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Bourdaloue dans la prédication du XVIIème siècle

Jean-Pierre Landry

Sans s’attarder aux prédicateurs dits « populaires », il faut saluer l’œuvre des missionnaires de campagne comme les Lazaristes, les « Prêtres de la Mission », congrégation fondée le 17 avril 1625 par saint Vincent de Paul pour s’appliquer « au salut du pauvre peuple, allant de village en village prêcher, instruire, exhorter et catéchiser ces pauvres gens, et les porter à faire tous une bonne confession générale de toute leur vie passée ».

Il faut mentionner le P. Le Jeune, de l’Oratoire, « le Père aveugle », qui évangélisa le Limousin. Le bienheureux Julien Maunoir (1606-1683), qui apprit la langue bretonne pour prêcher aux paysans et aux pêcheurs : en 43 ans, il prêcha plus de 500 missions. Saint Jean-François Régis, qui sillonnait inlassablement le Velay et le Vivarais (Lalouvesc). Saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716) qui fit des missions en Poitou et en Bretagne (diocèses de Poitiers, Nantes et La Rochelle, surtout). Il enthousiasmait les foules, érigeait des calvaires, composait des cantiques sur des airs populaires. Il prêchait la dévotion mariale, instituait surtout des confréries du Rosaire, faisait réciter le chapelet aux foules. Il fonda les congrégations des Filles de la Sagesse, les prêtres missionnaires de la Compagnie de Marie. Son Traité de la vraie dévotion à la sainte Vierge, écrit en 1712, ne fut publié qu’en 1842 et révéla toute la profondeur de sa spiritualité. (canonisé en 1947).

Je voudrais évoquer un dernier nom : Antoine Godeau (1605-1725), au destin caractéristique. Il commença par être un abbé mondain et un poète précieux ; il fréquentait le salon de Mme de Rambouillet et on le surnommait « le nain de Julie » (Julie d’Angennes). Ses petits poèmes étaient tellement appréciés qu’il fut élu à l’Académie française dès la fondation de cette institution (1635) et il y avait une expression proverbiale : « c’est du Godeau ! » pour qualifier une belle œuvre. Puis, en 1636, il fut nommé évêque de Grasse et Vence : il connut alors une véritable conversion. Il apprit le provençal et, monté sur sa mule, il parcourut les chemins les plus escarpés de son diocèse. Il se contenta du diocèse de Vence, où il fonda des écoles, un séminaire, écrivit des ouvrages pieux et devint même un augustinien austère. On a ici l’exemple significatif d’un homme saisi par la prédication.

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La place du sermon dans la vie sociale, à Paris, surtout dans la seconde partie du XVIIème siècle, est tout à fait exceptionnelle. Mgr Calvet en a parfaitement rendu compte lorsqu’il a écrit :

Une ouverture d’Avent ou de Carême de Bourdaloue occupe les esprits et attire la foule autant qu’une « première » de Racine ou de Molière [1].

A la fin du XVIIème siècle et au début du XVIIIème siècle, le P. de La Rue, jésuite, attirait les foules, chaque fois qu’il prêchait ses deux célèbres et terrifiants sermons Sur l’état du Pécheur mourant et Sur l’état du Pécheur mort [2].

Il est nécessaire de s’interroger sur les raisons d’un tel engouement et plus encore sur les raisons de la qualité – bien réelle – de ces œuvres oratoires, qualité qui justifie cet engouement.

La première explication se trouve dans les décisions du concile de Trente, qui affirma (Session V, 1546) l’importance de la prédication et l’obligation faite aux évêques et aux prêtres de prêcher les dimanches et jours de fête liturgique, afin d’instruire les fidèles sur les questions de foi et de morale. Le sermon dominical devait devenir une vraie leçon de catéchisme.

Il faut ici mettre en relief l’important travail de réflexion poursuivi tout au long du XVIIème siècle par les théoriciens de l’éloquence sacrée. Le XVIème siècle, siècle des humanistes, avait légué une conception particulière du beau sermon : il tendait à devenir un moment de grande rhétorique, souvent trop pénétré par la culture profane. Le premier à réagir contre cette tendance de la prédication catholique fut saint François de Sales. Grand prédicateur lui-même, il a laissé sa « théorie de la prédication » dans une Lettre à Frémyot, le jeune archevêque de Bourges, datée du 5 octobre 1604 [3]. Ses conseils vont tous dans le sens de la simplicité et de la ferveur : le prédicateur doit annoncer l’Évangile, se faire le simple messager de la Bonne Nouvelle. Cela implique de renoncer en général aux références de la littérature profane, et d’éviter de chercher à se mettre personnellement en valeur. Deux sources sont à privilégier : l’Écriture, et d’autre part les Pères et les Docteurs, qui aident à la comprendre.

Mais surtout : la prédication n’est pas seulement une technique, une question de méthode. Il convient essentiellement de laisser parler son cœur, un cœur débordant d’amour pour Dieu. Le prédicateur doit prêcher Jésus-Christ, et doit le prêcher avec ferveur, avec joie, avec foi. Saint François de Sales fut bien, comme l’a écrit J. Truchet, « un irremplaçable promoteur d’idées nouvelles » [4].

Cependant, ses préceptes ne firent guère école, et les historiens de la prédication ont souvent relevé les hésitations qui caractérisent son développement, sous le règne de Louis XIII. A cette époque se côtoient, par exemple, les sermons burlesques du Père André et la solennité pompeuse d’Ogier. C’est alors qu’intervient l’action décisive de saint Vincent de Paul. En 1625, il fonde la Société de la Mission (les Lazaristes) : avec ses prêtres, il parcourt inlassablement la campagne, évangélise, organise l’assistance aux pauvres et aux malades.

