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Le Christ gnostique

P. Michel Gitton

Ce n’est pas par hasard que les productions émanant des milieux gnostiques du IIe siècle de notre ère connaissent de nos jours un tel regain d’intérêt, la fascination exercée par l’Évangile de Judas, lors de sa publication en 2006, n’a fait que rappeler ce qu’avait été la curiosité suscitée naguère par l’Évangile de Vérité ou l’Évangile de Thomas, peu à peu traduits et vulgarisés après leur découverte dans la cache de Nag Hammadi en 1945 [1]. L’interprétation « gnostique » de la figure du Christ rejoint en effet celle qui prédomine aujourd’hui chez nos contemporains, prêts à croire n’importe quelle histoire sur Jésus pourvu qu’elle se démarque de la présentation qui a eu cours pendant des siècles dans l’Église catholique.

Qui sont les gnostiques ?

Le gnosticisme est un courant de pensée aux contours imprécis qui bourgeonne, aux premiers siècles de l’ère chrétienne, en marge du christianisme et du judaïsme. Prenant appui sur les textes que juifs et chrétiens reconnaissent dès cette époque comme inspirés, les gnostiques proposent une interprétation carrément en décalage, nourrie d’une pensée philosophique faite d’un dualisme métaphysique fondamental, qui dévalue les réalités de la chair et de l’histoire, au profit de l’ « esprit ». Il s’agit d’une vaste mythologie, mise au service d’une mystique du salut, envisagée comme libération, du monde et de la matière.

Au sens large, on parle de courants gnostiques, dès avant le christianisme, dans certains milieux juifs, dont ceux qui ont peut-être donné naissance au mandéisme [2]. On aperçoit dans le Nouveau Testament même des réactions à des positions de type gnostique, par exemple chez saint Jean qui met en garde contre des hérétiques qui « divisent Jésus », face auxquels il convient de confesser « Jésus venu dans la chair » (1 Jn 4,2-3). Malgré tout, c’est au deuxième siècle que le gnosticisme proprement dit prend forme. On est relativement bien renseigné par les écrivains ecclésiastiques de cette époque sur les fondateurs des différentes sectes gnostiques, dont certains semblent avoir d’abord exercé des fonctions dans la grande Église (Valentin, Marcion). Le gnosticisme a continué au moins jusqu’au IVe siècle à animer des groupes variés, de plus en plus marginaux par rapport à l’Église, dont la littérature a été miraculeusement conservée dans diverses collections de manuscrits retrouvées en Égypte. Avec la naissance du manichéisme, religion organisée dont le fondateur, Mani (216-276 environ), a été nourri des doctrines gnostiques, la gnose a connu un nouveau développement, mais aussi des prolongements à la fois liturgiques et institutionnels qui lui manquaient jusque là. Par là, elle a inspiré toute une mouvance, qui s’est prolongée beaucoup plus longtemps, durant tout le Moyen-Age et jusqu’aux temps modernes (Bogomiles dans le monde byzantin, Cathares en Occident, puis toutes les formes d’ésotérisme para-chrétien, qui ont fleuri à la Renaissance et à la période des Lumières).

La gnose, comme première hérésie chrétienne, présente un caractère radical, il ne s’agit pas d’un aspect particulier de la foi, c’est tout son équilibre global qui est en cause, mais, pour cette raison même, la falsification est difficile à cerner. Sur bien des points, la gnose parait s’inscrire dans une présentation traditionnelle, marquée par un certain archaïsme, avec des images et des titres que la réflexion systématique n’a pas encore investis. En riposte, la grande Église a dû se livrer à un effort de synthèse inédit (le plus remarquable étant celui de saint Irénée de Lyon), et les communautés se sont munies de confessions de foi, destinées à préserver de la réinterprétation gnostique l’unité de l’histoire du salut, c’est-à-dire la conviction que c’est un seul Dieu et Père qui est à l’origine de la Création et du Salut, qu’il y a une seule « économie » se déployant dans l’histoire d’Israël, dans le Christ et dans l’Église.

Quels sont leurs rapports à l’histoire de Jésus ?

Le gnosticisme « classique » fait une large place au Christ, mais c’est une place étrange, qui n’a pas peur par exemple de l’identifier au serpent de la Genèse (3,1), venu désabuser l’homme et l’aider à échapper aux interdits d’un Dieu inférieur, le « Démiurge » (artisan), qui a dicté la Loi dans l’intention de maintenir l’homme dans une sujétion mauvaise [3].

