (1539), les naissances, les mariages et les décès sont enregistrés, ce qu’ils n’étaient pas auparavant. A la fin du XVIIIe siècle, l’assistance à la messe, obligatoire sous peine d’amende [2], atteint en France, juste avant la Révolution, un maximum historique.

Même si certaines tendances du catholicisme (jansénisme) ou du protestantisme (puritanisme) semblent faire passer au second plan la miséricorde, elle ne cesse jamais d’être prêchée, mais le pécheur doit, pour être absous, confesser ses péchés et s’attacher par la pénitence à s’améliorer toujours un peu plus. Les ouailles sont suivies à la trace par un clergé nombreux. La société rurale s’organise autour d’une petite bourgeoisie locale qui s’efforce de montrer l’exemple : ceux qui s’écartent publiquement des normes morales sont relégués par elle aux lisières de la société.

Cette immense entreprise de moralisation devait aboutir à une société plus stricte, mieux réglée dans ses mœurs, et par là désormais apte à la discipline industrielle. L’époque dite victorienne est à la fois celle d’une normalisation des mœurs, qui a pris une tournure emblématique, et celle du décollage industriel de l’Angleterre, alors première puissance économique du monde [3].

La deuxième moitié du XXe siècle voit pour la première fois cette configuration éclater. Comme si le ressort de la morale avait été trop tendu, les sociétés industrielles, à partir des années soixante, ont pris le contrepied du puritanisme pour connaitre une révolution libertaire sans précédent. Ce n’était pas la première fois que le ressort lâchait : la violente déchristianisation de la Révolution française avait déjà été une réaction à la pression qui n’avait cessé de s’alourdir sur le peuple chrétien depuis deux cent ans. Mais les mœurs solides de la population française n’avaient été perturbées qu’en surface et, cette expérience passée, l’ordre était revenu. Il n’en est pas de même aujourd’hui où l’ordre moral s’est trouvé profondément remis en cause, et sans retour jusqu’ici.

Pourtant la discipline économique, elle, ne s’est pas relâchée, au contraire. Désormais discipline morale et discipline économique divergent. Le progrès technique permet de monter des usines de plus en plus puissantes et de plus en plus sophistiquées, de se lancer dans des entreprises sans précédent comme la conquête de l’espace. La réussite de ces entreprises nécessite la coordination sans aucune défaillance de milliers d’opérations et donc d’opérateurs. Sinon l’entreprise échoue et les dégâts sont généralement considérables. Pensons à l’extraordinaire logistique qui sera nécessaire à une mission habitée vers Mars, actuellement à l’étude. On peut en dire autant de la fabrication d’un TGV, d’une centrale nucléaire, d’un Airbus. Pour ceux qui sont engagés dans ce genre d’entreprise, la moindre erreur peut être fatale. « Ça ne pardonne pas ! », dit-on d’une machine complexe et dangereuse où toute fausse manœuvre peut aboutir à un accident. Si un agent de la chaîne de fabrication est responsable d’une erreur fatale, il y a peu de chances qu’il puisse compter sur la miséricorde des hommes. Quant à la miséricorde de Dieu, si elle permet d’espérer malgré tout le salut de l’âme de l’agent fautif, elle ne ressuscitera pas, par exemple, les victimes d’un accident d’avion dû à une erreur humaine.

Cette mécanique perfectionniste ne tient pas seulement à la complexité intrinsèque de la technique moderne. Elle est stimulée par la demande du public qui, dans une société de consommation étendue, demande des produits sans défaut. Les administrations, les cours de justice sont de plus en plus strictes sur la qualité des aliments, le respect des normes environnementales, la sécurité des installations. Le responsable d’une erreur risque le lynchage de médias sans indulgence. Une société aussi puissante que frileuse demande toujours plus de sécurité. Plus question d’invoquer la fatalité en cas d’accident. Le médecin, le technicien, le chef d’entreprise, sont aussitôt suspectés, voire traduits devant les tribunaux.

La vie économique connaît aujourd’hui ce qu’on appelle les « contrôles de qualité » visant le « zéro défaut ».

Dans un tel contexte, aucun décalage n’est plus permis entre la norme et la réalisation, toute norme devant s’appliquer exactement. Il n’y a plus d’espace pour l’erreur, en tous les cas pour l’indulgence face à l’erreur.

Ces phénomènes ne concernent pas que la vie économique ou technique. Ils imprègnent toute la mentalité contemporaine. Comment dès lors faire comprendre à l’homme moderne ainsi formaté ce que représente la dialectique du péché et de la miséricorde ?