Mais pour que cette action soit efficace, il faut des prêtres capables de bien prêcher. C’est pourquoi il met en place peu à peu tout un service de formation : retraites individuelles (1631), création de séminaires (1636, 1645) et conférences du mardi (à partir de 1633). Dans ces conférences, ouvertes à tous les prêtres désireux de se former, M. Vincent enseignait ce qu’il appelait sa « petite méthode ». Il retrouve en fait les grandes intuitions de François de Sales : prêcher l’Évangile avec simplicité et avec un enthousiasme communicatif, bannir le burlesque et le pédantisme. Son plaidoyer pour une éloquence humble, naturelle, brûlante de charité, a su toucher grand nombre de prêtres, parmi lesquels Bossuet.

Mais l’influence de ces théoriciens, pour prestigieux qu’ils soient, ne saurait expliquer l’éclosion de tant de prédicateurs de qualité. Aux noms de Bossuet (1627-1704) et des trois grands orateurs nés en 1632, Bourdaloue (†1704), Fléchier (†1710) et Fromentières (†1684), on peut ajouter beaucoup d’autres noms : ceux des oratoriens Mascaron (1634-1703), Le Boux (1621-1693), Massillon (1643-1742), ceux des jésuites Giroust (1624-1689), Gaillard (1641-1727), Cheminais (1641-1689) et La Rue (1643-1725), celui du feuillant dom Cosme (1615-1710). Les diverses sensibilités religieuses avaient leurs hérauts : le Père Desmares (1599-1669) pour les jansénistes, le Père Séraphin de Paris (1636-1713) pour les quiétistes.

La consécration suprême était évidemment d’être appelé à prêcher à la Cour, pour un Avent ou un Carême. Le palmarès de ces invitations est surprenant et instructif : Gaillard fut le plus demandé (14 stations) devant Bourdaloue (12), Mascaron (10), La Rue (8), Le Boux (5) dom Cosme et Bossuet (4)… Cela permet de rectifier une opinion assez répandue, qui fait de Bossuet le grand prédicateur du XVIIème siècle. Or, pour les hommes de son temps, Bossuet était un controversiste, un théologien, un écrivain spirituel, « le grand docteur de l’Église de France » [5] ; mais on ne voyait pas en lui le premier des orateurs sacrés. D’ailleurs, sa carrière de prédicateur, au sens strict, ne dure qu’une dizaine d’années, entre le Carême des Minimes (1660) et l’Avent de Saint-Germain (1669). La préférence des contemporains allait plus généralement à Bourdaloue, surnommé « le prédicateur des rois et le roi des prédicateurs » [6].

La qualité exceptionnelle de la prédication dans la seconde moitié du XVIIème siècle s’explique par la convergence de quelques facteurs remarquables. Comme nous l’avons vu, il y a d’abord l’intention de l’Église de redonner au sermon une place centrale dans sa mission enseignante. Mais cette volonté se trouve accomplie de façon parfaite parce qu’elle s’exprime à un moment où l’Église de France connaît une expansion exceptionnelle. Le P. Condren (1588-1641) voyait dans son époque « le siècle des saints » et l’abbé Bremond constatait une véritable « invasion mystique » [7]. La liste des saints et des bienheureux est en effet surprenante et il faudrait y ajouter encore tous les écrivains spirituels de Port-Royal, sans compter Bérulle, J.-J. Olier, Rancé, etc. L’Église de France a eu la chance de compter aussi dans ses rangs – parmi ses fidèles – les meilleurs esprits du temps, de Pascal à Racine, de Corneille à La Bruyère, de Malebranche à Fénelon. Tout naturellement, de ce creuset intellectuel émergeront ces prédicateurs remarquables.

Mais un autre élément, capital, intervient et son rôle est décisif : ces hommes de talent montent en chaire au moment où s’impose l’esthétique classique. Et il paraît tout à fait évident que les genres oratoires, tels qu’ils les ont illustrés, reflètent les grands idéaux du classicisme français. Cela ne saurait surprendre, si l’on se rappelle que l’éloquence représente, dans la hiérarchie des genres établie depuis Vaugelas, le plus élevé de tous, l’idéal vers lequel tous les créateurs doivent regarder [8]. L’éloquence est donc bien intégrée, et à la plus éminente place, au projet classique.

Par ailleurs, elle obéit elle-même à la séparation des genres. Les discours religieux se divisent en quatre grandes catégories. Au sommet se rencontre le panégyrique, consacré à l’éloge d’un saint ou d’un martyr. Le panégyrique chrétien se situe dans la continuité d’une prestigieuse tradition antique [9]. Cependant, les prédicateurs renouvellent le genre : ce n’est plus exactement un catalogue hagiographique ni un amoncellement d’éloges. Dans les meilleurs des cas – et ils sont de plus en plus fréquents – ils deviennent des occasions d’instruction. C’est le cas, par exemple, du Panégyrique de saint Paul par Bossuet, qui constitue un véritable traité d’éloquence chrétienne, une méditation sur la théologie de la parole [10]. Fléchier excella dans ce genre (Panégyriques de saint Joseph, de la Madeleine, de saint Louis, de saint Thomas, de saint Ignace, etc.) ainsi que Bourdaloue.

Le second genre, l’oraison funèbre, se divise elle-même en trois catégories : l’oraison funèbre « devant le catafalque », qui est la plus connue, mais aussi l’oraison funèbre « sur le cœur » [11], et l’oraison funèbre prononcée à l’occasion d’un anniversaire du défunt. Bossuet et Fléchier sont incontestablement les maîtres de ce genre, dont ils font non seulement une louange du défunt, mais surtout une occasion d’instruction pour les auditeurs.