Le Christ est le héraut et le symbole d’une libération intérieure : immergé dans un monde livré à la dissemblance, il vient en cachette, pour rendre à l’homme sa dimension spirituelle, en s’unissant à la Sagesse, qui s’est métamorphosée en prostituée, il vient libérer le principe intérieur que les puissances mauvaises n’ont pas su reconnaître, mais cherchent à maintenir en esclavage.

La pensée gnostique est une pensée mythique, dans la mesure où elle n’accorde aucun crédit à l’histoire. Tous les évènements de l’histoire du salut sont donc réinterprétés en termes « spirituels » : l’Incarnation est la visite d’un principe supérieur avec une apparence humaine, la Croix est la victoire dérisoire sur les Puissances qui croient avoir emprisonné la Lumière, au moment où le Christ véritable se rit des tourments infligés à son apparence humaine et leur échappe, la Résurrection et l’Ascension sont la résurgence du principe spirituel prenant le dessus sur la matière et réintégrant le ciel sa patrie. Ce qui compte avant tout ce ne sont pas des faits, mais une compréhension, une connaissance (d’où le nom de gnose donné au mouvement). Aussi la doctrine gnostique a-t-elle largement utilisé la forme des « évangiles » attribués fictivement à tel ou tel apôtre, voire à d’autres personnages de l’entourage de Jésus (comme Marie Madeleine), où le cadre narratif sert de prétexte à de longs discours développant les positions de la secte.

On s’aperçoit vite qu’aucune information sérieuse sur le personnage historique de Jésus n’a transité par eux. A l’inverse, ils dépendent largement des évangiles synoptiques et surtout de saint Jean dont ils imitent souvent le style méditatif et reprennent le vocabulaire. Une seule exception : l’Évangile de Thomas, qui, outre des allusions très claires à des paroles de Jésus connues par la tradition synoptique, contient quelques maximes de frappe évangélique qui ne figurent pas dans nos textes canoniques, mais qui pour la plupart sont connues par ailleurs (ce sont ce qu’on appelle des agrapha, paroles non écrites, dont on a quelques bribes chez les Pères de l’Église et dans diverses sources contemporaines). Ils ne bouleversent guère ce qu’on sait par les évangiles, soit par exemple la maxime suivante : « celui qui est près de moi est près du feu, celui qui est loin de moi est loin du Royaume [4] », qui ne tranche pas avec d’autres propos évangéliques et pourrait avoir été prononcée par Jésus [5]. Mais ceci est exceptionnel.

La capacité de traiter le matériau évangélique comme un donné disponible, dont on peut infléchir le sens à volonté caractérise profondément la littérature gnostique. Là où l’Église, depuis l’origine, s’est sentie tenue à une transmission fidèle des sources reçues des « témoins oculaires » et des « serviteurs de la Parole » (Lc 1,2), le gnostique, bénéficiaire d’une révélation spirituelle, ne se sent pas lié à la lettre. Celle-là est même suspecte et entachée de judaïsme, ce n’est pas l’Évangile « spirituel », mais une nourriture pour les « psychiques », c’est-à-dire les non-initiés, qui ignorent la connaissance véritable. C’est ainsi que Marcion remodèle le Canon des Écritures en éliminant non seulement tout l’Ancien Testament, mais encore l’Évangile de Matthieu, jugé par lui trop judaïsant.

Examen de quelques textes

Pour aider à entendre ce que la gnose dit du Christ, il nous faut peut-être plonger dans cette littérature difficile, afin d’en saisir la tonalité profonde. Trois exemples suffiront.

On a dit que l’Évangile de Thomas a pu véhiculer quelques bribes de tradition authentique, mais celles-ci sont mêlées à des « dits » qui manifestent une toute autre orientation, dont on voit vite la provenance. Prenons par exemple le logion 114 qui termine la série : « Simon Pierre dit (à Jésus) : Que Marie sorte de parmi nous, car les femmes ne sont pas dignes de la Vie. Jésus dit : Voici que je la guiderai afin de la faire mâle, pour qu’elle devienne, elle aussi, un esprit vivant semblable à vous, mâles. Car toute femme qui se fera mâle entrera dans le Royaume des cieux » [6]. La gnose a développé la vision d’une féminité dégradée (celle de la Sagesse déchue), là où l’Adam céleste a conservé la perfection primitive. Dans la Pistis Sophia (autre grand texte gnostique), Marie-Madeleine sent cet homme intérieur en elle-même et, s’identifiant à lui, elle comprend tout [7].

