Rechercher

Le Seigneur est mon berger. Le Psaume 22 lu par les Pères. (Collection « Les Pères dans la foi »)

Collection « Les Pères dans la foi » / Lire les Psaumes / Migne / Flavigny, 2008
P. Michel Gitton

La collection Les Pères dans la foi, qui nous donne régulièrement des traductions appréciées d’œuvres patristiques, nous fournit aussi, à côté des volumes consacrés à un auteur, des publications donnant des commentaires d’auteurs différents autour d’un thème ou d’un texte biblique. C’est le cas cette fois-ci avec le Psaume 22 (« le Seigneur est mon berger »), sur lequel on nous offre la traduction commentée et annotée de sept commentaires patristiques des plus intéressants : Didyme l’aveugle (un disciple alexandrin d’Origène), Grégoire de Nysse, Diodore de Tarse (un auteur antiochien), Théodoret de Cyr (autre antiochien), Augustin, le Pseudo Chrysostome (œuvre connue par le latin, dont il n’est même pas sûr qu’il ait existé un original grec), Cassiodore (un Latin de la fin de l’époque patristique). A part Augustin et Grégoire de Nysse, la série met donc en valeur des auteurs assez peu connus. On remarque par contre l’absence d’Origène et d’Ambroise qu’on aurait pu attendre. L’idée qui a guidé ce choix est de faire sentir la différence entre les Grecs (plus « mystiques ») et les Latins (généralement plus « pratiques ») et, à l’intérieur des Grecs, entre les Antiochiens (plus soucieux d’exégèse littérale et de sens historique) et les Alexandrins (plus portés à l’allégorie). Mais ces distinctions sont loin d’être toujours pertinentes et si Diodore de Tarse veut appliquer par priorité ce psaume à la situation des Juifs revenant de l’exil, son continuateur Théodoret n’a pas peur des interprétations allégoriques, qui le réfèrent au chrétien dans son ascension spirituelle.

C’est finalement là le principal apport des Pères, que de donner du psaume une lecture fine, qui met en lumière un chemin de sainteté (dix bénédictions, comme il y a dix commandements, d’après Théodoret), depuis la situation de la brebis marchant à la suite de son Seigneur, jusqu’à l’invité à la table de l’Époux. Le contexte est nettement sacramentel : les eaux du repos sont celles du baptême, qui inaugure la marche en avant du croyant, jusqu’à l’onction du saint chrême et à la coupe de bénédiction, qui marquent la pleine admission dans l’intimité du Christ.

P. Michel Gitton, ordonné prêtre en 1974, membre de la communauté apostolique Aïn Karem.

Réalisation : spyrit.net