Mais le genre le plus répandu est, bien entendu, le sermon. Sa forme classique se fixe vers les années 1640. Il s’ouvre alors par une brève citation de l’Écriture, que l’on appelle le texte, puis commence par un premier exorde, qui annonce le sujet du discours. Ce premier exorde se termine par un Ave Maria, qui place le sermon, l’orateur et les auditeurs, sous la protection de la Vierge Marie. Suit le second exorde qui a pour fonction d’annoncer et de justifier le plan du sermon. Le corps du discours se divise en effet en deux, trois ou quatre parties. Enfin tout s’achève par la péroraison, qui est tout à la fois la conclusion logique du propos et une exhortation à la prière et à la conversion, qui doit emporter l’adhésion de l’auditoire et le pénétrer de ferveur spirituelle. Bien évidemment, les maîtres du genre sont Bourdaloue et Bossuet mais tous les autres prédicateurs mériteraient d’être cités.

Enfin l’homélie a de nombreux partisans. Simple instruction à partir d’un texte de l’Écriture, proche du commentaire de texte, elle est le plus familier des genres, celui qui est pratiqué par les curés dans les prédications dominicales ordinaires.

Cependant, le grand genre classique est le sermon. Le lecteur moderne est surpris par sa longueur : un sermon de Bourdaloue durait au moins une heure et quart. C’est pourquoi on prit peu à peu l’habitude de séparer le sermon de la messe, et de le réserver pour l’après-midi. De plus, on avait coutume de confier aux meilleurs prédicateurs la tâche de prononcer des séries de sermons pendant l’Avent ou le Carême. Une station d’Avent comportait en général six sermons, et allait de la Toussaint à Noël. Un Carême pouvait prendre plusieurs formes : le petit carême allait des Cendres à Pâques et comprenait un sermon chaque dimanche ; un grand carême ajoutait deux ou trois sermons pendant la semaine, (plus un sermon pour les fêtes de l’Annonciation, de la Purification et parfois de Quasimodo [12] : on arrivait ainsi à une trentaine de discours).

On a peine à imaginer aujourd’hui la passion pour la prédication au XVIIème siècle : les orateurs renommés attiraient des foules considérables et leurs œuvres se diffusaient largement. Elles remportaient de très estimables succès de librairie, devenant livres destinés à nourrir la vie spirituelle des chrétiens ou recueils de sermons modèles pour les prédicateurs en mal d’inspiration. On peut même dire qu’il existait un véritable trafic de sermons : au pied de la chaire des grands prédicateurs se trouvaient des copistes professionnels, les tachygraphes, qui prenaient en note les discours, les recopiaient avec une fidélité très approximative et les vendaient – aux amateurs de sermons ou aux prédicateurs désireux de pallier leurs insuffisances. Cela donna lieu à quelques anecdotes. La première se résume à une petite épigramme parfois attribuée à Boileau :

On dit que l’abbé de Roquette
Prêche les sermons d’autrui ;
Moi qui sais qu’il les achète,
Je soutiens qu’ils sont à lui [13].

La seconde historiette est rapportée par les biographes du P. Senault et résumée ainsi par Jacquinet :

Étant dans une voiture pour aller prêcher un carême dans une ville de Parlement, un Révérend qui allait dans le même endroit et à la même fin fut fort étourdi d’apprendre de lui que le Père de l’Oratoire avec lequel il voyageait était le Père Senault, c’est-à-dire celui-là même dont il avait compté d’aller débiter les sermons comme siens, la tête levée. Il lui avoua qu’il était perdu de réputation, n’en ayant pas d’autres à dire, et qu’il n’avait d’autre parti que de rebrousser chemin, couvert de honte et de confusion. Le Père Senault, touché de l’embarras où ce Révérend se trouvait, l’en tira généreusement en lui disant qu’il n’avait qu’à faire usage de ses sermons, que, pour lui, il en prêcherait de tout différents, et ne le décèlerait pas sur la confidence qu’il lui faisait ; et en effet il tint parole sur l’un et sur l’autre [14].

Les œuvres des prédicateurs étaient tellement appréciées, et se vendaient si bien, qu’elles étaient l’objet de commerces plus ou moins honnêtes. A côté des copies tachygraphiées, pour la plupart d’une fidélité très relative, circulaient des éditions clandestines de leurs œuvres. C’est ainsi qu’entre 1692 et 1699 parurent sept éditions subreptices des Sermons de Bourdaloue en un, deux ou trois volumes. Le prédicateur dut même désavouer formellement ces œuvres par un communiqué inséré dans le Journal des Savants [15]. Ces éditions, publiées vraisemblablement à partir des notes des tachygraphes, témoignent bien de l’importance qu’avait prise la prédication dans la vie sociale des Français du Grand Siècle.

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Pour montrer définitivement cette importance, il suffit d’alléguer trois témoignages.

Le premier est celui d’un étrange prédicateur – qui n’a jamais prêché, et pour cause. Il s’agit en effet d’un laïc, l’avocat Jean Richard (1643-1719), un passionné de l’éloquence sacrée, à laquelle il consacra le meilleur de lui-même. Il édita en effet les œuvres de Fromentières, de Joly et de l’abbé Boileau. Mais surtout il composa des panégyriques, publiés sous le titre d’Eloges historiques des saints et des volumes de sermons intitulés Discours moraux et Dictionnaire moral (qui contient deux sermons sur chaque sujet de morale chrétienne) [16]. Ces œuvres comptent parmi les meilleures œuvres « oratoires » du XVIIème siècle. Le cas de Jean Richard est particulièrement intéressant, car il met bien en lumière la place que tient la prédication dans la société française du XVIIème siècle. Elle est à la fois un ministère et un genre littéraire.