On pourrait encore citer un passage de la Lettre de Pierre à Philippe dans laquelle on assiste à une apparition du Christ sur le mont des Oliviers, qui n’est pas sans évoquer l’enseignement de celui-ci au moment de l’Ascension (Ac 1,4-8), elle est d’ailleurs suivie d’une sorte d’envoi en mission qui rappelle - mais d’assez loin - le début des Actes des Apôtres : « montée » ( !) des Apôtres à Jérusalem et présence dans le Temple, guérisons multiples, discours de Pierre, don de l’Esprit (ou plutôt d’un Esprit), dispersion pour annoncer le Seigneur, non sans une ultime apparition de Jésus. Or le discours prêté au Christ se présente comme une sorte de récapitulatif des thèses gnostiques en réponse à une prière des Apôtres déconcertés par l’opposition qu’ils rencontrent. Jésus y fait référence à son enseignement passé « lorsque j’étais dans le corps », soulignant par là que cette étape pédagogique est finie et dépassée [8].

Dans l’Apocryphon de Jean, il est question de trois venues du Christ préexistant qui s’enfonce de plus en plus avant dans le royaume des ténèbres, sans que celles-ci puissent jamais le retenir (souvenir de Jn 1,5 : « la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point arrêté »). Seule la troisième semble concerner l’Incarnation :

« je vins encore une troisième fois, (moi qui) suis la Lumière qui existe dans la Lumière, je suis la mémoire de la Pensée Première, de manière à pouvoir entrer au milieu des ténèbres et à l’intérieur de l’Hadès. Et je remplis ma face de la lumière de l’accomplissement de leur temps (leur « éon », le temps qui leur est assigné). Et j’entrai au milieu de leur prison, qui est la prison du corps [9]. Et je (leur) dis : Celui qui entend, qu’il se lève de son profond sommeil. Et il pleura et versa des larmes. Ce sont des larmes amères qu’il essuya de ses yeux et il dit : Qu’est-ce qui m’appelle par mon nom ? Et d’où me vient cette espérance, pendant que je suis dans les chaînes de la prison ? Et je (lui) dis : Je suis la Pensée Première de la pure lumière ; je suis l’activité pensante de l’Esprit virginal qui vous fais monter à la place d’honneur. Debout et rappelez-vous... » [10].

Cette troisième venue se termine par un départ pour l’au-delà (l’éon parfait), où le Christ entraîne l’homme. Le thème de la descente cachée du Christ qui traverse incognito les sphères célestes avant de remonter, et celui de l’interpellation d’Adam détenu dans l’Hadès, ont un antécédent judéo-chrétien [11], mais il est ici traité de manière typiquement gnostique.

Supériorité des sources canoniques

L’attitude gnostique se caractérise donc par une utilisation détournée des sources évangéliques, reçues de la tradition ecclésiale : car la doctrine gnostique suppose bien sûr connue la figure de Jésus, Messie, Sauveur, thaumaturge, enseignant, etc..., qu’elle n’a pu trouver de toute évidence que dans le Nouveau Testament, mais en même temps elle se croit autorisée à en donner une interprétation autre que celle qui a présidé à la composition de celui-ci, en disqualifiant la source dont elle ne cesse pourtant pas de dépendre.

Ce rapport occulté à la source caractérise toutes les gnoses qui, au fil des siècles, ont prétendu mieux connaître Jésus que ses disciples, au moment même où elles puisaient dans la lettre des évangiles des éléments censés appuyer leur thèse. Seule la science positiviste du XIXe siècle a pu donner une apparence de légitimité à cette position, en distinguant les faits de leur interprétation et en prétendant les traiter séparément, comme s’il avait pu exister un Jésus historique, laïque, neutre par rapport à toute interprétation, et qu’on atteindrait en amont de la tradition interprétative de l’Église au prix d’une opération chirurgicale qui distinguerait l’histoire et la légende, mais cela même est un mythe, qu’il a bien fallu finir par reconnaître [12]. Il est étrange qu’il renaisse aujourd’hui.

On ne se trompera pas en disant que le point décisif où le gnosticisme se démarque du christianisme apostolique est précisément celui de l’histoire dans l’interprétation de la figure du Christ. Il est clair que, pour le Nouveau Testament, à toutes les phases de son développement, il y a des évènements reçus comme tels (et d’abord la Résurrection) qui sont censés fonder la foi des chrétiens. Leur réalité factuelle importe donc, car « si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide et vide aussi votre foi. Il se trouve même que nous sommes de faux témoins de Dieu, car nous avons porté un contre-témoignage en affirmant que Dieu a ressuscité le Christ alors qu’il ne l’a pas ressuscité » (1 Co 15,14-15).

