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Texte du Magistère

La présence du Ressuscité
Jean-Paul II
Lettre apostolique Dies Domini (Le jour du Seigneur), promulguée le 31 mai 1998, n. 31, 33, 35-36.

« Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20). Cette promesse du Christ continue à être entendue dans l’Église, qui y trouve le secret fécond de sa vie et la source de son espérance. Si le dimanche est le jour de la résurrection, il n’est pas seulement le souvenir d’un événement passé : il est la célébration de la présence vivante du Ressuscité au milieu des siens.

Pour que cette présence soit annoncée et vécue comme il convient, il ne suffit pas que les disciples du Christ prient individuellement et fassent mémoire intérieurement, dans le secret de leur cœur, de la mort et de la résurrection du Christ. En effet, ceux qui ont reçu la grâce du baptême n’ont pas été sauvés seulement à titre individuel, mais comme membres du Corps mystique qui font partie du peuple de Dieu [1]. Il est donc important qu’ils se réunissent pour exprimer pleinement l’identité même de l’Église, l’ekklêsia, l’assemblée convoquée par le Seigneur ressuscité, Lui qui a offert sa vie « afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52). Ils sont devenus « un » dans le Christ (cf. Ga 3,28) par le don de l’Esprit. Cette unité se manifeste extérieurement lorsque les chrétiens se réunissent : ils prennent alors vivement conscience d’être le peuple des rachetés, composé d’ « hommes de toute race, langue, peuple et nation » (Ap 5,9) et ils en témoignent devant le monde. Dans l’assemblée des disciples du Christ, se prolonge dans le temps l’image de la première communauté chrétienne, que Luc a voulu décrire de manière exemplaire dans les Actes des Apôtres, lorsqu’il écrit que les premiers baptisés « se montraient assidus à l’enseignement des Apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (2,42).

L’assemblée eucharistique

(…) C’est justement lors de la Messe dominicale que les chrétiens revivent avec une intensité particulière l’expérience faite par les Apôtres réunis le soir de Pâques, lorsque le Ressuscité se manifesta devant eux (cf. Jn 20,19). Dans ce petit noyau de disciples, prémices de l’Église, se trouvait présent d’une certaine façon le peuple de Dieu de tous les temps. Dans leur témoignage résonne pour toutes les générations de croyants le salut du Christ, riche du don messianique de la paix acquise par son sang et donnée en même temps que son Esprit : « Paix à vous ! ». Au retour du Christ parmi eux « huit jours après » (Jn 20,26), on peut voir préfiguré l’usage de la communauté chrétienne de se rassembler chaque huitième jour, le « jour du Seigneur » ou dimanche, pour professer la foi en sa résurrection et pour recevoir les fruits de la promesse exprimée dans la béatitude : « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » (Jn 20,29). Ce lien étroit entre la manifestation du Ressuscité et l’Eucharistie est suggéré par l’Évangile de Luc dans le récit concernant les deux disciples d’Emmaüs, auxquels le Christ se joignit lui-même, en les guidant dans l’intelligence de la Parole et enfin en restant à table avec eux. Ils le reconnurent quand il « prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna » (24,30). Les gestes accomplis par Jésus dans ce récit sont les mêmes qu’à la dernière Cène, avec une allusion claire à la « fraction du pain », expression qu’emploie la première génération chrétienne pour désigner l’Eucharistie.

Le jour de l’Église

(…) Ainsi le dies Domini se révèle être aussi dies Ecclesiæ. On comprend alors pourquoi la dimension communautaire de la célébration dominicale doit être particulièrement mise en valeur sur le plan pastoral. Comme j’ai eu l’occasion de le rappeler dans d’autres circonstances, parmi les nombreuses activités d’une paroisse, « pour la communauté, aucune n’est aussi vitale et n’apporte autant pour la formation que, le dimanche, la célébration du jour du Seigneur et de l’Eucharistie » [2]. Dans ce sens, le Concile Vatican II a rappelé la nécessité de « travailler pour que s’affirme avec vigueur le sens de la communauté paroissiale, surtout dans la célébration commune de la Messe dominicale » [3]. Dans le même sens se situent les orientations liturgiques ultérieures qui demandent que, le dimanche et les jours de fête, les célébrations eucharistiques faites normalement dans d’autres églises ou chapelles soient coordonnées avec la célébration de l’église paroissiale, cela précisément pour « que le sens de la communauté ecclésiale, spécialement nourri et exprimé par la célébration commune de la messe dominicale, soit entretenu et autour de l’évêque, surtout dans l’église cathédrale, et dans l’assemblée paroissiale, dont le pasteur tient la place de l’évêque » [4].

L’assemblée dominicale est un lieu privilégié d’unité : on y célèbre en effet le sacramentum unitatis qui caractérise profondément l’Église, peuple rassemblé « par » et « dans » l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. [5]

[1] Cf. Vatican II, Const. dogm. sur l’Église Lumen gentium, n. 9.

[2] Discours de Jean-Paul II au troisième groupe d’Évêques des États-Unis d’Amérique (17 mars 1998), n. 4, cf. L’Osservatore Romano, 18 mars 1998, p. 4.

[3] Cf. Vatican II, Constitution sur la sainte Liturgie Sacrosanctum concilium, n. 42.

[4] S. Congr. des Rites, Instruction sur le culte du mystère eucharistique Eucharisticum mysterium (25 mai 1967), n. 26 : AAS 59 (1967), p. 555.

[5] Cf . Lumen gentium, n. 4.

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