La redécouverte de la « Parole de Dieu » est l’un des aspects les plus caractéristiques de la Réforme catholique. J. Richard nous apprend aussi que le sermon classique se constitua peu à peu en véritable genre littéraire. Écrire, comme il le fit, des œuvres oratoires ne peut que nous interroger, car cela revient d’abord à transformer un exercice spirituel en exercice littéraire, et ensuite cela revient à transférer un exercice oral dans le domaine de l’écrit.

Cette question se pose en fait pour tous les sermons publiés. Il faut rappeler ici la distance qui sépare les discours qu’ont entendus les auditeurs des textes diffusés par écrit. Les sermons étaient plus ou moins élaborés en fonction des habitudes de l’orateur, mais aussi des circonstances. Il est évident que le prédicateur qui devait aborder une question délicate, ou qui devait prêcher devant un auditoire difficile ne pouvait se contenter d’improviser à partir d’un simple canevas : « une rédaction intégrale et très soignée pouvait être jugée nécessaire », et le texte était appris presque par cœur par l’orateur [17]. Bossuet constitue ici un cas tout à fait exceptionnel, car ses manuscrits ont été conservés ; on peut voir ainsi sa parole authentique, bien que, comme on le sait, il s’autorisât maintes improvisations, digressions et modifications lors de ses prestations orales. Mais, pour les autres prédicateurs, nous n’avons pas cette chance : aucun manuscrit de Bourdaloue n’a été conservé et il est probable que son éditeur, le P. Bretonneau, a parfois modifié ses textes, même s’il l’a fait avec un maximum de discrétion et de scrupules [18]. Entre la parole vivante et le texte édité existe une différence à la fois certaine et impossible à évaluer.

Le cas des oraisons funèbres est évidemment différent. Ces discours d’apparat étaient d’emblée destinés à l’impression, pour peu que le défunt ait eu quelque notoriété. Cela confirme que les oraisons funèbres relèvent d’un genre oratoire particulier, le genre démonstratif, celui de l’éloquence d’apparat, au même titre que les grands discours profanes, comme les panégyriques du Roi prononcés dans les séances solennelles de l’Académie [19]. Un des mérites de Bossuet et, dans une moindre mesure, de Fromentières, Fléchier et Mascaron, est d’avoir donné à ce genre une orientation plus spirituelle : avec les grands orateurs de l’époque classique, l’oraison funèbre devient une méditation sur la mort, une instruction sur le sens chrétien de la vie et une exhortation à la conversion.

Le second témoignage sur la prédication est proposé par Mme de Sévigné. En vérité, dans notre perspective, sa correspondance est intéressante à deux égards. Elle nous montre d’abord l’importance considérable de la prédication pour les hommes et les femmes de son temps. Elle évoque aussi les cohues et les bousculades qui se produisaient lorsque les plus célèbres prédicateurs prononçaient un sermon. Bourdaloue, surtout, drainait des foules immenses. Dès 1671, elle l’atteste de façon précise [20].

On comprend que, pour être sûrs d’avoir une place, certains avaient fait occuper leurs chaises depuis deux jours par leurs domestiques. Le succès de Bourdaloue durera plus de trente ans, sans jamais se démentir [21]. Le 27 février 1679, par exemple, Mme de Sévigné écrit à Bussy-Rabutin, lui raconte l’engouement que suscite le prédicateur à Saint-Jacques de la Boucherie et détaille les inconvénients qui en résultent :

Il fallait qu’il prêchât dans un lieu plus accessible ; la presse et les carrosses y font une telle confusion que le commerce de tout ce quartier-là en est interrompu. [22]

Le second aspect du témoignage de Mme de Sévigné concerne la substance et le rôle de l’éloquence sacrée. Dans sa lettre du 1er avril 1671, elle évoque un sermon de l’abbé de Montmor, qu’elle a beaucoup apprécié, loue les qualités de Bourdaloue, mais surtout pose cette question essentielle :

Comment peut-on aimer Dieu, quand on n’entend jamais bien parler de lui ? [23]

Il semble que tous les chrétiens cultivés du XVIIème siècle aient partagé cette interrogation, bien que Nicole ait composé un savant traité intitulé Des Moyens de profiter des mauvais Sermons [24]. Ces chrétiens attendaient beaucoup des prédicateurs, sans doute infiniment plus que nous n’en espérons aujourd’hui. En plus d’une heure, le sermon classique pouvait et devait développer tout un enseignement religieux, toute une catéchèse tant spirituelle que morale. Et quand nous lisons les œuvres des grands sermonnaires, nous sommes convaincus qu’ils y parvenaient pleinement. Évidemment le danger serait de croire que tous les prédicateurs étaient comparables à Bourdaloue ou Bossuet. Mme de Sévigné nous rappelle combien les sermons des curés pouvaient être ennuyeux, et elle plaint sa fille de devoir en entendre, dans sa province, « de si médiocres » [25].

On pourrait croire que l’épistolière porte sur les sermons des jugements purement littéraires et qu’elle prend essentiellement en considération leur valeur esthétique. Jusque vers les années 1680, cette thèse pourrait être soutenue, bien qu’elle paraisse déjà discutable : Mme de Sévigné n’oublie jamais qu’elle assiste à un discours chrétien. Mais à partir de sa conversion que R. Duchêne situe dans les années 1678-1680 [26], il est patent qu’elle considère aussi, et surtout, la valeur spirituelle des sermons. Il suffit de se rappeler les nombreuses lettres qui relatent les prédications de Bourdaloue, qui est son prédicateur préféré. Son choix n’est pas seulement justifié par la virtuosité oratoire du prédicateur, mais plus encore par un accord profond entre leurs positions théologiques – on dirait aujourd’hui leurs « sensibilités religieuses ». Bourdaloue est, en effet, le plus sévère des sermonnaires jésuites, le plus proche de la morale rigoureuse des augustiniens : Sainte-Beuve, en un raccourci audacieux, l’appelait « le plus janséniste des jésuites » [27]. Or cette sévérité enchante Mme de Sévigné [28].

