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Introduction à la vie dévote. (François de Sales)

Mis en français contemporain par le P. Didier-Marie Proton, Paris, Cerf, « Trésor du Christianisme », 2007, 544 p.
Paul-Victor Desarbres

L’Introduction à la vie dévote fut un succès dès sa parution en 1609. L’ouvrage composé par saint François de Sales est un traité de spiritualité qui a pu apparaître comme un des éléments les plus importants dans la constitution d’une « école française » de spiritualité au XVIIe siècle, ainsi que le rappelle le P. Didier-Marie Proton dans une introduction brève et efficace, quoique cette école soit également fort redevable à des conceptions italienne et espagnole de la spiritualité.

L’Auteur a cherché à mettre en français contemporain ce chef-d’œuvre de la vie spirituelle trop peu lu, dans un évident et louable souci d’accessibilité. Ce genre d’entreprise est d’autant plus périlleux que la langue de l’Introduction à la vie dévote est somme toute proche de la nôtre, malgré bien des différences de détail. Plus que d’une traduction, il s’agit donc d’une transcription, qui reste fidèle au texte, nous dit-on. On se pose néanmoins la question, vu les obligations du genre, de savoir si cette transcription n’est point trahison.

À vrai dire, à regarder le détail, on pourra s’étonner çà et là qu’un même mot « aspirer », soit tantôt rendu par « désirer », tantôt par « aspirer », et se demander si cela était bien nécessaire. On trouvera aussi, entre autres minuties, que le passage du « grand Augustin » au « grand saint Augustin », de même que la translation de « l’époux sacré » en « l’époux du Cantique des cantiques » aurait dû faire l’objet de notes et relève davantage de l’explication que de la traduction. D’autant plus que l’ouvrage est agrémenté d’un index des personnes citées et d’un index thématique fort commode. Toute translation entraîne certains partis pris, et François de Sales n’est pas le premier auteur à faire l’objet d’une telle démarche.

On aurait pu sans doute souhaiter une édition annotée en détail. Mais cette lacune n’enlève pas à ce travail sa qualité, ni son prix. La lettre de la transcription respecte l’esprit du texte original, qui est donc, de fait, désormais accessible à qui n’a pas fait assez de lettres. Si le spécialiste regrettera certaines saveurs perdues, certains charmes évaporés, on ne doute pas que d’autres y trouveront leur compte quant à la substance et on espérera que cette nouvelle version contribuera à la diffusion d’un livre dont le contenu, lui, n’a certes pas vieilli.

Paul-Victor Desarbres, Paul-Victor Desarbres, né en 1985, est actuellement élève à l’ENS (Ulm) et titulaire d’un mastère en Lettres classiques.

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