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Vézelay 2015 : « La gloire de nos corps »

Plan-guide pour un approfondissement
Résurrection

Le corps humain est aujourd’hui l’enjeu de tous les débats (éthique médicale, « libération » sexuelle, théorie du genre etc…). Loin de valoriser le corps, comme le croit généralement, on est plutôt porté à le rabaisser : on veut souvent le réduire à sa physiologie (le corps vu comme ensemble d’organes sur lequel on peut se livrer à toutes les expérimentations) ; source de plaisir, il est instrumentalisé par la publicité ; il est censé ne donner aucune indication sur l’orientation profonde de la personne (dissociation sexe/genre) ; on aspire à s’en affranchir dès qu’il devient trop pesant (vieillesse, maladie) ; on cherche à en effacer même les traces (incinération).

C’est l’occasion de découvrir la richesse de la Révélation chrétienne sur la question. Même si l’influence de Platon a parfois conduit certains auteurs à un constat pessimiste sur le corps (corps vu comme lieu de la tentation, rêve d’une survie affranchie des liens du corps, etc…), l’Ecriture nous donne une vision profondément positive et originale du dessein de Dieu sur le corps humain. Celle-ci n’est pas une théorie de plus, la Bible ne fait pas de philosophie à proprement parler, mais elle procède par narration. Dans cette narration, deux moments-clés : la création et la résurrection. Les récits de la Création dans la Genèse sont abordés dans une conférence du P. de l’Éprevier, dont on trouvera le texte par ailleurs. La Résurrection, elle, n’est pas le happy end d’une histoire qui se déroulerait selon sa propre logique. D’emblée, elle était l’objectif visé, c’est pourquoi nous lisons le récit de la création au cours de la Vigile pascale.

Une précaution : la langue du Nouveau Testament dispose de deux mots qu’il faut bien comprendre à propos de notre expérience corporelle : chair (sarx) et corps (sôma). Pour saint Paul, la chair , c’est l’homme dans sa fragilité consécutive au péché, cette fragilité concerne autant son corps que son âme, c’est pourquoi « l’homme charnel » s’oppose à « l’homme spirituel » (celui qui vit de l’Esprit Saint), mais elle marque le corps par le désordre de ses désirs et par son orientation vers la mort. Le corps , par contre, a une grande dignité, il est « temple de l’Esprit Saint » (1Co 6,19), il est « pour le Seigneur », comme le Seigneur est « pour le corps » (6,13), il est appelé à être lui-même « spirituel », c’est-à-dire pas moins corps, mais renouvelé par l’Esprit. Chez saint Jean, la connotation de « chair » est moins négative (« le Verbe s’est fait chair », « ma chair pour la vie du monde »), mais elle reste une réalité pauvre, quand elle est laissée à elle-même (Jn 6,63 : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien »).

I -LE CORPS DANS LE PROJET CRÉATEUR DE DIEU (RAPPEL)

  • L’homme créé immédiatement par Dieu corps et âme : il n’y a pas de préexistence des âmes, ni de corps humain qui ne soit doté d’emblée d’une âme immortelle.
  • Le corps humain, comme son âme, est à l’image de Dieu.
  • Le corps créé sexué : la différence de l’homme et de la femme est constitutive de l’expérience humaine (Gn 1,27 : « homme et femme il les créa »).
  • Le corps humain, tiré du monde matériel, est vulnérable, mais, si l’homme n’avait pas péché, il aurait pu se renouveler au contact de la vie divine. La séparation d’avec Dieu engendre la mort, séparation contre nature de l’âme et du corps.

II -LE CORPS EN VUE DE LA RÉSURRECTION

On crée la surprise en considérant le corps humain à la lumière de la Résurrection, qui est sa « gloire », sa pleine réussite dans la splendeur du projet de Dieu. Pour les pèlerins qui ne seraient pas croyants, il faudra leur demander de nous faire crédit d’une hypothèse apparemment incroyable, mais qui se révélera féconde dans la suite, car elle permet de comprendre que le corps est un don et non un état de fait sans signification, à gérer seulement au mieux de nos intérêts du moment.

1. La Résurrection de la chair dans l’espérance d’Israël :

Elle n’est pas première . La survie après la mort ne fait pas partie des convictions premières d’Israël (Ps 115,17 : « les morts ne louent point le Seigneur »), sans doute par réaction à la vision égyptienne de l’Au-delà et son désir exacerbé d’assurer coûte que coûte la survie, vue comme prolongement idéalisé de la vie terrestre, les hommes de la Bible ne veulent rien soustraire à la souveraineté divine et aiment mieux confesser la fragilité fondamentale de l’homme.