Ces remarques ne doivent pas être interprétées comme des critiques, des refus de la rigueur du prédicateur ; tout au plus lui reproche-t-elle d’avoir énoncé ses vérités avec une véhémence un peu brutale. Mais sur le fond, elle est en accord total avec le prédicateur. Et, au fil des années, cette harmonie devient de plus en plus profonde. Le 5 février 1674, elle écrit à Mme de Grignan :

Le P. Bourdaloue fit un sermon le jour de Notre-Dame, qui transporta tout le monde ; il était d’une force à faire trembler les courtisans, et jamais prédicateur évangélique n’a prêché si hautement et si généreusement les vérités chrétiennes. Il était question de faire voir que toute puissance doit être soumise à la Loi, à l’exemple de Notre Seigneur, qui fut présenté au Temple : enfin, ma bonne, cela fut porté au point de la plus haute perfection, et certains endroits furent poussés comme les aurait poussés l’apôtre saint Paul [29].

Le 5 mars 1683, elle confirme sa prédilection pour le prédicateur jésuite :

Je suis entêtée du P. Bourdaloue. J’ai commencé dès le jour des Cendres à l’entendre à Saint-Paul ; il a déjà fait trois sermons admirables [30].

Quelques semaines après, elle persiste dans la même admiration :

Si nous n’avons pas bien fait nos Pâques, ce n’est vraiment pas la faute du P. Bourdaloue. […] [31]

En 1686, elle explique encore à Moulceau l’effet que continuent à produire sur elle les prédications de Bourdaloue :

Il m’a souvent ôté la respiration par l’extrême attention avec laquelle on est pendu à la force et à la justesse de ses discours, et je ne respirais que quand il lui plaisait de les finir, pour en recommencer un autre de la même beauté. [32]

En 1689, pour signifier la suprématie incontestable de Bourdaloue sur tous ses confrères, elle l’appelle « le Grand Pan » [33].

Une telle admiration est partagée par nombre de contemporains, mais le cas de Mme de Sévigné est particulièrement intéressant parce que Bourdaloue a vraiment supplanté auprès d’elle son directeur, M. Hopines. On sait que, dans toute sa correspondance, elle ne mentionne ce dernier qu’une fois, pour évoquer sa mort, et pour l’évoquer assez cavalièrement :

C’était un bon homme, un bon docteur, de fort bonnes maximes, mais ses manières étaient si grossières que j’avais beaucoup de peine à les supporter. [34]

Il n’est pas très difficile de comprendre que le véritable directeur de la marquise fut en réalité Bourdaloue, ainsi que les autres prédicateurs, qu’elle écoute si passionnément. On voit donc, à travers son exemple, quelle place essentielle la prédication pouvait tenir dans la vie spirituelle de certains chrétiens du XVIIème siècle.

Le dernier exemple sera développé plus succinctement. Il s’agit de La Bruyère et de ses Caractères. Quand il désire consacrer un livre à l’analyse des « mœurs de ce siècle », La Bruyère réserve tout naturellement un chapitre à la prédication [35].

Ce chapitre est d’abord un manifeste en faveur de la prédication évangélique. La prédication évangélique, appelée aussi apostolique, populaire ou « à la cordelière », voulait se rapprocher de l’antique homélie, simple commentaire du texte de la Bonne Nouvelle. S’autorisant de l’exemple des Pères de l’Église primitive, les partisans de l’homélie réclament un retour à la simplicité : le discours doit sembler improvisé et doit surtout être porté par l’ardeur et l’enthousiasme de la foi. La Bruyère se rallie spontanément à cet idéal. Mais il constate que son choix est en contradiction totale avec le goût de son époque :

Le temps des homélies n’est plus ; les Basiles, les Chrysostomes ne le ramèneraient pas ; on passerait en d’autres diocèses pour être hors de la portée de leurs voix et de leurs familières instructions. Le commun des hommes aime les phrases et les périodes, admire ce qu’il n’entend pas, se suppose instruit […]. [36]

Il suffit, pour apprécier ces lignes, de rappeler que tout au long de l’époque classique les partisans de la prédication évangélique et ceux de la prédication mondaine s’affrontèrent avec véhémence. Mais la frontière n’est pas absolument nette entre les deux styles : La Bruyère apprécie Bossuet et Bourdaloue, qu’il appelle « maîtres dans l’éloquence de la chaire », mais s’en prend à leurs pâles émules [37] qui ont perverti l’éloquence chrétienne et en ont fait un exercice purement intellectuel, une performance rhétorique :

L’orateur fait de si belles images de certains désordres, y fait entrer des circonstances si délicates, met tant d’esprit, de tour et de raffinement dans celui qui pèche, que si je n’ai pas de pente à vouloir ressembler à ses portraits, j’ai besoin du moins que quelque apôtre, avec un style plus chrétien, me dégoûte des vices dont l’on m’avait fait une peinture si agréable. [38]

Ce paragraphe oppose très nettement les deux styles, et l’on voit clairement où se portent les préférences de La Bruyère. Parfois, il est même encore plus féroce :

L’orateur cherche par ses discours un évêché ; l’apôtre fait des conversions : il mérite de trouver ce que l’autre cherche. [39]

L’explication de cette sévérité est simple : La Bruyère, chrétien augustinien, considère que les prédicateurs mondains trahissent leur mission :

Le discours chrétien est devenu un spectacle. [40]

Assurément, cette contamination du sacré par le profane constitue pour lui une sorte de sacrilège :

L’on fait assaut d’éloquence jusqu’au pied de l’autel et en présence des mystères. [41]