Les conséquences de cette mentalité vont au-delà de la question de la responsabilité : même là où la volonté n’entre pas directement en jeu, tout écart par rapport à la norme est de moins en moins toléré. La volonté que tous les hommes soient parfaits conduit à l’eugénisme ; la pratique est désormais répandue d’éliminer, en cours de gestation ou à la naissance, les bébés porteurs d’un quelconque handicap ou même qui n’entrent pas dans le « plan » familial. Pas de pitié là non plus !

Nous pourrions évoquer aussi toutes les formes d’exclusion que ce système de perfection suscite à tous les niveaux : rejet des individus trop singuliers, de tous ceux qui ne correspondent pas au standard, rejet dans l’exclusion de ceux qui ne peuvent pas fournir la norme de travail. On assiste par ailleurs à l’escalade des politiques publiques de toutes sortes destinées à amender la société de ses supposées tares : lutte anti-tabac, lutte contre l’obésité, lutte anti-pollution, campagnes antiracistes, antisexistes, anti-homophobie etc.

Comment ne pas penser aussi aux effets catastrophiques, voire criminels, où ont conduit les entreprises destinées à faire un « homme nouveau » parfait, comme le communisme ou le nazisme, ou encore les entreprises actuelles de mener, au besoin par la force, tous les pays à la perfection en matière de droits de l’homme ou de démocratie, entreprises qui ont conduit en Libye ou en Syrie aux pires désordres et aux pires crimes ?

Une nouvelle approche de la faute

Revenons cependant sur les effets spirituels de cette nouvelle mentalité technicienne orientée vers la recherche de la perfection en tous domaines.

Il va de soi que la perfection morale est bien plus difficile à atteindre que la perfection technique. Cela à cause de l’élévation particulière de la loi morale, spécialement chrétienne, à cause de ce qu’il est convenu d’appeler le péché originel, mais aussi du fait que l’élévation morale ne s’obtient, selon la théologie chrétienne, que par la grâce et donc par une vie de prière intense que bien peu se soucient de mener. Les saints eux-mêmes, qui s’en préoccupent plus que les autres, savent mieux que quiconque combien cette perfection est hors d’atteinte.

Ajoutons qu’une partie importante de la loi morale ancestrale porte sur l’amour et la sexualité, et que ceux-ci ne sauraient être régis selon les normes en vigueur dans l’univers matériel. D’autant que l’indiscipline sexuelle a peu d’effets sur la production. C’est peut-être pour cela que la réaction de rejet du puritanisme a surtout porté sur la sexualité. D’autant que, pour se soulager de temps en temps du fardeau des disciplines professionnelles, nos contemporains aspirent, le soir ou le samedi et le dimanche, à retrouver une vie privée où il ne saurait être question d’accepter des contraintes de même nature que celles de l’usine ou du bureau. Jadis, le monde paysan ne portait pas de cravate en semaine et s’« endimanchait » le Jour du Seigneur. Aujourd’hui, la cravate est portée tous les jours et ôtée le dimanche, même par ceux qui vont à la messe.

Que faire dès lors ? La mentalité technicienne ne donnant pas droit à l’erreur, rendant insupportable toute déviation par rapport à la norme, face à l’impossibilité d’adapter en matière morale les comportements à la norme, la société moderne en est venue, surtout dans les pays occidentaux, à demander que la norme soit adaptée aux comportements. La pression se fait ainsi forte pour que l’Église adapte sa loi en matière de contraception, de divorce, d’avortement, pour que chacun puisse se considérer juste comme il est exact dans sa profession. Titulaires de la médaille du travail ou de l’ordre du mérite, nos contemporains veulent aussi une reconnaissance de perfection par l’autorité spirituelle.

Il y avait un lien entre la révolution morale imposée par les Églises au moment de la Réforme et l’essor d’une mentalité technicienne. Mais les exigences toujours accrues de celle-ci ont rendu impossible à la vie morale de suivre. Et au lieu de s’accompagner d’un progrès correspondant du rigorisme moral (heureusement d’ailleurs), le progrès technique fantastique de la dernière génération a conduit à une demande de relâchement de la pression morale qu’exerçaient les Églises.

Alors que, pendant des siècles, morale et religion étaient tenues pour deux choses distinctes, les fidèles considérant que la religion, source de miséricorde, était là pour absoudre les manquements à la loi commune et non d’abord pour la rappeler, elles ont fini par se confondre dans le monde moderne. Le rejet de la morale a dès lors conduit au rejet de la religion. Il est d’ailleurs frappant que malgré leurs efforts pour se donner un visage avenant, pour prêcher la miséricorde, pour ne plus guère se faire donneuses de leçons, les religions sont toujours considérées par le grand public comme des institutions rébarbatives n’ayant en tête que l’embrigadement moral, comme si ce lien entre morale et religion était désormais ancré dans les mentalités. Les revendications pour que soient remboursé l’avortement ou que soit instauré un mariage homosexuel ont pour but, non de résoudre des problèmes pratiques, mais d’obtenir de l’État ce qu’il n’est pas possible d’obtenir des Églises : que les actes en cause soient déclarés normaux et donc « justifiés », de telle manière que ceux qui s’y livrent soient déculpabilisés.