Ce qui fait pour nous, Modernes, la difficulté et nous empêche de voir tout de suite la différence, c’est que l’évènement affirmé ne nous est accessible, au niveau des textes évangéliques, qu’enrobé dans son interprétation. Nulle part nous ne pouvons accéder au fait « brut », sans le voir déjà pris dans le réseau d’une lecture croyante, qui mobilise des références explicites et implicites à l’Ancien Testament. Mais ce trait n’est pas en lui-même étonnant, toute conviction forte face à une réalité vécue véhicule nécessairement les deux [13]. Et surtout il faut reconnaître que, dans le cas des évangiles canoniques, ce sont les évènements qui commandent l’interprétation, et non pas l’inverse. Nous ne sommes jamais, ou presque jamais, [14] dans le cas où le récit serait, comme dans la gnose, l’illustration de certaines croyances préalables. D’abord parce que la nouveauté du rôle imparti au Christ ne connaît aucun véritable préalable, la conjonction paradoxale des figures du Messie, du Serviteur, du Fils de l’Homme, etc…, est impensable dans les perspectives de la littérature antérieure, seul l’évènement de la Mort - Résurrection a pu le rendre crédible. Et, d’autre part, l’attitude de foi mise en lumière dès le début chez les croyants se caractérise par l’accueil respectueux d’une initiative divine dont on n’est pas maître. Loin de la suffisance hautaine du gnostique qui tranche et réinterprète à volonté, le disciple du Christ se reconnaît débiteur d’un « dépôt » (1 Tm 6,20) dont il respecte le détail, sûr d’avoir là un trésor de vie. Et, encore une fois, ce dépôt n’est pas fait d’abord d’idées, mais il se veut mémoire d’évènements dont on découvre de plus en plus la prodigieuse fécondité. Le concept de midrash employé à tort et à travers dans l’étude des traditions évangéliques, pour tenter de démontrer un certain jeu dans l’interprétation, devrait faire place, à notre avis, à la notion de pésher (lecture actualisante des prophéties anciennes à la lumière d’évènements récents) : ce genre de lecture (attestée dans les textes de Qumran, mais aussi ailleurs) suppose l’existence de faits constatables qui viennent corroborer les antiques prophéties, sans eux le pésher est sans objet, alors que l’enseignement d’un livre comme celui de Tobie sur la valeur de l’hospitalité reste vrai même si l’histoire est controuvée. La pointe est dans le « c’est arrivé ! » et non dans une position morale ou métaphysique. Et, d’une certaine manière, tout le christianisme est là.

A y regarder de près la dogmatique que l’Église a édifiée progressivement, en partie pour faire pièce à la gnose, est une manière de préserver l’historicité du salut. Sous des concepts d’allure philosophique, il a fallu ouvrir la pensée grecque, qui, dans sa première rencontre avec le donné biblique, avait tenté de le digérer et de le ramener le mal à une péripétie de la nature.

D’un autre côté, la lecture chrétienne de la figure du Christ est la seule qui permette d’assumer sans complexe notre dette vis-à-vis des seules sources à même de nous renseigner sérieusement sur le Christ. Nous avons vu que la gnose et tous ses héritiers modernes sont obligés d’occulter leur dépendance vis-à-vis des données évangéliques et d’y puiser des bribes d’informations tout en en refusant la lecture obvie. Saint Irénée l’a dit magnifiquement : « Ce n’est pas par d’autres que nous avons connu l’économie de notre salut, mais bien par ceux par qui l’Évangile nous est parvenu » [15]. Il a ainsi mis en lumière l’accord qui existe nécessairement, en régime chrétien, entre le contenu de la foi et la forme de sa transmission. Le premier n’est pas un message indépendant, là où l’Église ne serait que le medium contingent qui en ferait parvenir des éléments jusqu’à nous. En se confiant aux hommes dans l’Incarnation, Dieu s’est livré sans déperdition à eux, il a voulu tout à la fois nous faire connaître son salut et le moyen d’en profiter et les mêmes apôtres qui ont été les témoins autorisés des actes et des paroles de Jésus continuent par leurs successeurs à garder l’Église dans la fidélité à ce point de départ.