Comment expliquer cette réticence du moraliste devant les sermons académiques ? C’est que sa spiritualité a une couleur très particulière : cet augustinien, que J. Calvet décrit comme un « chrétien ombrageux et atrabilaire, sorte d’Alceste en religion et en morale » [42], a un idéal religieux remarquablement austère. Le résumé de sa condamnation de la prédication mondaine repose sur un argument très intéressant :

Cette tristesse évangélique qui en est l’âme ne s’y remarque plus. [43]

Même si le mot tristesse a ici le sens de « gravité », plutôt que le sens actuel, le choix de l’expression tristesse évangélique est révélateur. Comme tant de chrétiens du XVIIème siècle, La Bruyère définit la spiritualité chrétienne en termes de rigueur, de sévérité, de gravité. C’est la saveur augustinienne de sa foi qu’il nous dévoile ici.

En tout cas, l’intensité même de ce débat entre les partisans de l’éloquence mondaine et de la prédication évangélique démontre la vitalité de la prédication en France, au XVIIème siècle. Ce n’est pas un genre mort, mais tout au contraire un art d’une richesse étonnante, servi par des orateurs de grand talent, et suivi par des auditeurs passionnés.

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Au terme de ce rapide survol, il faut bien reconnaître les lacunes de cet exposé. Tout d’abord, il rend mal compte de la diversité de la prédication du Grand Siècle. Les prédicateurs eux-mêmes savaient diversifier leurs discours et adapter leurs prestations en fonction de leurs auditoires. Le P. Le Jeune le dit nettement :

Un bon prédicateur prêche aujourd’hui fort doctement à la ville, et demain au village fort populairement [44].

De même, J. Truchet rappelle que Le Jeune ne prêchait pas uniformément dans toutes les villes ; il mettait à part celles où il y avait des Parlements, donc des fidèles plus cultivés et même plus savants. Enfin, chaque paroisse avait « ce que nous appellerions aujourd’hui son standing et par conséquent son langage et même ses thèmes de sermons. Il faudrait encore parler de Paris, la Ville par excellence, de la cour, et aussi des établissements religieux, eux-mêmes extrêmement variés » [45].

Tenter une synthèse était donc une entreprise périlleuse et trop ambitieuse. Cependant l’essentiel est de souligner quelques lignes de force.

Tout d’abord, la prédication est un genre ambigu, traversé par une tension fascinante : c’est un discours écartelé entre ses deux natures : spirituelle et mondaine. Tout le XVIIème siècle rappelle qu’annoncer la Parole de Dieu est une mission éminente : le ministère de la chaire vient immédiatement après celui de l’autel, et la prédication est une sorte de huitième sacrement. L’analogie entre l’Eucharistie et la prédication a été développée, par exemple, par Bossuet dans le Sermon sur la Parole de Dieu :

Là Jésus se fait adorer dans la vérité de son corps ; il se fait reconnaître ici dans la vérité de sa doctrine […]. De l’un et de l’autre de ces endroits est distribuée aux enfants de Dieu une nourriture céleste […]. Par le même Esprit et encore par la puissance de la parole divine doivent être secrètement transformés les fidèles de Jésus-Christ pour être faits son corps et ses membres [46].

La prédication est donc d’abord une sorte de sacrement de la Parole.

Mais elle est aussi, au XVIIème siècle, une cérémonie mondaine et un genre littéraire, avec les excès et les insuffisances que cela implique. Le mérite des grands prédicateurs est d’avoir tenu parfaitement compte de ces deux aspects : ils ont servi la Parole de Dieu, comme on sert la messe, et ils ont su trouver les tons, les styles et les mots qu’il fallait pour toucher les auditeurs, pour leur faire entendre le message des Écritures. Au fond, leur position est exactement celle de Pascal écrivant son apologie de la religion chrétienne et réfléchissant sur l’utilité des ressources offertes par la rhétorique profane : ce sont des moyens humains, trop humains, mais nécessaires pour atteindre les auditeurs, remplis eux-mêmes de faiblesse humaine.

Les grands prédicateurs, sur ce point, sont tous d’accord : sans tomber dans des outrances déplacées, l’orateur chrétien doit s’efforcer de composer les discours les plus instructifs et les plus attrayants possibles. En cela, ils sont bien fidèles aux idéaux du classicisme : instruire et plaire doivent toujours aller de pair.

On comprend que la prédication ait été considérée alors comme le sommet de l’art, comme le plus sublime des genres littéraires. Si l’on analyse cette considération de plus près, on en trouve aisément trois justifications principales.

En premier lieu, l’éloquence – qu’elle soit profane ou religieuse – est l’un des seuls genres à parcourir les cinq parties de la rhétorique : invention, disposition, élocution, mais aussi mémoire, puisque l’auteur doit savoir son texte pour ne pas être prisonnier de ses notes, et enfin action, mot qui désigne l’interprétation du discours, la présence de l’orateur qui communique efficacement avec les auditeurs par la prononciation, la gestuelle, la convenance du ton [47].

La prédication, comme nous l’avons déjà évoqué rapidement, est aussi au croisement de deux grands arts classiques : l’art d’écrire et l’art de dire. J. Truchet l’a parfaitement définie comme « un art à deux temps » [48]. L’éloquence classique est ce lieu où fusionnent l’écrit et l’oral, où l’oral emprunte à l’écrit la fermeté de sa structure et où l’écrit emprunte à l’oral la fluidité rythmique de ses inflexions.

Enfin la prédication est ce genre où se rejoignent la parole des hommes et la Parole de Dieu. C’est le sens de cette appellation que le XVIIème siècle lui donnait couramment : l’éloquence sacrée. Prêcher n’était pas un acte anodin, dont on pouvait s’acquitter en quelques minutes, par quelques phrases religieusement correctes : cela ne suffisait pas, à une époque où l’on parlait du ministère de la Parole pour désigner le devoir de prêcher, et de bien prêcher.

