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L’esprit de silence

Benedictus

L’esprit de silence a pour finalité principale d’établir l’âme dans une relation de foi avec son Créateur : amour et confiance filiale. Il a aussi pour but, ou plutôt comme première manifestation de son efficacité, d’instaurer une harmonie entre l’âme du fidèle et le reste de la création : les autres humains, les animaux, les végétaux, les êtres inanimés de la nature, ou les produits de l’activité humaine, artistiques ou mécaniques. Dans cette recherche de l’harmonie avec le reste du monde, une place privilégiée est tenue par la relation avec les autres croyants : d’abord les frères et sœurs dans la foi en Jésus-Christ, puis les membres des autres religions, en premier lieu juifs et musulmans, qui adorent le Dieu unique, enfin les hommes et femmes de bonne volonté, qui cherchent à connaître le vrai et à faire le bien. En chacun de ces frères et sœurs en humanité, en effet, l’Esprit Saint habite, selon des modalités que Dieu seul connaît, en sorte qu’ils sont des temples de Sa divinité.

La nature est aussi un lieu privilégié du silence : dans le crissement des feuilles, le pépiement d’un oiseau, le cri lointain d’une marmotte, Dieu se révèle, à la fois omniprésent et infiniment discret. La nature est ainsi le lieu où nous pouvons placer notre être au diapason de l’Etre de Dieu, dans ce qu’Il veut bien nous révéler de Lui. Les puissances de notre être s’apaisent devant Lui, dans la mesure où nous laissons d’abord le monde qui nous entoure exister comme créé, exister comme nous-mêmes, au même titre que nous-mêmes, devant Sa face. Nécessaire humilité de la créature, qui se perçoit comme telle dans la solidarité avec tout le reste de la création, vide et néant, ou plutôt infime parcelle d’être devant l’Être infini.

De cet ineffable gémissement de l’univers créé, jaillit bientôt un cri de louange : c’est le premier bienfait du silence que de reconnaître la bonté de ce monde qui existe, à côté de moi, comme moi, devant Lui. Louange et silence vont de pair, en sorte que même les êtres inanimés semblent chanter leur créateur.

Au fidèle de Jésus-Christ, le silence de ses pensées et de ses actes intérieurs et extérieurs fait encore plus que de communier à la louange de la création : il conduit à la méditation des grands événements de la vie de Jésus-Christ, mystère de Dieu se révélant à l’homme. Le silence n’est plus simple passivité pour une union au Dieu tout-puissant, il entre dans le mouvement même de la divine philanthropie, du dessein bienveillant de Dieu pour sa créature humaine. Il partage alors dans ce mystère la charité agissante du Père, à la fois infiniment respectueuse de la liberté de l’homme, et profondément assoiffée de son bonheur. Le silence du croyant contemple le silence de Jésus seul dans la montagne, à prier pour que le règne de Dieu arrive, et il tire de cette contemplation la force de marcher à la suite de son Maître sur le chemin du don de soi, de la rencontre des autres, de l’amitié avec son Dieu.

Réalisation : spyrit.net