C’est ainsi qu’on peut comprendre que les textes que l’Église a retenus sur des critères avant tout théologiques (la conformité à la doctrine apostolique) se révèlent après coup avoir aussi la plus grande exactitude au plan historique. Cette conjonction atteint sa plus nette expression dans l’Évangile johannique, puisque celui-ci, si rempli par ailleurs d’une méditation très haute sur le mystère du Christ, contient les précisions géographiques et historiques les plus fiables. Et ce n’est pas un hasard. Seule la certitude d’avoir bénéficié d’un don inouï de Dieu permet d’en garder pieusement les traces.

Conclusion

La gnose a d’emblée révélé le péril d’une dissociation entre la foi et l’histoire qui ne cesse de se présenter comme une tentation pour les chrétiens. Le rapport si particulier qui existe dans la foi de l’Église entre la mémoire des évènements et leur interprétation croyante reste un sujet d’étonnement, il est proprement sans exemple dans l’histoire de la pensée religieuse et philosophique, même s’il a un fondement très clair dans l’expérience d’Israël. Notre époque est peut-être en train de le redécouvrir, et il y a là certainement la source d’un renouveau pour l’intelligence, après les ravages du positivisme et de l’idéologie.

P. Michel Gitton, ordonné prêtre en 1974, membre de la communauté apostolique Aïn Karem.

[1] Plusieurs de ces textes, notamment l’Évangile selon Thomas, sont maintenant accessibles dans les Écrits apocryphes chrétiens dans la Bibliothèque de la Pléiade, I, 1997.

[2] Les Mandéens forment un groupe ethnique et religieux très original, encore existant aujourd’hui, qui remonterait, selon certains, à Jean-Baptiste, il se serait formé en Palestine au Ier siècle de notre ère, sans lien avec le christianisme primitif. Chassés de Jérusalem par les juifs en raison de leurs croyances hétérodoxes, ils se seraient alors réfugiés en Mésopotamie (jusqu’à la fin du IIIe siècle), avant d’essaimer au sud de l’Irak actuel et du Khouzistan iranien. Leur nom vient de « manda », la connaissance, celle-ci aurait été initialement une gnose juive, non sans connaître par la suite des influences chrétiennes. Certains éléments la rattachent également aux anciennes conceptions babyloniennes. Les Mandéens pratiquent une sorte de baptême par immersion totale. Leurs croyances sont dualistes.

[3] Irénée, Contre les Hérésies, I, 30, 15.

[4] Ev. Thomas, logion 82 (éd. de la Pléiade I, p. 49). La phrase est connue d’Origène et de Didyme l’Aveugle.

[5] Démonstration dans J. E. Ménard, L’Evangile selon Thomas (Nag Hammadi Studies V), Leyde 1975, p. 182-184.

[6] Éd. de la Pléiade, I, p. 53.

[7] Cf. Schmidt-Till, Koptisch-gnostiche Schriften (GCS 45), Berlin 19593, p. 189, § 8 et suiv.

[8] Ed. J. E. Ménard, La Lettre de Pierre à Philippe, Coll. Bibliothèque copte de Nag Hammadi/ Section « Textes », Québec 1977.

[9] Allusion classique au jeu de mot platonicien sôma (corps) / sêma (tombeau), cf. Gorgias 493a ; le thème de la geôle (phroura) apparaît dans Phédon 62b.

[10] J.M. Robinson ed., The Nag Hammadi Library in English, Leyde 1996, p. 122-123.

[11] J. Daniélou, Théologie du judéo-christianisme, Paris 19912, p. 264 et suiv. Pour la descente cachée, cf. Ascension d’Isaïe, 10, 7-12 ; 11, 16-17, = Ecrits apocryphes chrétiens, Bibliothèque de la Pléiade, I, 1997, p. 538-539 ; 543 ; pour l’interpellation d’Adam aux enfers, cf. Ps. Epiphane, PG 43, 452. 461-464.

[12] C’est le mérite de Rudolf Bultmann d’avoir pris acte de l’impossibilité de dissocier les données factuelles des évangiles de la « forme » ecclésiale dans laquelle ils étaient transmis, mais c’est au prix d’un renoncement complet à tout accès à l’histoire de Jésus.

[13] Les travaux de H.I. Marrou (De la connaissance historique, Paris 1964) et de J. Guitton (Jésus, Paris 1956) sont sur ce point toujours d’actualité.

[14] On pourrait soutenir que certains des « signes » qui sont donnés pour marquer l’instant de la Mort du Christ en Mt 27,51-53 relèvent plus de l’imagerie des évènements eschatologiques que de faits réellement constatés.

[15] Contre les hérésies III, 1,1.

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