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La prédication fut donc, au Grand Siècle, cette institution à la fois sociale et religieuse qui amena des hommes de talent à exprimer avec force et beauté les exigences de la Loi et la profondeur de leur Espérance.

Il y aurait sans doute à réfléchir longuement sur cette époque fascinante, « le Siècle de Louis XIV », qui fut simultanément celle de Bossuet et celle de Rancé. Elle se définit assez bien par cette oscillation permanente entre la parole et le silence. Et cette tension se retrouve au cœur même de la prédication. L’orateur chrétien sait en effet que le langage humain est essentiellement insuffisant, incapable de dire Dieu, incapable de communiquer la totalité de Dieu, incapable de révéler plus qu’une parcelle déformée de la vérité de Dieu. Depuis la chute et depuis Babel, le langage humain ne sert plus qu’à exprimer la distance infinie entre l’homme et Dieu, la rupture tragique entre la créature et le Créateur. C’est pourquoi la prédication apparaît à notre temps comme une entreprise étrange : depuis Mallarmé, la modernité ne cesse de réfléchir sur l’impossible rapport entre le mot et l’être. Le poète s’assigne la mission de formuler son incapacité à nommer l’être, son incapacité à dire autre chose que le vide, l’absence et le silence. C’est la définition même de l’acte poétique de Mallarmé :

Évoquer, dans une ombre exprès, l’objet tu par des mots allusifs, jamais directs, se réduisant à du silence égal [49].

Il ne s’agit plus maintenant que de « faire du silence avec le langage » [50]. C’est pourquoi, très logiquement, la prédication est devenue obsolète, engloutie dans le silence de notre époque si avide de bruits et de fracas.

Mais les chrétiens de l’âge classique croyaient, comme Pascal, que, par Jésus-Christ, les hommes ont été définitivement rendus « capables de Dieu » [51]. Dès lors, le mystique, par son silence, et le prédicateur, par sa parole, ont ce pouvoir de rétablir la communication entre les hommes et Dieu. Le prédicateur n’est qu’un intermédiaire, qu’un porte-parole de l’Esprit-Saint. C’est ce que Bossuet explique si bien dans l’Oraison funèbre d’Anne de Gonzague :

Arrêtons-nous ici, Chrétiens ; et vous, Seigneur, imposez silence à cet indigne ministre, qui ne fait qu’affaiblir votre Parole. Parlez dans les cœurs, Prédicateur invisible, et faites que chacun se parle à soi-même. Parlez, mes Frères, parlez : je ne suis ici que pour aider vos réflexions [52].

Ces phrases résument toute la théologie de la prédication classique. On y voit la rencontre de la grâce (qui intervient dans les cœurs pour vivifier la parole entendue) et de la volonté des auditeurs (qui reçoivent l’appel à la conversion). Le discours éloquent devient un moment de véritable effusion de l’Esprit.

Ainsi, on ne saurait comprendre ni évaluer l’importance de la prédication au XVIIème siècle en la réduisant à une pratique mondaine. Elle est aussi un exercice spirituel et témoigne exemplairement de ce souci d’authenticité et de rectitude, de la profondeur de la vie intérieure qui caractérisent alors les milieux cultivés.

Assurément, le siècle de Louis XIV mérite bien d’être appelé « le temps des beaux sermons » [53].

Jean-Pierre Landry, Agrégé de lettres modernes, docteur d’État ès-Lettres avec une thèse consacrée à « La Prédication de Bourdaloue. Rhétorique et Morale ». Professeur à l’Université Jean Moulin-Lyon 3 ; Directeur du GADGES (Centre de recherche en littérature française des XVIème et XVIIème siècles).

[1] J. Calvet, La Littérature religieuse de François de Sales à Fénelon, Paris, Del Duca, 1956, p. 321.

[2] Voir Voltaire, Le Siècle de Louis XIV, dans Œuvres historiques, éd. R. Pomeau, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1957, p. 1180.

[3] Œuvres complètes, éd. des Religieuses de la Visitation, Annecy, 1892-1935, t. XII, p. 299-325.

[4] La Prédication de Bossuet. Etude des thèmes, Paris, Le Cerf, 1960, t. I, p. 20.

[5] J. Calvet, op.cit., p. 285.

[6] Sur l’histoire et l’origine de cette expression, devenue un véritable lieu commun, voir E. Griselle, Bourdaloue. Histoire critique de sa prédication, Paris, Société française d’Imprimerie et de Librairie, 1901, t. I, p. 352-353.

[7] H. Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France depuis la fin des guerres de religion jusqu’à nos jours, Paris, Bloud et Gay, 1913, titre du tome II.

[8] Sur ce point, voir A. Kibedi Varga, Rhétorique et Littérature. Étude de structures classiques, Paris, Didier, 1970.

[9] Les exemples les plus célèbres sont sans doute le Panégyrique d’Athènes par Isocrate et le Panégyrique de Trajan par Pline le Jeune.

[10] Bossuet, Œuvres oratoires, éd. Lebarq, revue par Urbain et Lévesque, Paris, Desclée de Brouwer, 1914-1926, t. II, p. 316-341.

[11] Les grands personnages faisaient souvent don de leur cœur à une congrégation qui leur était particulièrement chère. Le Grand Condé fit don de son cœur aux Jésuites : c’est pourquoi nous avons plusieurs Oraisons funèbres du Prince de Condé, dont celle prononcée à Notre-Dame, devant le catafalque, par Bossuet, et celle prononcée « sur le cœur » dans l’église des Jésuites, par Bourdaloue. La comparaison des deux textes est d’ailleurs fort instructive (nous nous permettons de renvoyer à notre étude « Les Oraisons funèbres du Grand Condé par Bossuet et par Bourdaloue : éléments pour un impossible parallèle », dans Thèmes et Genres littéraires aux XVIIème et XVIIIème siècles, Mélanges en l’honneur de Jacques Truchet, Paris, P.U.F., 1992, p. 43-50).