Entre deux mondes

Cependant, malgré la mondialisation, toute la planète n’a pas suivi le mouvement dont nous parlons. Les pays du tiers-monde qui ont adopté le christianisme, spécialement en Afrique, n’en ont nullement adopté le puritanisme. Ils n’ont jamais connu le mouvement de moralisation de l’Europe moderne, ils pratiquent une religion plus affective, ayant gardé un fort sens de la miséricorde. Cela va sans doute avec leur retard de développement économique et le relâchement des disciplines sociales à la base de ce retard. Dans la mentalité de ces pays, le domaine moral et le domaine religieux demeurent séparés.

Quand les catholiques hollandais (l’un des pays les plus marqués par le moralisme et le souci de la discipline en tous domaines) boudent la visite du pape Jean-Paul II, ou quand des catholiques allemands lui demandent la reconnaissance de l’homosexualité, les habitants de certains pays du tiers-monde lui font un accueil triomphal alors même que les mœurs y sont plus relâchées qu’en Hollande ou en Allemagne. Par un paradoxe qui n’est qu’apparent, ces pays du tiers-monde où le sens du péché et de la miséricorde reste très profond, sont les plus attachés au maintien de la norme morale. Parce que les hommes y acceptent, comme ils l’avaient toujours accepté au cours des siècles, d’être pécheurs, de ne pas être en règle, parce que la certitude que Dieu est miséricordieux leur permet de reconnaître plus facilement une norme à la fois intangible et élevée.

On confond souvent sens du péché et sentiment de culpabilité. Ce n’est pas la même chose. Toujours culpabilisé par quelque chose (son chef, son percepteur, son médecin), l’Occidental n’a plus le sens du péché : il refuse de se reconnaître pécheur. Assez décontracté dans la vie, peu culpabilisé, l’Africain a le sens du péché : il accepte sans difficulté de se reconnaître pécheur. Le premier conteste la loi pour la faire coïncider avec sa pratique, le second accepte la loi même si sa pratique s’en écarte beaucoup.

Face à cette situation nouvelle qui résulte de la révolution technique, l’appel à la miséricorde du pape François ne peut avoir qu’une large résonance. Mais il peut aussi donner lieu à des malentendus. Malentendus opposés selon la région du monde où on se trouve.

Pour les pays pauvres, récemment évangélisés, le risque serait de croire tellement à la miséricorde de Dieu, que l’on y perdrait de vue que la loi a une raison d’être à caractère anthropologique, que son respect tend à toute époque à élever le niveau de l’humanité, tâche particulièrement nécessaire dans des pays qui se veulent en voie de développement. C’est bien d’être ouvert au pardon de Dieu mais, tout de même, il vaut mieux ne pas pécher, non pas dans l’intérêt de Dieu, mais dans celui des hommes.

Pour les pays développés, au contraire, le risque est de confondre l’annonce de la miséricorde avec un acquiescement de l’Église à la tentation narcissique de se considérer comme juste, impeccable selon la logique technicienne, au prix d’un abaissement des normes admises au niveau estimé acceptable pour l’humanité moyenne.

Dans les deux cas, le maintien d’un niveau élevé d’exigence morale, tel qu’il apparaît dans l’Évangile, loin de s’opposer au sens de la miséricorde, en est inséparable. Mais il est essentiel que l’Église maintienne, dans un monde divisé entre des mentalités très différentes, une voie moyenne entre la tendance à réduire la miséricorde à une trop facile justification (au sens exact de ce mot, rendre juste ce qui ne l’est pas), d’un côté, et celle de perdre de vue que la loi est d’abord faite pour l’homme et que la foi en la miséricorde n’exclut nullement la nécessité de respecter d’abord, autant que faire se peut, la règle morale.

Roland Hureaux, ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud et de l’ENA, agrégé d’histoire, rédacteur en chef de Résurrection de 1975 à 1976, auteur de Jésus et Marie-Madeleine (Perrin, 2005), et de Gnose et gnostiques des origines à nos jours (DDB, 2015).

[1] Pierre Goubert, Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730, Paris, 1965.

[2] Cette amende n’était cependant presque jamais appliquée.

[3] Il est vrai que le monde ouvrier semble, au XIXe siècle, échapper à cette moralisation, comme le montre Zola dans Germinal, mais la première génération ouvrière est issue de ceux que la société rurale post-tridentine avait relégués aux marges.

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