Admettre l’inouï de Dieu . C’est peu à peu que l’on voit s’affirmer la conviction que Dieu a un dessein mystérieux sur l’homme, qui dépasse la mort. C’est d’abord l’assurance que Dieu ne laissera pas son peuple dans l’anéantissement que représente l’Exil, qu’il a le pouvoir de redonner la vie à des ossements desséchés (Ez 37), puis, à mesure que s’affirme l’espérance d’une intervention ultime de Dieu dans l’histoire (apocalypse), on commence à entrevoir une résurrection des morts (Dn 12,2 : « un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour l’opprobre, pour l’horreur éternelle »). Certains psaumes donnent à cette espérance une allure plus personnelle (Ps 16,10 : « tu ne peux abandonner mon âme au shéol, tu ne peux laisser ton ami voir la fosse ») et le livre de la Sagesse combine cette espérance avec la vision grecque de la survie de l’âme.

2. La réalité de la Résurrection de la chair :

Les paroles de Jésus sur la Résurrection  : Jésus se trouva confronté à divers courants du judaïsme qui n’acceptaient pas la Résurrection de la chair, à l’inverse des Pharisiens qui l’admettaient ; son point de vue est clair quand il s’heurte aux Saducéens : « que les morts ressuscitent, Moïse aussi l’a donné à entendre dans le passage du Buisson quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Or il n’est pas un Dieu de morts, mais de vivants ; tous en effet vivent pour lui » (Lc 20,37). Il parle de la « résurrection des justes » (Lc 14,14) et des injustes (Jn 5,29). Il la présente comme un surgissement (ré-surrection), un réveil à la voix du Seigneur (Jn 5,29), une sortie (). Ceux qui sont ressuscités ne se marient pas, car il n’y a plus lieu de procréer de nouveaux membres du Peuple de Dieu, le nombre des élus étant atteint, « ils ne peuvent plus mourir, car ils sont pareils aux anges, et ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection » (Lc 20,36).

Le fait de la Résurrection du Christ  : les récits du tombeau vide comme ceux des apparitions du Ressuscité attestent une expérience directe faite par certains de la réalité du fait de la Résurrection, que Jésus avait annoncée, mais que personne n’était encore prêt à croire. Jésus se manifeste de façon à la fois familière et déconcertante, se rendant présent comme et quand il veut, acheminant doucement les cœurs vers la reconnaissance de sa résurrection, mais capable aussi de proposer de façon directe le constat de sa chair ressuscitée. Les apparitions représentent un moment déterminé (quarante jours), suffisant pour attester le fait, mais préparant une séparation au moins apparente qui se consomme avec l’Ascension. Celle-ci n’abolit pas la réalité corporelle du Christ glorieux mais la fait passer pour nous dans l’ordre sacramentel.

3. Comprendre :

Lumière sur le corps  : de toute évidence, la résurrection (celle du Christ et la nôtre) n’est pas une négation de la corporéité de l’homme, au contraire : il n’y a d’humanité complète qu’avec le corps, même si on doit reconnaître qu’il existe un stade intermédiaire entre la mort de l’individu et sa résurrection : jugement particulier, béatitude déjà réelle mais incomplète au paradis, enfer, purgatoire…

Quel corps ? Les indications de l’Écriture sont très sobres, mais nous voyons qu’il s’agit d’un vrai corps (avec de la chair et des os et la possibilité de se nourrir : cf. Lc 24,39) ; le préjugé qui voudrait que le corps spirituel (ou glorieux) soit une substance immatérielle s’oppose au réalisme biblique : le tombeau est laissé vide, Jésus garde les stigmates de sa passion, c’est donc bien le corps, né de la Vierge Marie, qui était mort (et de quelle mort !) et qui est là à table devant les Apôtres. Certes il échappe aux limites habituelles : il rejoint les Apôtres toutes portes closes, il est apparemment présent en plusieurs endroits à la fois, il s’élève dans les airs etc… Il a plus, mais il n’a pas moins. Il nous faut accepter que la même réalité corporelle puisse être vécue selon plusieurs modalités : une dans l’univers marqué par la mort qui est le nôtre présentement, une autre lorsque Dieu aura vaincu les limites qui empêchent sa vie (la vie de l’Esprit) de surabonder en soulevant et en unifiant l’être humain. Saint Paul, qui a médité longuement sur l’identité du corps glorieux et du corps charnel (cf. 1Co 15), nous montre aussi comment le Saint Esprit, qui a déjà commencé à transfigurer nos cœurs, saisira aussi un jour notre être physique (Rm 8,11).

III -QUEL USAGE DE NOS CORPS ?