[12] Ainsi nommait-on le premier dimanche après Pâques, dont l’Introït (chant d’entrée) commence par les mots « quasi modo geniti infantes » (1 P 2,2).

[13] E. Griselle, « Le plagiat dans la prédication ancienne », Revue de Lille, sept-oct. 1900, p.4. L’attribution à Boileau est très discutable ; quant à l’abbé Roquette, on ne sait s’il faut l’identifier avec Gabriel de Roquette (1626-1707), futur évêque d’Autun, ou avec son neveu, qui entreprit une carrière de prédicateur.

[14] P. Jacquinet, Des Prédicateurs du XVIIème siècle avant Bossuet, Paris, Eugène Belin, 1863, p. 200-201.

[15] Journal des Savants, samedi 1er septembre 1692, éd. de Paris, p. 408. Cité par E. Griselle, Bourdaloue. Histoire critique de sa prédication, op.cit., t. I, p. 29.

[16] Ces œuvres figurent toutes dans Migne, Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés, Paris, 1844, 99 vol. (+ 1 vol. de tables, Paris, 1892) au t. XVII, col. 839-1282, au t. XVIII et au t. XIX.

[17] J. Truchet, « Jeux de l’oral et de l’écrit dans la littérature française du XVIème siècle », XVIIème Siècle, oct-déc. 1993, n° 181, p. 751.

[18] Sur ce point, nous nous permettons de renvoyer à notre étude : « Bourdaloue : l’établissement du texte et ses problèmes » dans Bossuet. La prédication au XVIIème siècle, Paris, Nizet, 1980, p. 69-79.

[19] Voir P. Zoberman, Les Panégyriques du Roi, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, Paris, 1991.

[20] Cf. supra p. 20. La citation est extraite de : Bourdaloue, Correspondance, éd. R. Duchêne, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1974, t. I, p. 202 (Lettre du 27 mars 1671).

[21] Il prêcha à Paris de 1669 à 1704. Sa dernière station à la cour étant l’Avent de 1697.

[22] Op.cit., t. II, p. 644.

[23] Op.cit., t. I, p. 207.

[24] Essais de Morale, Paris, Guillaume Despez 1733 (1ère éd., 1671), Rééd. Slatkine Reprints, Genève, 1971, t. III, p. 366-395.

[25] Lettre à Mme de Grignan du 19 février 1690, op. cit., t. III, p. 840.

[26] R. Duchêne, Madame de Sévigné, coll. « Les écrivains devant Dieu », Paris, Desclée de Brouwer, 1968.

[27] La citation se lit dans : Sainte-Beuve, Port-Royal, éd. Leroy, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1953, t. I, p. 653.

[28] Cf. supra p. 31. Lettre du 29 mars 1680, op.cit., t. II, p. 887.

[29] Op.cit., t. I, p. 692.

[30] Lettre à Guitaut du 5 mars 1683, op.cit., t. III, p. 103.

[31] Lettre à Guitaut du 20 avril 1683, op.cit., t. III, p. 108. La citation est complétée infra p.81, dans l’article de Christophe Bourgeois.

[32] Lettre du 3 avril 1686, op.cit., t. III, p. 247-248.

[33] Lettre du 28 mars 1689, op.cit., t. III, p. 562.

[34] Lettre à Mme de Guitaut du 26 novembre 1693, op.cit., t. III, p. 1019.

[35] Chapitre XV, De la Chaire.

[36] La Bruyère, Les Caractères, ch. XV, « De la Chaire », éd. R. Garapon, Paris, Classiques Garnier, 1962, § 5, p. 447-448.

[37] Op.cit., XV, § 25, p. 453.

[38] Op.cit., XV, § 9, p. 449.

[39] Op.cit., XV, § 21, p. 452.

[40] Op.cit., XV, § 1, p. 445.

[41] Op.cit., XV, § 2, p. 445.

[42] La Littérature religieuse de François de Sales à Fénelon, op.cit., p. 335.

[43] Les Caractères, op.cit., XV, § 1, p. 445.

[44] De l’incrédulité punie par le déluge universel, dans Migne, op.cit., t. IV, col. 573.

[45] J. Truchet, La prédication de Bossuet, op.cit., t. I, p. 24.

[46] Bossuet, Œuvres oratoires, op.cit., t. III, p. 619-620.

[47] Sur ce point, voir G. Molinié, Dictionnaire de rhétorique, Paris, Librairie Générale de France, Le Livre de Poche, 1992, p. 35-39.

[48] J. Truchet, « Jeux de l’oral et de l’écrit dans la littérature française du XVIIème siècle », art. cit., p. 753. L’auteur se réfère au titre de l’ouvrage d’H. Gouhier, Le théâtre et les arts à deux temps, Paris, Flammarion, 1989.

[49] Variations sur un sujet, Magie, dans les Œuvres complètes, éd. H. Mondon, et G. Jean-Aubry, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1945, p. 400.

[50] J.-P. Sartre, Orphée noir, dans Situations III, Paris, Gallimard, 1949.

[51] Pascal, Pensées, fr. 690 (éd. Sellier) ; fr. 444 (éd. Lafuma).

[52] Bossuet, Oraisons funèbres, op. cit., p. 288.

[53] F. Bluche, La vie quotidienne en France au temps de Louis XIV, Paris, Hachette, 1984, p. 102.

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