La Résurrection nous laisse entrevoir un usage gracieux de nos corps. Comment celui-ci se réalise-t-il dès maintenant ? On retient ici deux dimensions de notre expérience corporelle : le corps lieu de notre intimité dernière, le jardin secret de nos vies, et en même temps le corps rendant possible et effective notre ouverture à l’autre (l’autre humain et l’Autre divin). Ces deux dimensions sont corrélatives, car il s’agit de se réserver pour pouvoir se donner, selon la phrase de Jésus : « ma vie nul ne me la prend, mais c’est moi qui la donne » (Jn 10,18).

A- Le Corps, notre bien le plus personnel

1. Le respect de notre corps :

Santé, hygiène  : nous avons le droit et le devoir de soigner nos corps. Même si certains saints ont pu vivre dans la crasse et en négligeant les soins le plus élémentaires, pour rompre avec un monde excessivement préoccupé de son confort, l’Église ne les a jamais donnés en exemple pour cela. Chacun reste maître de fixer ce qu’il juge bon pour sa santé et nul n’est pas tenu à la surenchère des traitements médicaux, on a le droit dans certains cas de refuser une intervention qu’on juge inutile ou trop lourde.

Beauté  : il y a un sens de la beauté qui va de pair avec le christianisme. A côté de la beauté séductrice qui recourt à l’artifice et qui cherche à capter le regard, il y a la grâce émanant d’un cœur libre et serein, qui sait se parer agréablement pour la joie de tous.

Pudeur  : l’instinct qui nous amène à protéger notre intimité, à refuser de s’exhiber à tout regard est une défense légitime contre une appropriation qui ferait de notre corps un instrument à la merci de la convoitise (ou du mépris) d’autrui.

2. Le respect pour le corps des autres :

Ni violence, ni indiscrétion  : ce que nous souhaitons pour nous, respectons-le chez les autres. Le corps de notre prochain est sacré : nous ne pouvons lui faire subir de traitements dégradants, ni en violer l’intimité.

Le corps souffrant à soigner  : c’est un devoir de rejoindre nos frères lorsqu’ils souffrent dans leur corps, éprouvant sur eux-mêmes les limites de la condition humaine. Il faut parvenir à reconnaître dans un corps usé ou blessé la dignité immense qui est la sienne, ne pas s’en tenir à une perception utilitaire ou esthétique, quand le Fils de Dieu lui-même a consenti à être ce condamné, qui n’avait plus d’apparence humaine.

Habeas corpus  : il est heureux que la loi civile se propose d’inscrire dans son droit l’inviolabilité du corps, le refus de toute forme de torture, l’interdiction de la pornographie, le respect de la dépouille funèbre, mais il convient aussi de mettre un terme au trafic d’organes, à l’expérimentation sur des fœtus etc…

3. Un équilibre à trouver :

Ni négligence et ni idolâtrie  : on passe facilement d’un excès à l’autre, comme de l’anorexie à la boulimie. La négligence sur sa santé ou sur d’autres domaines peut avoir des conséquences graves pour nous et pour les autres. Mais on voit aussi le désordre qui consiste à exagérer le soin qu’on prend de son corps, soit en le nourrissant trop, soit en refusant tout effort coûteux, soit en étant esclave de son look, de ses loisirs etc…

Le corps destiné à « passer »  : qu’on le veuille ou non, notre corps est promis à la dégradation et à la mort ; quelque soin qu’on en prenne, on l’éternisera pas dans sa forme actuelle, sa grandeur est d’avoir servi à l’aventure de note vie, à avoir été baigné de l’eau du baptême à avoir été nourri par l’eucharistie, il nous aura servi à aimer, à nous donner, mais il disparaîtra en attendant de ressurgir - identique et différent – à l’heure de la Résurrection. La dignité de notre corps n’est pas l’éternelle jeunesse de l’Apollon du Belvédère, mais la ressemblance du Christ, grain de blé tombé en terre qui n’est pas resté seul.

B- le Corps pour le don

1. Don aux autres :

Dans l’amitié  : nous ne sommes pas des cerveaux sur pattes, notre corps est complètement partie prenante de nos affections, de notre service des autres, il est lié à notre vie de relation, où la parole se prolonge par le geste qui lui donne un poids particulier, c’est pourquoi le geste faux (comme le baiser de Judas) est un mensonge grave. L’entente se scelle par une poignée de main, la réconciliation par une embrassade. Le repas est la forme universelle de la proximité avec ceux qu’on aime, il y entre le soin de celui qui l’a préparé, l’attention de chacun pour mettre les autres à l’aise, les écouter, leur passer les mets, tout cela dans une ambiance détendue facilitée par la qualité de la nourriture et de la boisson. Bien sûr, tout cela peut être gâché par l’égoïsme, la gloutonnerie, et mille autres défauts, mais on comprend que la Parole de Dieu se soit servie de l’image du repas pour parler de notre bonheur futur (Is 25,6 ; Pr 9,1-2). Saint Thomas d’Aquin parle d’une vertu d’« eutrapélie » comme la capacité de bien traiter ses amis. Il faudrait aussi parler de la danse, qui, malgré ses équivoques modernes, exprime dans bien des cultures la joie de se servir de son corps pour réaliser de concert avec d’autres un ensemble gracieux et dynamique. On pourrait aussi parler du sport…

Dans le mariage  : le corps, comme l’a noté Jean-Paul II, a une signification nuptiale ; ce n’est que dans l’amour de l’homme et de la femme parvenu à sa consommation que le don de soi à l’autre intègre complètement le corps, dans la mesure où il n’y a plus de différence entre le don qui est fait et la personne qui donne : en se livrant sans réserve l’un à l’autre, chacun des époux se donne réellement « jusqu’au bout ». La Bible emploie une périphrase curieuse pour parler de l’union sexuelle : elle dit qu’Adam « connut » Ève. Connaître, c’est entrer dans le secret de l’autre, non par effraction, comme dans le viol, mais en tout consentement. Alors seulement la pudeur n’est pas offensée, car, là où le don est complet et réciproque, il n’y a plus à craindre de devenir objet, on est pleinement sujet. Ce don n’est pas séparable de la fécondité, qui en est la conséquence heureuse : car se donner à l’autre, c’est l’accueillir avec toute sa puissance de donner la vie, c’est recevoir de lui en retour la possibilité de donner cette même vie. Là encore beaucoup de choses peuvent perturber et rendre méconnaissable l’amour, mais le risque est à la hauteur de l’ambition de Dieu sur le couple humain.

2. Don à Dieu, au Christ :

Prière  : la prière n’a jamais été une réalité purement intérieure, même si l’homme occidental moderne manifeste une grande difficulté à se servir harmonieusement de son corps dans le culte de Dieu : la prière charismatique a contribué à en décrisper certains, mais déjà nos pères connaissaient tout un langage du corps dans la prière (saint Dominique et beaucoup d’autres priaient debout les bras en croix, prosternés, etc…). La liturgie (plus expressive en Orient, mais encore chargée de gestes signifiants chez nous, si on ne la réduit pas à sa plus simple expression) est l’anticipation heureuse de notre ronde au ciel avec le Christ et les bienheureux.

Ascèse  : le sens de la pénitence volontaire est de nous faire expérimenter avec notre corps la réalité du don de nous-mêmes au Christ : la faim ressentie, la dureté d’un linge plus raide, les pieds douloureux nous permettent pour une fois de dire au Seigneur que nous l’aimons et pas seulement dans la facilité, que nous sommes fiers d’avoir pu délibérément nous priver pour lui, afin de porter un peu (oh combien !) de sa croix.

Sacrements  : notre salut ne nous vient pas seulement en paroles, mais en actes, il touche notre corps par l’eau, l’huile, le pain etc…, tellement que s’ils ne le rejoignaient pas, il n’y aurait tout simplement pas de sacrement, donc pas de salut. Notre corps retrouve dans l’eucharistie la signification nuptiale que nous avons relevée plus haut : là le don que nous fait le Christ, c’est lui directement dans son corps que nous recevons au profond de notre chair et nous, en retour, nous nous livrons complétement à lui pour qu’il nous transforme. Et ainsi il nous intègre à la totalité de son corps qui est l’Église.

3. Jusqu’à l’extrême :

« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13). Cette parole n’a de sens que si on voit la possibilité d’un don qui aille jusque-là : livrer son corps à la mort. Toute parole d’amour qui est dite (même au plan humain) implique quelque part qu’on est prêt à aller jusqu’au bout, s’il le fallait, et à s’exposer, avec son corps, pour l’autre, pour les autres.

Dans notre vie avec le Christ, ceci a un nom très simple, c’est le martyre, par lequel un homme, une femme, un enfant signent de leur sang leur appartenance au Christ. Les gnostiques, qui voyaient dans le corps une substance étrangère et méprisable, ne pensaient pas qu’il y avait de raison pour s’exposer à la mort pour sa foi.

CONCLUSION :

Notre thème a l’avantage d’aborder des questions très actuelles dans un cadre théologique et spirituel. Mais il faut prendre garde à ne pas se laisser entraîner sur des terrains mouvants, où nous n’avons pas forcément la réponse à tout. Il faut revenir sans cesse à l’idée principale : dignité du corps, parce que fait pour être notre compagnon d’éternité.

Bonne occasion de parler de l’eucharistie et des sacrements, d’inviter à une redécouverte de la messe.

Bonne occasion de montrer une mystique chrétienne qui n’est pas coincée, - ni délirante.

Réalisation : spyrit.net